CHAPITRE 73

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Je prends une des peluches dans mes bras. L'ours blanc.

Mais je n'ai jamais reçu de peluche... Et toutes ces lettres...

Une partie des objets qui se trouvent dans ce placard sont les cadeaux qu'Enzo m'a fait, et que j'ai retourné à son envoyeur par le biais de Williams. Pour ce qui est du reste, ce sont aussi des cadeaux et des lettres qui me sont destinés. Ceux qu'il n'a pas eu le temps d'envoyer...

Je sers la peluche contre ma poitrine et retiens mes larmes du mieux que je peux. Ça m'apprendra à faire mon dragon à chaque fois qu'un homme se pointe dans ma vie.

Je repose le nounours à sa place, à côté du rose, puis attrape le paquet de lettres, solidement attachées par un élastique. Je défais les tours soigneusement, prenant garde de ne pas me claquer les doigts avec.

Je sais que ce n'est pas très poli de fouiller dans les affaires des autres. Mais techniquement, toutes ces choses m'appartiennent, les lettres y comprises. Alors pourquoi ma main tremble autant lorsque j'ouvre la première enveloppe ?

Je m'attendais à en sortir une lettre remplie d'obscénités. Au lieu de ça, c'est un papier en forme de carte postale que je tiens dans ma main. Blanche. Je crois d'abord à une mauvaise blague avant de vérifier le dos de la carte. Il y a des mots inscrits.

"Ta robe de l'autre soir te va à merveille."

J'en ouvre une deuxième.

"J'ai pensé à toi ce soir. C'est la pleine lune. Je me suis dit qu'on pourrait la regarder à deux la prochaine fois."

Puis une troisième.

"Williams m'a encore rapporté un bouquet. C'est dommage, je préférais qu'il fleurisse chez toi plutôt qu'il ne fane dans ce vieux placard."

La tentation étant trop forte, je les lis une à une. Sur chacune d'elles, se sont des mots d'encouragement, des compliments ou de courts poèmes. Ce n'est qu'après les avoir toutes lues que je comprend qu'il m'en réservait une par jour. Alors que je n'en ai ouverte aucune...

Je commence à remettre tristement l'élastique lorsque je remarque une enveloppe coincée entre deux colis.

Pourquoi n'est-elle pas avec les autres ? Je me suis éparpillée à ce point ?

Je l'attrappe pour la remettre à sa place, et je constate très vite qu'elle est différente de celles que j'avais en main. Elle est beaucoup plus souple et aucun destinataire n'est inscrit dessus. Comme si celui qui l'avait écrit ne s'était pas décidé à l'envoyer. Je l'ouvre malgré tout.

A l'intérieur, une lettre. Pas une carte postale rigide décorée de quelques mots, mais bien un papier doux et souple où de nombreuses phrases viennent combler le vide blanc. Je prends la peine de la déplier doucement, afin de ne pas la froisser, puis je commence la lecture.

"Salut toi,

Si tu lis cette lettre maintenant c'est que j'ai bel et bien fini par mourir et que tu as décidé de fouiner dans cette vieille armoire.

Pas mal mon jardin secret, pas vrai ?

J'aurai adoré te le montrer moi-même à notre second rencard, mais je sais que ma mère s'est fait un plaisir de le faire. Elle t'aime beaucoup.

Ça ne doit pas être facile pour elle, mais je me doute aussi que ça ne l'est pas pour toi.

Elle a dû tout te raconter. Je ne déteste pas Kevin. Je sais que ce qu'il a fait est immoral, mais je le connais mieux que personne. J'espère que tu ne m'en voudra pas de le défendre. Il a lui-même eu ses lots de soucis dans l'enfance. J'ai essayé de le sortir de tout ça, mais tu vois bien que j'ai échoué. Je ne culpabilise pas. Je sais qu'il finira pas se ranger dans le pli et qu'il deviendra un père extraordinaire. Et puis, heureusement que je t'ai rencontré toi. Il m'a beaucoup parlé de toi juste avant que nous nous rencontrions ce soir-là."

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant