CHAPITRE 27

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J'ai opté pour la colline a des yeux, très glauque mais au moins je l'ai déjà vu, je serai donc moins surprise et Enzo n'en profitera pas pour jouer la carte du « Oh tu as peur ? Viens que je te protège » en glissant sa main là où il ne faut pas.

Enfin, c'est le scénario que j'avais envisagé. A la base.

Le connard s'esclaffe lorsque la moitié de la famille se fait sauvagement décimer par des mutants. Moi, je me fais pipi dessus. Je ne me souvenais pas que c'était aussi flippant. En plus, les mutants sont dégueulasses, on dirait des créatures mi-homme mi-monstre.

— Qu'est-ce qui est si drôle ? je bougonne, le cœur pulsant à vive allure.

— C'est si peu réaliste. Sans parler de la tête des démons...Très loin de la réalité.

— Ce sont des mutants. Pas des démons, je le contredis.

Il m'ignore et continue à rire.

Les minutes passent, et sans m'en rendre compte, ma main s'est naturellement accrochée au poignet de mon voisin qui ne semble pas s'en soucier le moins du monde. Je me serais bien caché le visage à la place mais Louis a pris le plaide et j'ai balancé le coussin sur Enzo tout à l'heure. Je ne veux pas bouger mes fesses de ce canapé pour aller le récupérer. Qui sait ? Peut-être que les enfants mutant vont m'attraper par le pied et me balancer par la fenêtre avant de manger mes boyaux. Enfin, ce qu'il en restera.

— Eh bien, pour un petit oiseau, t'en as de la force ! s'exclame-t-il le sourire aux lèvres.

Je retire immédiatement ma main de son poignet. Le joli contour de mes doigts se distingue sur sa peau malgré la pénombre. C'est moi qui ai fait ça ?

Gênée par sa remarque, je croise mes bras et m'enfonce plus profondément dans le canapé.

La mini source de réconfort que me procurait ce contact ayant disparu, je me retrouve les deux mains ballantes et un film terrifiant sur un écran qui prend la place de près de la moitié du mur.

Au moment où les mutants décident de s'en prendre au beau-fils, je cache mon visage avec mes mains. Les bruits sont horribles et ne laissent pas grand-chose à l'imagination.

— On peut s'arrêter si tu as peur, Arianne.

— Je n'ai pas peur, je déclare en retirant immédiatement mes mains.

Menteuse.

Malgré ma fierté imposante, je remets mes mains où elles étaient, et tente de regarder le reste du film en jetant un coup d'œil discret à travers les creux. Vous savez, la technique qui se veut rassurante, empêchant de sursauter, mais qui ne fonctionne jamais ?

Alors que j'essaye de dédramatiser, je sens qu'on caresse mes cheveux.

Tel un automatisme, mon coude part et vient taper dans les côtes d'Enzo qui émet un léger gémissement, surpris par mon soudain élan de violence.

— C'est pas parce que je me suis égaré quelques instants sur ton poignet que ça te donne l'autorisation de toucher mes cheveux !

— De quoi tu parles ? Je n'ai absolument rien fait.

Je le fusille du regard, puis nous revenons au film.

Quelques instants plus tard, je sens que ma menace n'a pas fait mouche car j'ai encore cette étrange sensation sur la longueur de mes cheveux.

— Enzo !

— Mais quoi ?!

— Mes cheveux !

— Ce n'est pas moi.

Nous regardons tous les deux le coupable potentiel.

Il fait semblant de dormir, mais plus pour longtemps.

J'arrache le plaide pour le balancer par terre mais Louis ne fait aucune protestation.

— Arrête de te foutre de nous ! je lui hurle dessus tout en le secouant sauvagement.

Celui-ci ouvre les yeux un à un et me dévisage.

— Arianne ?

Il se frotte les orbites et les ouvre un peu plus largement.

— Eh ben, t'en as mis du temps pour arriver, répond-il d'une voix brumeuse.

— Ça fait presque deux heures que je suis là. Bref, on s'en fout. Tu sais très bien que j'ai horreur qu'on me tripote quand je regarde un film d'horreur.

Il me regarde silencieusement, toujours la tête à l'ouest, comme quelqu'un qui vient de se réveiller...

— Tu te trompes de personne là, moi je dormais.

— Bah bien sûr. Si c'est pas Enzo et que ce n'est pas toi, alors c'est qui ?

— Le vent ? répond Louis.

— Tu te fous de moi ?

— Bah non regarde, la fenêtre est ouverte.

Il pointe la baie vitrée du balcon qui est grande ouverte.

— Non mais je sais quand même faire la différence entre une main et du vent.

— T'as peut-être halluciné ...? ajoute Enzo.

Peut-être bien que oui, peut-être bien que non, en attendant, je n'en ai pas moins la chair de poule.

Enzo se lève pour allumer la lumière et éteindre le film. Je me recroqueville sur le canapé, serrant mes genoux contre mon torse, la tête enfouie dans mes bras.

— Je ne vais pas pouvoir dormir de la nuit avec vos conneries ! je braille.

— Eh ! Louis se rapproche de moi et pose une main rassurante sur mon dos. On va fouiller l'appart' ensemble. Tu verras qu'il n'y a rien à craindre et que tu as juste flipper à cause du film.

— Je n'ai pas eu peur à cause du film !

Enzo pouffe et je le dévisage. Il vaut mieux qu'il ferme sa gueule celui-là.

— Ok, tu n'as pas eu peur pour le film. Mais là, t'es tellement stressé que personne n'arrivera à fermer l'œil. Viens par là, je vais te montrer que t'as rien à craindre.

J'attrape nerveusement la main qu'il me tend. Après tout, qu'est-ce qu'on risque à vérifier qu'on est bien que trois dans l'appartement ? 

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant