CHAPITRE 38

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J'halète. Le GPS aura beau me faire passer aussi souvent par là qu'il ne le veut, je ne m'y habituerai jamais. Quoi que, je me sens moins essoufflé que vendredi. Je viens d'arriver au niveau du skate-parc et je n'ai pas l'impression de cracher mes poumons. C'est qu'il y a déjà une amélioration. Ma foi, il serait peut-être plus sympa de m'inscrire dans la même salle que Charly... j'en profiterai pour me rincer les yeux, évidemment.

Il est à peine dix-heure et quelques jeunes en trottinettes et en skates ont déjà envahi l'espace, musique à fond. Heureusement que nous sommes en semaine, sinon, les voisins auraient hurlé.

Ils ne vont pas en cours ?

Quand je vois ça, je me dis que dans l'ensemble, j'ai quand même été une enfant exemplaire. Élève moyenne, certes, mais je ne séchais pas les cours et ne fumait pas dans les toilettes quand les adultes avaient le dos tourné.

En parlant de « fumer », une odeur familière me traverse les narines. Et ce n'est pas une simple cigarette, si je me réfère à mes souvenirs.

Je cherche le délinquant des yeux et je m'arrête sur un garçon un peu en retrait par rapport aux autres, mais pas assez pour passer inaperçu si les flics décident enfin de bouger leur cul jusqu'ici.

Il est gogole ou quoi ? Fais ça en cachette au moins. Merde, il doit avoir quoi...15 ans ? 16 ans ?

Plus fort que moi, je me dirige vers ce très jeune homme aux allures de surfeur skateurs, assis sur le muret, en train de bidouiller son téléphone.

Une fois face à lui, je lui tends la main, en espérant qu'il ne fasse pas de chichi.

Donne-moi ça, et on en parle plus.

L'adolescent, ne s'attendant pas à voir une main sortir de nulle part, sursaute et observe ma main interloquée. Il daigne enfin lever les yeux sur moi et commence à me dévisager de son regard noisette.

Je lui souris et répète le geste en m'approchant davantage de son visage.

— Quoi ? me répond-t-il sur un ton dédaigneux.

— A ton avis ?

Il ricane.

— Je ne sers pas la main des étrangères.

Je baisse ma main.

— Oh je vois. Alors peux-tu gentiment me donner ce que tu as dans la main ?

— Mes parents m'ont toujours dit que c'était dangereux de faire confiance aux étrangers, rétorque-t-il avec un air suffisant.

C'est moi où il se fout clairement de moi ?

— Et les tiens savent que leur gamin fume illégalement dans un lieu public ?

Sa mâchoire se contracte.

Enervé petit ?

Soudain, il se redresse sur ses deux jambes, et je me rends compte que je l'ai un peu sous-estimé.

Il me dépasse presque d'une tête et je pense qu'en terme de carrure on est au delà du gamin de quinze ans. Il paraît même bien plus carré que Louis, d'ailleurs.

Pourtant, sa peau lisse et douce trahit son jeune âge.

— Alors, à titre d'information, le gamin à bientôt dix huit ans, donc tes menaces tu sais où je les mets. Ok, Madame l'héroïne ?

Mon dieu mais quel trou du cul !

— Tu vas te détendre parce que je n'ai pas ton âge mon petit gars.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant