CHAPITRE 82

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— Vous vous fichez de moi ?

Le Perroquet laisse échapper un ricanement puis tend une main vers son coéquipier, celui debout avec son crâne rasé à blanc. Il comprend le message et se déplace de quelques pas pour attraper un porte-document bien dodu. Il le donne à Mr.Perroquet qui semble dépassé par la situation.

L'investigateur ouvre le porte-document pour en sortir deux tas de feuilles bien distincts qu'il me fourre sous le nez.

— Le registre du personnel de l'hôpital de ce côté (il pose le dossier à ma gauche). Et ici, toutes nos recherches sur la firme dont vous nous avez parlé (il pose l'autre dossier à ma droite). Allez-y, je vous en prie.

Un sourire fier se dessine sur ses fines lèvres. J'avoue que pour cette fois, il a de quoi me déstabiliser. J'ai beau être sûre et certaine de ne pas avoir rêvé, il arrive à me rendre anxieuse avec son regard de flic.

A vrai dire, je pense que même le plus innocent des innocents se sentirait coupable de quelque chose rien qu'en franchissant les portes du poste de police. Alors imaginez si en plus on vous accuse de quelque chose et que la personne chargée de vous interroger est aussi aimable et froide qu'une porte de prison ? Ouais, c'est ce que je disais, angoissant.

Je le regarde dans le blanc des yeux, essayant de ne pas laisser paraître mes sentiments. J'agrippe le premier document avec hésitation, puis l'ouvre d'une main tremblante. Tous les noms — ou du moins en principe — du personnel de Croix-Bosset y sont inscrits, en passant de l'agent d'entretien au directeur de l'établissement. Pour qu'il n'y ait pas de confusion, ils ont joint la photo de chaque membre en face de chaque nom. C'est ingénieux, car elle pourrait très bien nous avoir donné un faux nom. Je dois donc me concentrer sur les images plus que les noms, ce qui me facilite bien la tâche.

En théorie seulement.

Je tombe sur le profil de Lucy et du Dr.Solar. Je souris car Lucy fait même la tête sur les photos. De toute façon, c'est une femme qu'il faut apprendre à connaître avant de l'apprecier. Pour ce qui est du Dr.Solar, il a des allures de grand chirurgien esthétique avec ses dents droites et blanches comme du linge. Mais j'avoue que sur l'instant, je me retiens de cracher sur le document.

Page après page, je ne trouve pas le profil qui m'intéresse le plus.

Aucune blonde aux traits nordiques.

Après avoir atteint la dernière page, je me remets à feuilleter le dossier.

J'ai dû passer une page, c'est obligé.

J'arrive au profil de Nath et d'Antoine, les deux employés que j'ai croisé la veille. Même Mr.Smith a été répertorié alors qu'il n'est là que depuis peu — et déjà cloîtré dans un lit d'hôpital. Alors pourquoi je ne trouve pas l'infirmière belle et compétente dont tout le monde parle dans l'établissement ? Ce n'est pas logique.

Je mordille ma lèvre et jette un regard nerveux à Mr.Perroquet. Il est concentré sur son stylo qu'il fait tournoyer entre ses mains depuis vingt minutes déjà.

Dans le plus grand silence, je poursuis ma lecture en attrapant le deuxième dossier, beaucoup plus léger. Pas besoin de beaucoup de pages pour prouver que l'entreprise pour laquelle Kayla travaille a fait faillite il y a vingt ans déjà.

A force d'avoir répété à tort à travers que Kayla est un ninja, me voilà dans de beaux draps. Elle n'est peut-être pas un ninja finalement, mais elle a suffisamment d'ingéniosité pour s'inventer plusieurs vies sans soulever le moindre doute chez son entourage. Et sa capacité à changer d'apparence complique encore plus les choses.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant