CHAPITRE 17

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Vrr... vrr...

Vrrr... VRR...

Je me réveille, agressée par les vibrations de mon téléphone juste à côté de mon oreille.

Punaise, qu'est ce que j'ai mal au crâne !

Je coupe l'appel.

— Une petite heure de plus sivouplé..je marmonne en rabattant la couette sur ma tête.

Je ferme mes yeux, espérant retrouver le sommeil éternel. Du moins, jusqu'à ce que j'arrive à décoller mes yeux et faire disparaître ce tambourinement incessant dans ma tête.

Mais à peine mes paupières se rabattent que le téléphone vibre de nouveau, et je suis obligé d'y répondre. Techniquement non, rien ne m'y oblige, mais mon père m'a toujours répété « Si c'est important, la personne rappellera ou laissera un message vocal ». Pas de message vocal ce coup-ci, mais en vu son insistance, je suppose que c'est assez urgent. Du moins, je l'espère pour la personne qui vient de perturber mon sommeil.

Je cherche mon téléphone à l'aveuglette sur le drap encore chaud, puis décroche d'une voix rauque, à l'extrême limite de la féminité.

— Oui ?

— C'était bien de baiser avec Enzo ?

Quoi ?

Je tiens mon téléphone à bout de bras, et plisse les yeux pour savoir qui m'agresse de si bon matin. Le temps que mes neurones se connectent je n'ai même pas pris la peine de m'en intéresser plus tôt. C'est Yamina. Et elle n'a pas l'air très contente. Elle sait pourtant que je ne suis pas du matin... Je regarde l'heure sur l'écran. Oh merde, il est déjà quinze heures. J'ai dormis combien de temps ?

— Ce silence en dit long. J'en reviens pas que tu ais pu me faire ça.

— Yamina, attends deux secondes — je replace correctement l'appareil à mon oreille — . De quoi tu parles, bordel ?

Elle lâche un rire agacé.

— Arrêtes de faire l'innocente. J'ai tout vu. Les regards, la danse... Et je sais que t'as pas dormi chez toi. Alors pourquoi tu fais la nana qui n'est au courant de rien ? As-tu si peu de dignité ? Admet-le que t'as couché avec lui et que tu le kiffes, au lieu de faire la nana indifférente, qui pète plus haut que son cul.

Je n'arrive vraiment pas à remettre les choses dans leur contexte, mais le ton qu'elle emploie ne me plait pas. De quoi elle parle ? Une danse ? Qu'est-ce qu'il s'est passé cette nuit ?

Des brides de souvenirs me reviennent. Je suis sorti avec Louis et Yamina, un mec chiant qui s'appelait Enzo se trouvait être mon client et aussi l'ami d'enfance de Louis. On a bu, on a dansé, j'ai croisé Charly et sa pute et puis Louis m'a...OH MON DIEU. Ça me revient.

La chaleur, la danse , son corps contre le mien, et son souffle dans mon cou...le coup dans les couilles aussi. Une rafale de souvenir me claque à la figure, et la honte me submerge malgré moi. Qu'est-ce qu'il m'a pris d'agir comme une dépravée ? J'ai bu à en vomir, j'ai dansé devant des centaines de personnes complètement bourrée, et j'ai frappé le mec que ma copine voulait se taper. J'ai beau me repasser en accéléré les événements de la veille, rien ne va. Je comprends pourquoi Yamina en a après moi.

— Je suis désolé, ce n'était pas censé se passer comme ça. Si ça peut te rassurer, il ne s'est rien passé entre lui et moi. Je l'ai repoussé.

— T'es fière d'être celle qui l'a tej c'est ça ? rajoute-t-elle hargneusement.

— Ecoutes, j'ai pas la tête à me prendre la tête dès le réveil. Je t'assure que je n'ai rien fait avec lui ! J'étais même persuadée que tu étais rentrée avec lui.

— Non, je ne suis pas rentré avec lui. Vu que ma meilleure amie vivait le parfait amour sur scène avec. Vraiment Arianne, je ne te croyais pas capable de voler le mec des autres.

Le mec ? Parce qu'Enzo c'est son mec ? Il faut qu'elle redescende d'un étage de temps en temps.

— Attends, t'es vraiment rentrée toute seule en étant alcoolisée ?

— Ne t'inquiètes pas pour ça, et ne change pas de sujet. T'as passé la nuit avec qui, si ce n'est pas Enzo ? Louis m'a appelé pour savoir si je t'avais eu au téléphone mais je n'ai vu les appels que ce matin. Pourquoi t'es parti sans les prévenir ? Louis t'aurait ramené chez toi.

Je commence à m'énerver, et ça m'agace davantage de l'être quand j'ai ce foutu mal de crâne.

— N'inverse pas les rôles. C'est toi qui est parti comme une furie. J'étais inquiète. Tout ceci n'est qu'un pure malentendu. Essaye de faire preuve de bonne foi Yamina.

— Tu ne peux pas me dire ça, Arianne. Si les rôles avaient été inversés ça ne t'aurait pas plu non plus. Remplaces Enzo par Charly et je suis certaine que tu aurais eu la même réaction que moi.

— Ne compares pas l'incomparable. Je fréquente Charly depuis un an, alors qu'Enzo, tu le connais aussi bien que moi, si je ne le connais pas mieux, je lâche furieuse. Et puis surtout, je ne t'aurai pas laissé toute seule !

Moi au moins je sais que c'est un connard. Elle, elle s'imagine encore que c'est le prince de ses rêves. Il faut qu'elle se réveille, merde.

— J'espère bien que tu ne m'aurais pas laissée toute seule. Louis c'est ton pote, pas le mien.

Sauf que ça t'arrange bien d'aller à ses soirées et de ne jamais rien payer. Je garde cette réflexion pour moi. Il ne s'agirait pas que je réveille toute la maison en me disputant violemment avec ma meilleure amie.

— Bref, on tourne en rond, Arianne. Si t'es ni chez Enzo, ni chez Louis, tu es où ?

Elle est stupide ou quoi ?

— Mais je suis chez moi, putain !!

Je m'arrête subitement dans ma lancée.

Ma chambre à Santon ne possède qu'une seule grande fenêtre. L'architecture est assez ancienne et nous n'avons jamais reçu l'autorisation pour faire poser des stores. Je me contente de grands rideaux, qui laissent les rayons du soleil se glisser sur les côtés et caresser mon visage chaque matin. En revanche, la pièce où je me trouve est plongée dans un noir complet. Je ne saurais même pas déterminer où se trouve la porte, ni même les fenêtres, si toutefois il y en a.

Il fait beaucoup trop noir dans la pièce ... donc je ne peux pas être chez moi.

Un autre indice me met la puce à l'oreille quant à la non-conformité de ma chambre: l'odeur des draps...Ils sentent l'homme. 

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant