CHAPITRE 15

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Moi, une séductrice ? C'est qu'il n'a pas encore vu Yamina à l'œuvre. Comment peut-il tirer un tel portrait de moi en m'ayant parlé trois fois ? J'y suis peut-être allé un peu fort, mais il le méritait quand même un peu. Je sais que la violence ne résout rien, mais c'était plus fort que moi. Papa serait peu fier de moi, mais sa phrase finale m'a tellement déstabilisé que je n'ai pas su comment réagir autrement.

"Pourquoi tu ne veux pas baiser avec moi, Arianne ?"

C'était déplacé. Mais ce n'est pas pour ça que j'ai surréagis. Ni parce qu'il me touchait. Enfin si, justement. C'est parce qu'il me parlait et me touchait en même temps.

Et que j'ai senti l'intérieur de mes cuisses s'humidifier.

Je ne peux pas accepter ça. Je préfère mille fois mieux le détester. C'est tellement plus simple comme ça. Mais si mon corps commence à faire des siennes, je crois que je suis dans la merde jusqu'au coude.

Je soupire longuement. J'ai choisi l'espace fumeur pour purger mes peines. Une grande bouffée d'air frais, c'est ça qu'il me fallait.

Heureusement, The Unbie n'a pas de fumoir intérieur comme dans la majorité des boîtes parisiennes, dont j'ai horreur d'ailleurs. Tu passes deux minutes là-dedans, tes yeux te brûlent, tu tousses comme une mamie à l'article de la mort , et le shampoing que t'as fait la veille n'a servi strictement à rien. Ici, je peux profiter d'un petit espace extérieur, délimité par de hauts murs derrière le bâtiment. Bondé à cette heure-ci, mais au moins la musique ne me braille pas dans les oreilles, et je peux me prélasser sur une chaise de jardin, que m'a gentiment céder une jeune femme.

Ce ne sont pas les pétasses qui squattaient notre carré VIP en début de soirée, c'est clair.

Je sens très vite le poids des regards sur moi.

Oui, c'est moi la nana qui a fait tourner les têtes sur scène.

Oui, c'est moi qui ai dansé avec Enzo Mohera.

Non, je ne suis pas sa partenaire dans Danse avec les Stars.

Non, je ne couche pas avec lui.

Je réponds intérieurement à toutes ces questions silencieuses que m'adressent les gens qui m'entourent, à la seule force de leurs expressions. C'est une discussion muette.

Certes, ils ont été époustouflés par la prestation pour la plupart, donc je lis de l'admiration et de la curiosité sur une multitude de visages. Mais sur d'autres, je peux également y lire de la rancœur. « Pourquoi elle ? », « Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi ? », « Est-ce que c'est une escorte ? », « Elle doit sûrement se taper le patron du club ».

Je crois que j'aimerai bien m'enterrer six pieds sous terre. Pourquoi est-il monter sur cette putain de scène ? J'aurai limite préféré que Louis débarque et fasse le guignol. J'ai l'air de quoi, maintenant ? Si ça se trouve, c'est même Louis qui est à l'origine de cette magouille. Il serait capable de tout pour foutre la rage à Yamina.

Du calme, Arianne. Les gens sont éclatés, ils vont dormir, et demain on entendra plus parler de toi.

J'essaie de me convaincre que ma soirée n'est pas partie en live, mais mon soupir d'exaspération en dit plus long que ce que je n'imaginais.

Enzo, je te déteste.

Tiens ? Depuis quand je l'appelle Enzo ? Son nom, c'est le connard. Point barre.

Ne le prends pas en pitié juste parce qu'il t'a appelé par ton prénom à plusieurs reprises, ok ?

La prochaine fois, je lui cogne la tête. Histoire qu'il oublie mon existence pour le restant de ses jours.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant