CHAPITRE 35

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Ce sont les cinq secondes les plus longues de ma vie. Je sais pourtant pertinemment qu'il ne peut pas me voir, mais son regard est tellement déstabilisant que j'en oublie parfois de respirer.

Alors que Charly détaille mon « caprice de riches », il est interpellé par un serveur, chargé de deux plats.

— Voulez-vous que je revienne plus tard, le temps que madame revienne ?

— Elle ne reviendra pas. Mettez-le-moi à emporter.

— Bien, monsieur. Autre chose ?

— Déplacer mes couverts de l'autre côté s'il-vous-plaît. Je vous en remercie.

Une expression d'incompréhension s'affiche sur le visage du jeune serveur.

— Vous me demandez de déplacer votre table ?

— Non, simplement les couverts.

Le jeune s'exécute et Charly se déplace juste en face du « miroir ». On lui dispose le plat de tagliatelles sous ses yeux, avant de le laisser seul apprécier son repas.

Charly me fixe, enfourne une bouchée, puis me fixe à nouveau. Enfin, le miroir.

Il répète cet enchaînement deux ou trois fois avant de lâcher sa fourchette. Il mastique ses pâtes en analysant mon paravent d'un œil expert, bras croisés fermement contre sa poitrine.

Ce jeu de cache-cache n'est plus aussi amusant que tout à l'heure et je commence à suer.

Il n'a pas de laser infrarouge à la place des yeux quand même ?

Mon téléphone sonne au même moment.

Yamina.

Je coupe l'appelle sans même y répondre. Ce n'est vraiment pas le moment. Charly est à moins de trois mètres de moi, je ne peux pas prendre ce risque...

Mais elle rappelle. Une fois, deux fois.

Bordel Yamina ne me fais pas ça. Arrête de m'appeler, s'il-te-plaît.

Yamina: pourquoi tu raccroches ? Réponds-moi.

Bah peut-être parce que je suis occupée à me cacher de mon responsable, derrière un paravent, dans un restaurant cinq étoiles, tiens ?

Je commence à taper une excuse bidon sur le clavier quand elle appelle de nouveau.

Face à son insistance, je finis par décrocher, un goût amer dans la bouche.

— Ah bah enfin. Pourquoi tu fais la morte ? Tu ne m'as toujours pas rappelé depuis ta nuit chez l'inconnu.

— Écoute Yamina, c'est pas le moment là, je tente de chuchoter.

— Pourquoi ? Tu es en rencard ?

— Pas vraiment.

— Tu es avec Enzo ?

— Non.

— Tu peux me le dire tu sais, je ne t'en voudrai pas, ment-elle.

— C'est tout ce que t'avais à me dire ? dis-je en haussant un peu plus le ton.

— Quoi ? Mais non, je...

— Tu me gonfles, Yamina. Enzo par-ci, Enzo par-là. J'en ai rien a foutre de vos histoires. Si tu veux tellement le choper, fais-le, mais laisse-moi en dehors de ça. Je veux juste qu'on me fiche la paix, c'est clair ?

— Qu'est-ce qui te prend ?

— Bonne journée Yamina.

Et je lui raccroche au nez, un peu coupable du ton que je viens d'employer avec elle. Si elle n'était pas aussi vache, quand elle s'y met aussi...

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant