CHAPITRE 79

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— Bonsoir monsieur, suivez la voiture qui vient juste de partir, s'il-vous-plaît ! j'ordonne au chauffeur en m'asseyant très vite à l'arrière.

— C'est interdit par la loi, mademoiselle.

Je fouille mon porte monnaie et en sort une liasse. Je ne sais pas pour quel montant il y en a, mais le chauffeur n'attends pas plus de deux secondes pour démarrer et bombarder sur la route.

Bien, on a réussi à les rattraper. Nous ne sommes qu'à quelques mètres d'eux.

Pendant que mon super driver poursuit la filature, je reçois un appel de Louis.

— T'es où ?

— Je suis dans un taxi, elle vient d'entrer dans une voiture, je ne pouvais pas me permettre de ruiner tous nos efforts.

— T'es sérieuse ? Ça devient dangereux Arianne. On ne sait pas qui elle est. Imagine que tu te retrouves seule face à elle, surtout après qu'elle ait découvert qu'on la suit depuis le début ?

— Louis, je pense qu'on est plus à ça près.

— Vers où se dirige-t-elle ?

— Pour l'instant aucune idée, nous n'avons pas quitté l'axe principal.

— Je vais prendre ma voiture et essayer de te rejoindre, tiens moi au courant au fur et à mesure.

— Compte sur moi.

Nous raccrochons.

— Vous menez une enquête ? me demande le chauffeur.

— En quelque sorte, confirmé-je brièvement. Essayez d'être le plus discret possible s'il-vous-plaît, mais il ne faut absolument pas la perdre de vue.

Le chauffeur ne se montre pas plus curieux et conduit le plus adroitement possible derrière l'autre taxi qui vire enfin à droite.

Je rappelle Louis.

— On a tourné à droite sur la rue de Square Sénat, je lui indique.

— Je ne suis pas bien loin. Reste au téléphone, ça sera plus simple.

Soudain, le chauffeur pille, m'étranglant avec la ceinture de presque peu.

Je regarde autour de moi.

Mais il n'y a aucun feu ici !

— Pourquoi vous êtes-vous arrêté ? Je vous ai dit qu'il ne fallait pas la perdre de vue.

— Je veux bien madame, mais je ne peux pas traverser les murs ! Le PC sécurité est fermé pour les voitures à cette heure-là. Elle vient de sortir à l'instant.

— Le PC sécurité ?

Je regarde plus attentivement à travers la vitre.

Ma parole, nous sommes devant l'hôpital de Papa.

— Arianne ? m'appelle Louis.

— Louis (je remets le téléphone près de mon oreille). Désolé, tu disais ?

— Alors tu es où ?

— Elle s'est arrêtée à l'hôpital Croix-Bosset.

— Qu'est ce qu'elle fout là bas à cette heure-là ?

— Je ne sais pas mais ça n'augure rien de bon.

— Sors du taxi, j'arrive dans deux minutes.

Je remercie le chauffeur et marche le long du grillage de l'hôpital. J'aperçois la silhouette de Louis au loin. Il me rejoint en quelques foulées.

— Où est ta voiture ?

— Je l'ai garé plus loin. Ça serait con de se faire repérer maintenant.

— Mais Louis, on est devant un hôpital fermé au public. Comment veux-tu qu'on arrive à avoir une quelconque information ? C'est mort.

— Fermé au public ? Vraiment ? s'exclame-t-il avec un début de rictus au coin des lèvres.

***

— Aie, aie, aie ! J'ai mal au ventre !

Louis s'écroule par terre dans la salle des urgences et roule sur un côté, puis de l'autre.

— Aidez-moi ! hurle-t-il au bord des larmes, les bras plaqués contre son estomac.

Si je ne savais pas que Louis était aussi bon comédien, je me serais mise à pleurer avec lui, mais je me contente d'essayer de le redresser, telle une amie digne de ce nom, soutenant son meilleur ami après une intoxication alimentaire.

Le personnel hospitalier se précipite sur lui.

— Il a l'air fiévreux, lance la première aide soignante.

— J'ai froid. Nan, j'ai chaud. J'ai soif. De l'eau s'il-vous-plaît ! continue-t-il de gémir.

— Je vais lui chercher de l'eau ! je hurle en trottinant vers les toilettes.

Arrivé devant la porte de celles-ci, je scrute les environs et bifurque discrètement vers l'ascenseur.

Je sais que je prend d'énormes risques en me rendant de nuit au pôle cardiologie, mais je suis poussée par une force étrange. Je sais qu'il faut que je rejoigne Papa avant Emeline.

Chaque étage que je monte fait monter la pression dans mon corps. Un membre du personnel peut débarquer à n'importe quel moment et me demander des comptes.

L'ascenseur s'arrête enfin au troisième étage. Je passe légèrement ma tête entre les portes pour vérifier que personne n'arrive. Les couloirs sont calmes et plongés dans la pénombre. Les aides-soignantes doivent sûrement se réunir dans la salle de repos.

Personne en vue, je marche sur la pointe des pieds jusqu'à la chambre 307.

A seulement quelques mètres de mon objectif, mon cœur fait un bon lorsque j'entends une porte s'ouvrir et des gens qui parlent. Les lumières s'allument et je commence à m'affoler. Coïncidence ou pas, je me trouve justement devant un petit renfoncement dissimulé derrière une haute plante. Je m'y glisse en prenant garde de ne pas faire de bêtises et retiens ma respiration, comme si c'était ce qui avait le plus de chance de me trahir. Je suis sûre que les battements de mon cœur font autant de bruit.

Il ne faut pas que je me fasse voir. Il ne faut pas que je me fasse voir.

Les deux infirmières passent à quelques centimètres de moi, mais aucune ne notifie ma présence. Elles sont bien trop occupées à rire de leurs blagues.

Lorsque l'obscurité et le silence reviennent, je sors de ma cachette et m'approche doucement de mon père.

La porte est entrouverte.

Je la pousse délicatement, priant pour qu'elle n'émette pas de grincement assourdissant.

La pièce est plongée dans l'obscurité. Enfin, presque.

Une étrange lumière bleue m'aveugle presque les yeux.

Je suis arrivée trop tard. 

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant