CHAPITRE 66

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Je me bats avec le vent comme une sauvage. Pourtant, c'est un ennemi invisible contre qui je ne peux absolument rien. Heureusement que Charly m'a déposé assez prêt du portail, je n'aurai pas tenu plus longtemps. J'ai l'impression que je vais m'envoler à chaque bourrasque. Je suis carrément obligée de garder la main sur les cordons de ma capuche pour ne pas qu'elle s'envole et vienne me frapper l'arrière de la tête.

Lorsque j'atteins enfin le hall d'entrée, je suis trempée de la tête au pied. La douche que j'ai prise ce matin ne m'a clairement servi à rien. J'ouvre la porte, et m'essuie les pieds sur le paillasson, bien que je sache que c'est inutile. A chaque pas que je vais faire, je risque de laisser une traînée d'eau derrière moi.

Première mission: rassembler des affaires pour passer une nuit — ou plus — chez Charly. Ses vêtements sont confortables, mais Mario va finir par se rendre compte de l'entourloupe.

J'allume la lumière des escaliers et les montent quatre à quatre. J'ouvre mon tiroir à sous-vêtement et en profite pour glisser Stanley et mes meilleures pièces de lingerie. Si mon corps nu ne suffit pas, peut-être que ceci le convaincra.

Mes yeux s'attardent sur mon fauteuil. Sur cette chose massive qui traîne dessus. Le blouson d'Enzo. Nous allons nous revoir, c'est certains, vu que nous fréquentons tous deux Louis. Aussi décidais-je d'emmener ce blouson avec moi, je trouverais bien un moment pour le déposer chez mon meilleur ami.

Mon sac est prêt, il ne me reste plus qu'à me changer. Je commence à dénouer ma baskette quand un coup de tonnerre monstre retentit et me plonge dans l'obscurité totale.

Merde. Pourquoi faut-il que ça arrive maintenant ?

J'allume le flash de mon téléphone et poursuit ma mission. Une fois dans une tenue propre et sèche, je décide de m'occuper du disjoncteur. Je ne suis pas une grande bricoleuse comme mon père, mais il m'a au moins montré ça.

Cette fois je descends les escaliers, plus prudemment, la main sur la rambarde et en faisant bien attention à où je mets les pieds. Heureusement, le disjoncteur n'est pas bien loin, il est juste à l'entrée de la cave. S'il avait été DANS la cave, je ne m'y serais pas collée. Je suis beaucoup trop superstitieuse pour m'y aventurer toute seule un soir d'orage.

J'ouvre le boîtier et cherche le levier avec le flash. Dans mes souvenirs c'était celui de droite tout en bas.

Boom.

Je sursaute. Ce n'était pas le tonnerre ça.

Je replonge dans le boitier mais un nouveau bruit retentit dans le silence de la maison. Je lâche tout.

— Charly ?

Inquiète, je sors de la cave, et commence par la cuisine. Rien.

— Charly tu es là ? je répète tout en m'orientant vers le salon.

Je m'arrête à l'orée de la porte, le cœur battant à mille à l'heure. Ça me rappelle la fois où nous avions poursuivi le chat avec Louis et Enzo. Sauf que je n'étais pas seule et qu'il ne pleuvait pas comme vache qui pisse avec un orage à retourner les morts dans leur tombe.

Les premiers contours d'une silhouette près de la fenêtre du fond se dessinent. Mais ce n'est certainement pas Charly.

— Qui est là ?

La silhouette se retourne, je ne perçois pas son visage malgré mon regard de faucon, mais je suis sûre à cent pour cent que ce n'est personne que je connaisse.

Faisant confiance à mon instinct de survie, je détale comme un lapin et monte les escaliers plus rapidement que je ne l'ai fait tantôt. Je rentre en trombe dans ma chambre et me plaque de toutes mes forces contre le chambranle de la porte, comme si mon poids plume ferait la différence face à un cambrioleur.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant