CHAPITRE 26

219 28 2
                                    


Je sursaute et dépose in-extremis le téléphone sur la table basse comme si de rien n'était.

A force de tergiverser, je n'ai même pas entendu la porte de la salle de bain s'ouvrir.

Imbécile. Trouve une excuse. Vite.

— Ça vibrait...Je l'ai simplement déplacé.

— Ah oui ? dit-il en haussant les sourcils.

Enzo se penche et attrape son téléphone. Il défile les notifications et son regard passe du mien à l'écran. Son sourire s'élargit avant de glisser l'appareil dans son short.

A-t-il lu ce que j'ai vu ? Merde, j'aimerai vraiment lui demander ce qu'elle lui a envoyé. Mais j'ai peur qu'il s'imagine des choses. Du genre qu'il me plait et que je ne le déteste pas tant que ça. C'est faux bien évidemment.

—Je pensais que les vibrations c'était ton truc.

QUOI ?! Qui lui a dit ?

Je lui balance un coussin en prenant bien soin de viser sa tête — un peu trop fière à mon goût — , mais il l'esquive aisément et rit de plus belle.

Il m'agace.

— Je ne suis pas venu ici pour subir ton harcèlement sexuel, je le préviens.

— Harcèlement sexuel ?

— Quand tu force les filles à écouter tes cochonneries et que tu les obliges à supporter tes regards insistants, ainsi que tes mains baladeuses. Tu appelles ça comment, toi ?

Son expression change du tout au tout. Son regard se fait lourd et l'atmosphère pesante.

Il n'était pas comme ça hier. Il plaisantait...il...Bref. Mes railleries ne font plus mouche, ou du moins pas dans le sens que j'espérais.

Va-t-il s'en prendre à moi ?

Il se rapproche de moi, s'installe là où se trouvait son téléphone plus tôt, et réduit l'espace qui nous sépare de plus en plus. Un peu trop. Comme l'autre fois dans les coulisses. Or, la position dans laquelle je me trouve ne me permet pas de lui retourner un coup magistral comme j'ai pu déjà en donner. La seule chose que je parviens à faire, c'est de m'étirer le plus possible en arrière, à deux doigts d'écrabouiller mon dos sur le visage endormi de Louis.

Il est de plus en plus près de mon visage, son regard est plein de désir et de férocité à la fois. Animal et brute.

Alors que nos lèvres sont à deux doigts de se frôler, il sourit, se redresse et éclate de rire, me laissant dans la position la plus inconfortable au monde: en bascule juste au-dessus du nez de mon ami.

Je me rehausse à mon tour, complètement perdue quant à la tournure des événements.

Il vient d'essayer de m'embrasser, non ?

Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Non pas que j'aurais aimé. Mais surtout, pourquoi rit-il ?

J'aimerais bien lui poser toutes ces questions, mais il est pris d'un fou rire interminable. Ce mec doit être bipolaire. Ça m'étonne, d'ailleurs, que Louis ne soit toujours pas réveillé avec toute la nuisance sonore que l'on fait depuis tout à l'heure.

Quelques instants plus tard, après avoir expiré longuement et recueilli au coin de son œil une larme solitaire, son attention se reporte de nouveau vers moi, le regard sérieux.

Il est bipolaire.

— Arianne.

Mon prénom qui résonne dans cet appartement silencieux m'affecte. Sa voix me donne des frissons. De peur ? De plaisir ? Je ne sais plus moi-même.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant