CHAPITRE 54

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Ça fait cinq minutes que je suis assise sur mon lit, les yeux encore collés de la veille. Quelle soirée...

Un courant d'air fait frissonner mon corps et je me couvre avec la couette. Mes pensées vont vers le blouson en cuir qui traîne sur le fauteuil. Un blouson qui ne m'appartient pas. Un blouson qui me rappelle qu'il n'y a pas que du mauvais dans ma vie après tout.

Enzo a insisté pour que je la garde, comme j'ai refusé qu'il me ramène après la soirée. Pourquoi ai-je refusé cette galanterie ? Parce que j'avais peur de craquer en chemin, voilà tout. Vous imaginez ? Tout ce remue-ménage pour finir par nous jeter dessus sur le coin de la route ? Bon, j'avoue que faire l'amour dans une Lamborghini, ça ne doit pas arriver tous les jours à n'importe qui.

Du coup, il a voulu m'accompagner jusqu'en bas, pour prendre mon Uber. J'ai d'abord salué Louis avant d'emprunter les escaliers. Oui, il y a un ascenseur, je sais. Mais imaginez que je craque à l'intérieur ? Alors j'ai préféré travailler mes jambes. Heureusement que je n'avais pas bu comme un trou.

Deux étages plus bas, il a délicatement déposé son blouson sur mes épaules. « Pour ne pas que tu attrapes froid dans tes vêtements d'été » m'avait-il dit. C'est vrai que malgré le temps radieux du printemps, le vent matinal pince pas mal, surtout avec une robe aussi courte que la mienne.

Galant, n'est ce pas ? Moi qui pensais qu'il aurait tout fait pour passer la nuit avec moi... Il n'a fait que suivre toutes mes suggestions, ne m'a pas contredit, ni ne s'est imposé à moi comme il a l'habitude de le faire.

Fallait-il en arriver si loin pour qu'il se rende compte qu'il n'utilisait pas la bonne méthode pour me ranger dans sa poche ?

J'avoue qu'une petite part de moi est déçue. C'est la première fois que mon corps me fait autant sentir que j'ai besoin de trouver un homme passionné pour subvenir à tous mes besoins charnels. Mais l'autre partie de moi est heureuse. Qu'est-ce que c'est appréciable de ne pas être perçue comme de la nourriture...

« Ce qu'il s'est passé aujourd'hui ne change rien à notre deal. Il te reste une semaine pour changer d'avis. Je t'attendrais. » Voici les derniers mots qu'Enzo m'a prononcés avant de refermer la porte du véhicule derrière moi. Mais ai-je encore le droit de revenir sur ma décision ? Je pense que c'était assez clair pour nous deux. Et même pour les autres.

En même temps, nous avons passé la soirée à nous chercher du regard, à nous sourire et à nous frôler à chaque fois que nous passions l'un à côté de l'autre. Les gens peuvent être naïfs, mais pas stupide. Même Louis n'a pas arrêté de me faire des sous-entendus le reste de la soirée. Bon, c'est vrai que c'est lui qui voulait absolument me caser avec Enzo. Il n'a pas réussi. Ce n'est pas parce que je commence à l'apprécier que nous sommes en couple. Loin de là, le chemin est encore long.

Je mélange pensivement mes céréales dans mon bol, devant une série romantique à la con. Mike a découvert qu'Angie le trompait et a décidé de se venger. Bref, ça m'insupporte. J'attrape la télécommande et zappe sur la chaîne pour enfant. Au moins, il n'y a que du positif dessus.

Qu'est-ce que j'aimerais retourner à l'époque de mon enfance...On jouait et on riait sans se préoccuper de ce qui pouvait arriver demain. Bon, je me faisais embêter à l'école et je ne roulais pas sur l'or, mais c'était quand même une bonne époque. Papa était en bonne santé.

Mon téléphone se met à vibrer et je manque un arrêt cardiaque lorsque je vois le nom de Kayla s'afficher à l'écran. Je décroche immédiatement.

— Kayla ?!

— Oui, c'est moi. Pourquoi tant d'excitation ? glousse-t-elle.

— On s'inquiète. Ça fait trois semaines que t'es pas revenu à la maison.

— Je sais ma belle, beaucoup de travail. D'ailleurs, je vais devoir retourner en réunion. Je t'appelle juste pour t'informer que notre demande de VISA a bien été acceptée, on va la recevoir d'ici quelques jours et...

— Ça ne sert plus à rien, Kayla.

— Bah alors ma chérie, tu es défaitiste, je ne te reconnais pas.

— J'ai des raisons de croire que ce spécialiste ne servira à rien. S'il-te-plaît, rentre à la maison. Papa a besoin de toi.

— Il risque de mourir si on ne fait rien. Il faut que ...

— C'est d'être loin de toi qui le tuera ! J'enchaine les visites depuis trois semaines avec Tante Tiphaine, mais c'est toi qui lui manque le plus ! On s'en fout de ce spécialiste, il n'a qu'à venir !

— Arianne, ne te comportes pas comme une enfant s'il te plait. Tu sais bien que je fais ça pour son bien. Je vais te laisser, les clients attendent.

— Non, tu vas m'écouter ! Tu vas trouver du temps, parce que je te rappelle que je suis ta fille. Faut que tu prennes conscience que je ne suis plus une enfant. C'est toi qui te comporte comme un enfant. Je commence à me dire que tu n'es finalement qu'une lâche. Tu fuis ta vie en te réfugiant dans le travail, et si tu crois que c'est comme ça que tout ira mieux, tu te fourres le doigt dans l'œil !

— Je suis désolé ma chérie...C'est difficile pour tout le monde en ce moment. Ce n'est pas parce que je ne suis pas là que je ne pense pas à vous.

— Ah tu es désolé et tu penses à nous? Tu pars, tu disparais et tu appelles comme si de rien était. Comment peux-tu être désolé ?

Le silence se fait à l'autre bout du fil.

— Non, tu ne l'es pas. Tu es dans ton petit monde et dans ce petit monde tu ne veux pas que Papa et moi n'y entrions. Qu'est ce qui te prend en ce moment ? Je ne te reconnais plus. Rentre s'il te plait, tu nous manques.

— Je dois te laisser, le client s'impatiente.

— Tu vois tu fuis encore. Kayla, Papa a besoin de toi. J'ai besoin de toi.

— Je verrais ce que je peux faire.

— Je t'aime...

Et elle raccroche, laissant un parfum amer dans ma bouche. Pas de je t'aime, pas d'au revoir. Un simple silence sans fin. Qu'est-ce qu'il se passe à la fin ?

Je finis mon petit-déjeuner avec un étrange sentiment dans le cœur. J'ai cette sensation d'être livrée à moi-même, comme si mon monde s'effondrait petit à petit et que ce n'était que le commencement.

Pendant que je nettoie ma vaisselle, je reçois un message de Mario.

Mario: Bon, ce soir il y a une putain de soirée organisée au Magic Circus. Je compte sur toi pour venir !

Arianne: C'est une soirée gay ?

Mario: Soirée LGBT bébé mais c'est plus fréquenté par les gay, oui. Tu m'avais pas dit que tu voulais essayer ?

Arianne: Si, pourquoi pas, en plus tu tombes bien, je voulais changer d'air. Il y a un dress code dans ce genre de soirée ?

Mario: Viens comme tu veux ma chérie, de toute façon, personne ne viendra t'embêter. La communauté lesbienne n'aime pas trop cette boite.

Arianne: Cool, on se rejoint directement là-bas.

Je reçois un autre message de Mario me confirmant l'adresse et l'horaire. J'ai fait mes petites recherches quant au Magic Circus. Apparemment ils font de superbes cocktails, et il y a une atmosphère conviviale. Tout ce qu'il me faut pour me requinquer le moral. Peut-être que l'étoile sous laquelle je me trouve n'est pas si mauvaise que ça malgré tout ?                                           

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