CHAPITRE 65

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Mon premier réflexe est de lâcher la main de Charly. Enfin d'essayer, étant donné que celui-ci me la serre comme si sa propre vie était en danger, comme s'il se trouvait au bord d'une falaise et que j'étais la seule personne à pouvoir le sauver. Dans pareille situation, nous serions tombés tous les deux, puisque Charly fait très certainement le double de mon poids. Mais pourquoi me serre-t-il aussi fort ? A-t-il senti que j'ai tenté de me dérober à son contact ?

Je regarde avec inquiétude Charly mais ce n'est pas mon léger égarement qui le soucis, si toutefois il s'en est rendu compte. Après tout, il est bien trop occupé à dévisager de son regard assassin le nouveau venu. Cet étranger. Car qui pourrait-il être d'autre qu'un étranger ? Les quelques fois où j'ai cru enfin le voir s'ouvrir à moi, je suis très vite tombé des nues. Même son ami d'enfance ne le connaît pas si bien que ça, en fin de compte.

Alors pourquoi cet étranger nous regarde ainsi ? Pourquoi fixe-t-il avec tant de haine nos mains entrelacées ? Et surtout, pourquoi je me sens piégée comme un lapin dans les phares d'une voiture ?

Ses yeux de glace passent de nos mains à nos yeux. Son regard douloureux rencontre subtilement le mien avant de venir défier ceux meurtriers de l'homme avec qui j'ai passé toute la nuit.

— Dégage.

La voix de Charly est si empreinte d'amertume que j'en ai des frissons. La dernière fois que je l'ai vu ainsi, c'était face à la jolie blonde de Chez Lolita. Et ça ne présume rien de bon. Enzo serait-il aussi dangereux pour moi que ne l'est la Nordique ?

— Ce n'est pas toi que je suis venu voir, c'est elle.

— Tu ne vois pas qu'on est occupé là ?

Enzo ravale sa salive bruyamment puis me fixe dans les yeux avec détermination.

— Malheureusement je vois, oui, lui répondit-il sans détourner le regard.

Pourquoi est-ce que je culpabilise ?

— Mais je dois quand même lui parler.

— Tu veux me défier ? grogne Charly.

— Pourquoi ? Tu n'as pas confiance en elle à ce point là ?

Piqué au vif, Charly resserre la pression sur ma main. S'il continue ainsi, il ne restera que des miettes de mes doigts.

C'est donc vrai ? Il ne me fait pas confiance ? Je devrais être triste, mais en vu des événements, je ne ressens pas l'envie d'en débattre ni le besoin de me justifier.

Charly m'observe à son tour longuement, cherchant des réponses que je n'ai pas moi-même.

— Est-ce que tu veux lui parler, Arianne ?

Est-ce une question piège ? Si je répond oui, va-t-il disparaître à tout jamais ? Et si je réponds non, est-ce qu'il commencera enfin à me faire confiance ?

— Je ne sais pas.

Et c'est vrai.

Parce que je pensais être enfin débarrassé de lui. Parce que j'étais persuadée que je ne le reverrai pas. Parce que je sais quel effet il a sur moi. Je sais que lorsqu'il me regarde avec autant de tendresse, et raison de plus, de douleur, je n'arrive pas à rester maître de ma raison.

Il faut que je me reprenne. Si j'ai pu me confronter à Yamina, je dois être capable de ne pas céder avec Enzo.

— Arianne, je te promets que je n'en ai pas pour longtemps mais il faut vraiment que je t'explique. Je m'en fou de ce que les autres pensent mais je veux au moins que toi tu saches.

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