CHAPITRE 8

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  S'il est remonté, c'est qu'il a réussi à se débarrasser des traces de rouge à lèvres. S'il a décidé de s'installer juste en face de nous, c'est qu'il n'en a pas fini avec moi. Est-ce prétentieux de penser qu'il ne partira pas d'ici temps qu'il n'aura pas fait de moi son quatre-heure ?

Mon regard croise le sien, et il m'adresse un clin d'œil rapide et inattendu.

Je m'étouffe avec mon cocktail, Yamina s'empresse de me taper dans le dos pour apaiser ma quinte de toux.

— Bah alors, t'as avalé de travers ? Ça va ?

Je tente d'apaiser ma souffrance, mais j'ai les larmes aux yeux et la gorge qui me tiraille.

Elle interpelle une serveuse qui passe tout prêt.

— Un verre d'eau, s'il vous plaît !

Après avoir repris du poil de la bête, je constate que notre voisin d'en face contient son fou rire autant qu'il ne le peut.

Il se paye ma tête ? Rira bien qui rira le dernier.

Le petit groupe de touristes commence à rassembler ses affaires. L'équipière de choc du bel inconnu ne s'est toujours pas remise de son aventure dans les toilettes, ils sont maintenant deux pour la guider vers la porte. Il doit avoir un sacré coup de rein...Arrête Arianne, ce n'est pas en le rabâchant que ça le rendra moins con.

La fille lui lance des regards amoureux, mais il s'en tape. C'est lui qui l'a mis en partie dans cet état, mais il s'en carre comme de sa première diarrhée. Comme si c'était une parfaite inconnue. Je suppose que c'est un peu le principe de baiser dans des chiottes publiques. Il vaut mieux faire profil bas une fois qu'on a fait ses petites affaires. Il pourrait au moins faire semblant de s'intéresser à elle. Un vrai goujat ,qui ne prend que ce qu'il a à prendre et se fout du reste. Les pires.

Ce qui craint le plus dans cette histoire ? C'est pas le fait qu'il me défie du regard, ni qu'il ne se souci pas de l'étrangère qu'il a baisé dans les toilettes, nan. C'est la façon dont Yamina le fixe pendant qu'il commande sa boisson. Ce regard qui en dit long sur ce qu'elle pense en le voyant, et sur ses intentions. Elle a envie de le bouffer. Elle est obnubilée par lui. Moi, je peux parfaitement l'ignorer. J'ai déjà eu un aperçu du personnage et je pense que je suis vaccinée jusqu'à la fin de mes jours. Mais Yamina et ses goûts prononcés pour les stars des réseaux et influenceurs en tout genre...ça ne sent pas bon. Pas bon du tout même.

Elle se rapproche de moi, continuant à fixer sa cible, et sirotant sa boisson.

— Arianne, je crois que je viens de tomber amoureuse, me chuchote-t-elle.

— C'est écrit sur son visage que c'est un fuckboy, t'es sérieuse ?

— Mais regarde-moi cette carrure si musclée et cette mâchoire tracée. C'est l'incarnation même du mâle brésilien Arianne, bordel.

Le MAL incarné, tu veux dire, oui.

— Il faut que j'aille lui parler.

Je bondis sur ma chaise en écarquillant les yeux. Il ne faut pas !

— Non, Yamina, ne fait pas ça. On a dit pas de mecs ce soir et ce n'est pas une bonne idée...

Trop tard. Ma meilleure amie s'est déjà levée du fauteuil, contourne la table du connard pour aller s'asseoir juste à côté de lui en lui faisant les yeux doux.

Il jette un bref regard malicieux dans ma direction puis prend un malin plaisir à écouter Yamina lui dire je ne sais trop quoi. Il a l'air très à l'aise quand il parle avec elle. C'est bien ce que je me disais. Un prédateur.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant