CHAPITRE 1

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  Mon réveil sonne au rythme de Tchaïkovski, accompagné de quelques chants d'oiseaux matinaux. Pourtant, le soleil n'a pas encore pointé le bout de son nez. Il est indiqué six heures du matin sur le cadran. Je lâche un grognement plaintif. L'idée de sortir de mon cocon de chaleur et de quitter la douceur de mes draps ne me ravit pas.

Même Papa qui a pour habitude de se lever tôt n'est pas sorti de son lit. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, les rôles étaient inversés. La vie de chômeuse m'allait plutôt bien. Heureusement, Charly a dit que les prochaines semaines seraient plus souples. J'espère que ce n'est pas des paroles en l'air, car me réveiller à six heure pour aller vendre des shampoings, c'est hors contexte.

Qui se pointe devant un magasin à huit heures du matin pour s'acheter un masque capillaire ?

Mes clientes. 

Ouais, relou.

Du coup, je ne peux pas me coucher tard. Qui dit ne pas se coucher tard, dit adieu boîte de nuit et sortie en tout genre.

Moi, manquer de vie sociale ? Terriblement. D'ailleurs, Yamina commence à ne plus pouvoir tenir en place. Je peux la comprendre. On s'est tellement bien éclatées pendant des mois que ça doit la buter que je lui refuse tout. Louis arrive à comprendre, parce qu'il travaille depuis des années, alors il n'est pas trop regardant quant à mon manque de disponibilité pour ses soirées. Mais ma meilleure amie n'est pas de cet avis. C'est sûr que lorsqu'on a un emploie du temps d'étudiante en photographie, on ne peut qu'avoir du temps devant soi. Ce n'est pas faute de lui répéter que le monde du travail est bien plus fatiguant et contraignant que ce à quoi elle s'attend.

Je ne sais pas ce qu'elle a dernièrement, mais elle insiste de plus en plus pour sortir. Si ça continue, elle va se pointer chez moi un soir et je n'aurai d'autres choix que de la suivre.

Je crois l'avoir entendu dire qu'il fallait que je me mette un "truc" sous la dent. Elle ne parlait pas de nourriture. Ma meilleure amie trouve ridicule que je me contente d'un vibreur rose. Moi, ça me va très bien. Stanley fait du bon boulot, bien qu'il soit un peu bruyant.

Je jette subtilement un œil à sa cachette secrète. Faites que mes parents ne tombent jamais dessus....

Le réveil sonne une deuxième fois, et là ça craint, parce que je vais être à la bourre et que Charly va me fumer.

J'enfile mes chaussures, attrape ma boîte à repas et prend la porte. J'ai juste le temps de chercher un trajet plus rapide pour Paris avant de commencer à courir. J'ai horreur d'être en retard. Charly est cool, mais il est très à cheval là-dessus et j'en ai déjà fait les frais. Ce qui craint le plus, c'est qu'il me connaît trop bien pour que je puisse lui trouver une excuse bidon. Alors je n'ai pas le choix, je cours.

Je n'aurai jamais imaginé que l'entreprise accepte mon retour. Je l'ai quitté en pensant trouver fortune ailleurs, mais ce fut un échec total. Rien d'intéressant et qui paye suffisamment bien. Ma foi, je suis peut-être un peu difficile.

J'ai tout de même eu le culot de passer voir Charly pour lui demander d'appuyer ma nouvelle candidature. J'ai finalement obtenu un poste le lendemain. C'est pas être une big boss, ça ? Bon, j'avoue. Je ne saurais jamais si ce sont grâce à mes qualités de conseillère de vente ou bien au charme démesuré de mon responsable boutique. Mieux vaut vivre dans l'ignorance.

Je zieute mon GPS, je zieute ce qu'il y a en face de moi et je pille net.

Bordel, non, pas ça.

La longue côte menant à la gare de Santon me nargue. Courir c'est une chose, courir dans une pente que même les joggeurs — excepté les plus fous — n'empruntent pas, s'en est une autre. 

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant