CHAPITRE 41

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Arrivés sur le périphérique, nous reprenons une allure adéquate au code de la route.

Il a grillé combien de feu... ? Deux ? Trois ?

Et les flics ne sont évidemment pas là pour faire leur travail... Bon, voyons les choses du bon côté, il n'a fait aucun accident et je suis saine et sauve.

Pour l'instant.

Enzo est concentré sur ce qui se passe devant lui et n'a pas ouvert la bouche une seule seconde depuis que je suis entrée en trombe dans sa voiture.

En temps normal, je me sentirais soulagée de ne plus avoir à entendre ses sous-entendus très limités. Pourtant, la tension est palpable entre nous et cette absence de toute nuisance sonore ne fait que l'amplifier.

Est-il aussi gêné que je ne le suis ?

Non, Enzo ne peut pas être gêné. C'est un homme plein d'assurance qui possède une confiance en lui démesurée.

Alors qu'est-ce qui le tracasse ?

Merde, mon cœur bat beaucoup trop vite.

Si seulement c'était uniquement à cause de la course poursuite...

Maintenant que je suis enfin face à lui, qu'est ce que je peux lui dire ? En plus, il vient de me rendre un grand service. Comment je peux m'en prendre à lui désormais ? C'est tellement plus simple quand il me taquine. Au moins dans ces situations-là, j'ai matière à me plaindre.

Et puis bordel, qu'est-ce qu'il fait ici ? Comment-a-t-il su où je travaillais ? Est-ce vraiment une coïncidence toute cette histoire ?

« Destin, destin », mes fesses oui.

Un stalker surtout.

Je me glisse dans le fauteuil afin de me positionner un peu plus confortablement. La vitesse du véhicule m'ayant tantôt propulsé au fond. L'espace d'un instant, j'aperçois mon reflet dans le rétroviseur passager. Je déplie le pare-soleil, scrutant mon état de fatigue d'un œil avisé. Rouge. Rouge comme une écrevisse.

Je tapote mon visage délicatement pour disperser le sang qui afflue au niveau de mes joues.

Si je m'énerve sur lui maintenant, et avec cette tête là, je peux immédiatement postuler pour Angry Birds 3.

Le bruit du plastique qu'on froisse me fait relever la tête vers le conducteur. Il ne conduit plus que d'une main. De l'autre, il me tend une bouteille d'eau toute neuve qu'il a miraculeusement fait apparaître de je ne sais où.

J'hésite.

— Bois.

Bois « s'il-te plait », nan ? Quel manque de politesse. On aura tout vu.

....Bon, j'avoue que c'est un peu tiré par les cheveux. Mais qu'est-ce que j'y peux si sa présence me transforme systématiquement en vieille femme aigrie ?

Voyant que je ne suis pas réceptive à sa proposition, il me dépose la bouteille entre les jambes.

— Je t'en pris, bois. Je ne l'ai pas empoisonnée. Regarde, elle n'est même pas ouverte, me lance-t-il, toujours les yeux rivés sur la route.

— Merci, je lui réponds, ouvrant la bouteille lentement avant d'en avaler le contenu presque cul sec.

Je referme la bouteille puis la garde dans ma main. Dès lors, elle devient ma boule anti-stresse, créant ainsi une symphonie à base de plastique vide qui résonne dans l'habitacle. Moi anxieuse ? Non, pas du tout, voyons.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant