CHAPITRE 13

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Je ne sais pas ce que je fais là.

Je sais que je joue clairement avec le feu... mais je n'en ai plus rien à foutre.

Je ne pense pas que j'ai pris la bonne décision... mais je suis bourrée alors...Je m'en fou de ce que Charly peut penser de moi.

Nan, je ne m'en fou pas.

Mais je vais m'en foutre au moins pour ce soir, et je me mettrai en PLS dans mon lit en rentrant.

En tout cas, il ne s'attend pas à ça, et puis, la brunasse non plus.

Il a quand même de superbes idées Louis. C'est quand même fou d'être obligé de se saouler la gueule pour s'en rendre compte.

Enfin, je dis ça, mais je le maudirais sans doute demain, quand j'aurais vu le désastre que je m'apprête à faire. En vue de mon taux d'enivrement, je me demande si je vais être capable de le faire. Qu'est-ce qui m'a pris de boire tout d'un trait ? Je suis une imbécile.

Vais-je être crédible ? Bon, au moins, je tiens sur mes deux jambes. Enfin, je crois ? J'ai l'impression que la musique est plus forte, et j'ai très chaud. Il est passé où mon manteau ? Ah oui. Louis voulait faire la Drag Queen et en plus, il les a toutes pécho !

— Louis m'a parlé de votre petit jeu, je suis venu t'encourager.

Je reconnais cette voix maintenant. C'est celle d'Ilyan.

Je lui souris brièvement. Il peut se les mettre où je pense ses encouragements.

Soudain, la musique s'arrête, et je comprends que c'est à moi de jouer.

Pony de Ginuwine retentit dans tout le club. Et c'est moi qui me retrouve sur scène devant des centaines de spectateurs. L'attention est instantanément dirigée vers moi. Je sens mes jambes trembler et mon pouls s'accélérer. Et si je me casse la figure en plein milieu de la chanson ? Bordel, pourquoi ai-je accepté ?

Non Arianne, ressaisis-toi, Louis te l'as dit, tu as fais de la danse, tu peux le faire. Montre-leur que t'es pas une tapette.

C'est toujours mieux que de me ridiculiser devant mon responsable. Nan, en fait, je suis conne. Là je vais me ridiculiser devant Charly, mais surtout devant tout le club.

Pourquoi s'attroupe-t-il tous autour de la scène ? Ils ne peuvent pas aller danser dans leurs coins ?

Dès les premières notes, je bouge mon corps de la façon la plus sensuelle possible, sans omettre les mouvements techniques qui différencient une performance de danseuse de celle d'une allumeuse. Très vite, les gens s'amassent autour de la scène. Je ne peux plus fuir.

Malgré le monde et la cadence de mes mouvements, j'arrive à discerner Charly et sa « petite copine » à travers la foule. Il est ébahi, mais plus que ça, il sourit, il me dévore, il me déshabille du regard.

Est-ce l'effet de l'alcool ? Un surplus de confiance en moi qui me crée de graves hallucinations ?

Non. Je ne rêve pas. Je le ressens à la façon dont il me regarde. A l'instant même où j'ai commencé à me déhancher sur scène, il ne restait plus que moi dans son esprit. Bye bye la Latina, regarde ce que je peux faire avec ce corps tout plat.

Je sens la chaleur monter en moi, et mes mouvements se font de plus en plus francs et aguicheurs. La température monte également dans le public qui se met à siffler et à hurler de plus belle. Certains couples se prêtent au jeu et dansent collés-serrés devant la scène. Il faut dire que c'est une chanson culte pour faire l'amour sensuellement et passionnément.

Au moment du refrain, les acclamations redoublent, me rendant euphorique. Mais je me rends compte très vite que ma chorégraphie improvisée n'en est pas la cause.

Alors que je fais face au public, une grande main vient se poser sur ma hanche et je sens une présence dans mon dos.

Le premier réflexe de n'importe qui, aurait été de se retourner brutalement, ou de s'écarter violemment de ce geste intrusif. Mais mon corps ne veut pas se dérober à cette pression sur mon corps. Pourtant, cela pourrait être n'importe qui. Mais l'état dans lequel mon corps et mon esprit se trouvent, efface toute cette peur de l'inconnu. L'intrus a clairement décidé de prendre part au show et de transformer ma petite prestation solo en duo sensuel.

Je ne sais pas ce qu'il fait derrière moi, mais les filles couinent et deviennent bientôt plus bruyantes que les garçons. Un gogo dancer en petite tenue ? Peut-être qu'ils ont trouvé un remplaçant de dernière minute pour la cracheuse de feu. La curiosité commence à me tirailler. Qui est-il ?

L'homme me saisit la main et en deux temps trois mouvements , je me retrouve cambrée en arrière, la tête dans le vide, un bras me soutenant le bas du dos, et ma cuisse repliée contre sa jambe, soutenue par sa main ferme et virile.

La lumière des projecteurs m'aveugle pendant une brève seconde et il me faut à peu près le double pour récupérer ma vue et enfin reconnaître mon partenaire.

Je reconnais ce sourire suffisant propre à lui. Ses yeux passent des miens à mes lèvres, dans un regard appuyé et vorace.

Le connard se réjouit de la situation mais moi, beaucoup moins. 

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant