CHAPITRE 10

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Un silence de mort nous a suivi tout le long du trajet jusqu'à The Unbie.

J'ai hâte de retrouver les autres et que ces deux-là se séparent. Tout compte fait, j'aurai peut-être dû la laisser aller avec l'autre.

On trouve de la place pile en face du club et nous sommes les derniers à arriver. Toute l'équipe est déjà postée devant le bâtiment, non loin des physios. Il y a une queue monstre pour pénétrer à l'intérieur, j'ai presque pitié de toutes ces nanas aussi peu habillées que moi qui vont devoir poiroter encore un moment dans le froid.

Notre organisateur de soirée fait une grosse accolade au plus costaud des physios, et nous invite à le suivre, sans que nous ayons besoin de montrer nos papiers d'identités. Comme des stars. Ce n'est pas grâce à Enzo en tout cas, bien qu'il ne cesse d'attirer le regard de tout le monde. Séduisant, plus une chevelure flamboyante, c'est comme marquer au fer rouge notre arrivée dans la boîte.

Louis connaît tout le monde ici. De l'entrée jusqu'à notre table, il ne s'est pas passé dix secondes sans qu'on ne doive s'arrêter pour saluer un énième ami de Louis. Tout le club y est passé ! Nous avons même le privilège d'être escortés dans la carré VIP par le patron lui-même !

— Comment tu connais tous ces gens ?

— Le résultat de plusieurs années de débauche ma belle. Yamina et toi avez un petit niveau à côté de moi.

Je ris car je sais qu'il fait allusion à ma période de chômage pendant laquelle, elle et moi, avions gambadé de soirée en soirée, de boîte de nuit en boîte de nuit. Pourtant, personne ne nous fait la bise quand on va dans nos clubs préférés. Quelques vigiles nous reconnaissent, tout au plus, mais seulement parce qu'ils louchent sur nos jambes, et encore, je suis sûre qu'ils agissent comme ça avec les premières nanas mignonnes venues. Je ne peux pas les blâmer. Si j'étais un homme et que je voyais défiler sous mes yeux, et ce toute la nuit, des nanas jolies et en tenue sexy, je tenterais d'en accoster quelques-unes sans hésitation.

La salle mise à notre disposition est tout simplement magnifique. Ici, tout n'est que luxe et grandeur. Les banquettes sont d'un cuir rouge authentique et un lustre composé de cristaux noirs surplomb quasiment la moitié de la salle. Nous sommes séparés du reste du club par une grande baie vitrée qui fait face à la scène située en contrebas où, généralement, les performeurs y font leur show. Le patron s'est d'ailleurs excusé , car ce soir, sa cracheuse de feu n'a pas pu venir. Elle s'est blessée lors d'une répétition. En tout cas, les clients n'ont pas l'air si déçus que ça. Certains ont même pris l'initiative de réquisitionner la scène pour faire leur propre show de danse. Je me demande ce que ça doit donner à une heure avancée de la soirée, avec plusieurs grammes d'alcool dans le sang...

A peine le patron a-t-il fermé la porte derrière lui, que tous s'affalent sur le canapé, comme si nous avions fait un périple de dix jours dans le désert.

Yamina s'est précipitée sur Enzo dès qu'on est sorti de la voiture, et depuis, elle ne le lâche même pas une seconde. Qu'est ce que j'avais dit ? Je me doutais que ça allait finir par arriver. Mais je n'estimais pas aussi tôt.

Pourtant, bien qu'elle essaie de monopoliser son attention, c'est sur moi que ses yeux se posent à chaque fois que je regarde dans leur direction.

Je décide de suivre mon instinct et de tout bonnement les ignorer. Surtout le connard de service.

Fort heureusement, ce soir j'ai un chevalier servant. Louis reste à mes côtés et ne se soucie même pas que je sois collée à lui comme une petite fille en manque de câlin. Il a l'habitude maintenant. Pourtant, je n'ai pas toujours été comme ça. Je suis loin d'être tactile à la base. Mais qu'est-ce que j'y peux s'il a un don pour mettre les gens à l'aise ? Enfin, ceux qu'ils apprécient. Parce que les gens comme Yamina, il ne se gêne pas pour leur faire comprendre subtilement le fond de sa pensée.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant