CHAPITRE 31

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Je me tiens droite, face au miroir de la salle de bain. A l'aide de mon doigt, je parcours mon visage. Je descend le long de mon nez en trompette, je continue sur mes lèvres en forme de cœur et je finis ma lancée sur ma mâchoire marquée. Je souris.

Tu n'es pas si vilaine, jeune fille.

Je poursuis avec mon corps, en attrapant à pleine mains mes seins. Ils débordent légèrement, mais pas suffisamment pour en faire une fierté.

Il serait mieux un peu plus gros quand même...

Je les malaxe comme un homme malaxerait son sexe une fois la main dans son caleçon. C'est, comment dire, relaxant.

Puis d'une main légère, je viens caresser le duveteux tissu qui emmitoufle mon bras. Une minuscule tache rouge se devine à travers, mais rien ne laissant supposer que le sang affluait comme un cours d'eau, pas plus tard qu'hier. J'éprouve encore une sensation de tiraillement et de chaleur. C'est rassurant, ça veut dire que mon organisme est en train de faire son travail. Et que le manège d'Enzo n'a pas été vain.

Aurait-il procédé de la même manière si la balafre avait été sur mon visage ? Se serait-il contenté de lécher la plaie, ou bien aurait-il inséré sa langue à l'intérieur de ma bouche, pour en faire une étude plus approfondie ?

Je me gifle.

Tais-toi.

A penser comme ça tu ne vaux pas mieux que lui, et surtout, tu lui donnes raison. Bien sûr que tu es une fille normale. Qui ne rêve pas un jour de trouver le prince charmant ?

Après avoir pris une douche en prenant soin de ne pas mouiller mon bandage, une douce odeur de lard fumé et d'oeufs brouillés vient me titiller les narines.

Je ne peux vraiment pas partir avant d'avoir mangé cette tuerie.

Je sors de la salle de bain, vêtue d'une robe légère et fluide rose claire, et d'un kimono transparent couleur pêche. J'ai attaché mes longs cheveux en une queue de cheval haute, afin de dégager mon visage, et j'ai opté pour un maquillage léger, juste histoire de dire que je ne me néglige pas malgré la situation. Je prends déjà suffisamment de réflexion quant à ma perte de poids.

Quand Louis m'aperçoit, il m'envoie un baiser.

Traduction: tu es exquise dans cette tenue.

— Aller beauté, viens t'installer.

Il me tire une chaise, comme un gentleman et nous prenons place en face du festin qu'il nous a préparé.

Comme je l'avais deviné, du lard et des œufs ornent mon assiette, ainsi que quelques morceaux de fruits que Louis a découpé soigneusement, du kiwi, de la pomme, et de la clémentine.

Il me serre dans un grand verre une boisson qu'il a préalablement mixée et je devine que c'est son fameux milk-shake banane-vanille. C'est tellement bon que je pourrais le lécher sur la tête d'un pouilleux.

Il a également toasté de la brioche au cas où je voudrais quelques tartines de beurre ou de Nutella.

Un vrai festin de roi.

— T'as intérêt à tout manger ! Attention, je suis prêt à faire l'hélicoptère si tu ne le fais pas.

— Tu n'auras pas besoin de le faire, voir tout ça m'a ouvert l'appétit !

Il me sourit et nous commençons tous les deux à manger.

C'est tellement bon que personne n'ose ouvrir la bouche pour parler, on entend seulement la télé qui diffuse le top 100 des tubes du moment.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant