CHAPITRE 75

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Je passe le portail de l'hôpital Croix-Bosset, l'agent de sécurité check mon sac puis me laisse passer. Ça fait longtemps qu'il ne me demande plus où je me rend. Je suis devenue une habituée et je ne risque plus de me perdre, bien que l'hôpital soit une grande infrastructure. Il y a même un parc avec une fontaine où les patients aptes à se déplacer, peuvent venir se prélasser et nourrir les oiseaux.

Dès que j'entre dans le hall, je salue tout le monde. Je connais plus le personnel d'ici que celui de toutes les boîtes où j'ai pu faire la bringue à m'en retourner la tête.

Je croise Betty, l'infirmière blonde qui m'avait prise en charge avant que Lucy ne reprenne le flambeau. Toujours aussi radieuse. Après l'avoir salué brièvement de la main, je fonce droit vers l'ascenseur. Je plisse les yeux en croyant reconnaître au loin la silhouette qui entre à l'intérieur. Kayla ?

J'accélère le pas pour réussir à bloquer les portes. Mais je n'ai pas le temps de hurler son prénom que l'ascenseur est déjà en train de monter les étages.

Elle n'a même pas prévenu qu'elle venait aujourd'hui. En fait, elle fait plutôt la morte en ce moment. J'espère qu'il ne lui arrive rien de grave...

Enfin, je n'ai pas halluciné cette fois-ci, pas vrai ?

J'appuie sur la touche et regarde l'indicateur progresser jusqu'à l'étage 4, avant de redescendre au rez-de-chaussée.

Mais Papa est au 3.

Poussée par la curiosité, j'appuie sur le bouton numéro 4.

Elle ne doit pas être bien loin.

Dès que la cabine s'ouvre, je m'extirpe rapidement à l'extérieur et manque de bousculer une infirmière avec les bras chargés de dossiers. J'ai le réflexe de placer mes deux mains aux extrémités de la pile pour éviter qu'elle ne se retrouve par terre.

La pauvre, je lui ai fait une peur bleue.

— Que faites-vous ici, mademoiselle ? me demande-t-elle, agacée.

— Je viens de voir ma belle-mère monter à cet étage.

— Votre belle-mère travaille ici ?

— Pas du tout, elle travaille pour une entreprise internationale.

— Alors elle n'a rien a faire ici non plus. C'est un étage réservé au personnel. A quoi ressemble-t-elle ?

Elle vient tellement rarement ici que ça ne serait pas étonnant qu'elle se soit perdue.

— Petite, brune, la cinquantaine et un peu ronde, elle vient de monter à l'instant.

— Je n'ai pourtant vu personne de cette description monter.

Pourquoi tout le monde me prendre pour une folle ?

Voyant ma mine déçue, elle reprend, sur un ton beaucoup plus doux:

— Ne vous inquiétez pas, elle a dû s'égarer. Où vous rendiez-vous ?

— Mon père est hospitalisé au service cardiologie.

— Parfait ! Puis-je vous demander un peu d'aide pour porter ses dossiers ? J'ai été trop confiante et je ne suis pas sûre d'arriver à destination sans les faire tomber. Surtout si une autre jeune fille me rentre dedans.

Je lui souris, gênée, puis lui prends une bonne moitié des dossiers.

Que c'est lourd ! Je comprend qu'elle puisse me demander de l'aide.

Après avoir bien sécurisé ma prise en main, nous entrons dans l'ascenseur.

— Vous venez voir quelqu'un ?

— Oui, mon père. Erik Dantan.

— Ah oui, ce monsieur ! C'est le patient préféré du service cardiologie. Il met tout le monde de bonne humeur avec son humour bien trempé.

— Ça me fait plaisir d'entendre ça.

— Lucy est une bonne amie à moi. Elle est vraiment triste de ne plus s'occuper de lui.

— Comment ça ? Lucy ne s'occupe plus de mon père ?

— Vous n'êtes pas au courant ? Lucy s'est foulé le poignet il y a deux jours.

Tante Tiphaine ne m'en a pas parlé pourtant.

— Mince, souhaitez-lui un bon rétablissement de ma part. Mais qui s'occupe de lui alors ?

— C'est une nouvelle. Je ne l'ai pas encore croisé mais tout le monde ne parle que d'elle. Une beauté froide, mais surtout, très compétente. Comme je suis tombé sur vous, je vais peut-être en profiter pour faire un petit détour, glousse-t-elle.

L'ascenseur sonne, nous en sortons et je la suis sans trop savoir où nous allons. Nous passons devant la chambre de mon père mais nous arrêtons quelques portes plus loin.

L'infirmière toc à la porte du revers d'un doigt et on nous ouvre presque immédiatement. Un homme blond aux yeux bleus et en blouse d'infirmier nous gratifie d'un grand sourire.

— Bah alors Nath, c'est toi qui t'occupes du recrutement maintenant ?

Elle lui met les dossiers dans les bras.

— Je suis tombée sur elle par hasard, figure-toi que c'est la fille de Mr.Dantan.

Il me regarde plus en détail.

— Sérieux ? Eh bien, si elle a autant d'humour qu'elle n'est jolie, je suis sûr que les RH se feront un plaisir de lui signer un contrat immédiatement.

Je rougis et la moiteur de mes mains commence à faire glisser les documents hors de mes bras.

— Arrête Antoine, tu la gênes. Aide-la plutôt à se débarrasser de ses fichus papiers, c'est grave lourd. Et je ne parle pas que des documents.

L'infirmier se dépêche de déposer la première moitié sur la table, puis vient à mon secours en prenant la seconde moitié.

— Ouf, il était temps, s'exclame-t-il en déposant bancalement le reste des documents sur la table.

— Je reviens dans cinq minutes, j'accompagne la demoiselle dans la chambre de son père.

— Mais ce n'est pas toi qui est attribué à cette chambre.

— Justement.

Il lève un sourcil et sourit malicieusement.

— Oh, je vois. Je l'ai aperçu brièvement tout à l'heure. Même de dos elle est sexy. Je crois même que c'est celle qui porte le mieux l'uniforme.

— C'est ce qu'on verra.

Nath referme la porte derrière elle et je continue de la suivre. Comme si ça ne faisait pas des semaines que je viens quotidiennement ici.

On arrive devant la porte de mon père et c'est l'infirmière qui s'occupe de frapper à la porte avant d'entrer.

— Bonjour, je suis accompagnée de mademoiselle Dantan.

Mon coeur fait un bon quand je rentre dans la chambre 307.

— Bonjour.

Je reste figée devant la porte. Qu'est-ce que cette sorcière fait dans la chambre de mon père ? 

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant