CHAPITRE 69

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Les images qui défilent devant mes yeux me laissent bouche bée. Je ne comprends pas. Ou peut-être bien que si mais je cherche des réponses plus claires dans le regard de Charly qui ne me donneront pas envie de péter un plomb dans le bureau de mon patron.

Il détourne les yeux vers le mur immédiatement, et je n'aime pas trop ça. En fait, je n'aime pas du tout. Ça veut dire qu'il m'a menti, ou plutôt, qu'il a omis de me raconter la vérité.

C'est Enzo qui m'a porté secours, alors qu'il ne me connaissait ni d'adam ni d'eve. C'est lui qui s'est pris un coup de couteau à ma place. Qui sait ce qui m'aurait attendu une fois seule chez ces deux fripouilles ?

Je n'en reviens pas. Comment a-t-il pu avoir la décence d'esprit de s'accaparer les mérites de quelqu'un d'autre ?

Je regarde à nouveau le corps d'Enzo à terre. Quand je suis allée chez Louis, il n'y avait pourtant aucune blessure sanguinolente. Simplement un hématome gros comme mon poing. Attends, serait-ce la même blessure ? Non. Ce n'est pas possible, quelque chose ne tourne pas rond. Ce n'est pas cohérent. Une telle blessure ne cicatrise pas aussi vite. Mais comment ?

Malgré le dégoût qui monte en moi, je poursuis le visionnage de la vidéo.

Les deux hommes finissent par s'enfuir sans se soucier, ni de moi, ni du corps du jeune homme qu'ils viennent injustement de poignarder.

Quel monde dégueulasse. Ne serons nous jamais en sécurité sur cette putain de Terre ? Comme si les maladies et les accidents ne nous suffisaient pas.

Il y a du mouvement sur la vidéo: c'est Charly qui entre en scène. Il se précipite sur moi, vérifie que mon pouls fonctionne bien et semble appeler à l'aide. Mais personne ne vient. On me voit tendre le bras vers Enzo. Tiens, je ne me souviens pas avoir été consciente à ce moment-là.

Il me dépose délicatement sur le sol puis vient vérifier le pouls d'Enzo. Charly regarde autour de lui puis revient vers moi, se baisse pour me glisser sur ses bras et s'en va.

Quoi ? Et Enzo ? C'est Enzo qui avait le plus besoin d'aide ! Je n'ai fait que m'évanouir alors pourquoi laisse-t-il Enzo giser sur le sol comme un oublié ?

Je suis déçue. Je suis choquée. Charly mérite le regard meurtrier que je laisse peser sur ses épaules. Lui aussi m'a caché des choses. Et puis surtout, je pensais que c'était un homme bien. Un homme là pour les autres, comme il l'a été avec moi. Comme il l'est pour les clientes. Alors pourquoi Enzo aurait-il le droit à un traitement différent ? Qu'a-t-il donc fait de si horrible pour que Charly ne se soucie guère de sa situation ? Est-ce seulement une question de compétition masculine ?

J'en ai la boule au ventre.

— C'est tout ? je demande, la gorge serrée par l'émotion.

— Il reste encore trois minutes, autant aller jusqu'au bout, me conseille le PDG, lui-même décontenancé face à cette mise en scène digne des meilleurs thrillers hollywoodiens.

Quelle réaction a-t-il pu avoir lorsqu'il l'a vu pour la première fois ? Juge-t-il de la même manière que moi, notre cher responsable ?

Ce n'est que deux minutes plus tard, alors qu'Enzo n'a pas bougé d'un poil, qu'une voiture arrive et vient se mettre en warning juste devant le club.

Mais où était passé le vigile à ce moment-là ? Pourquoi ne sont-ils jamais là lorsque des choses pareilles arrivent ? Pour mettre les filles bourées dehors comme des bourrins ils sont là, mais pour arrêter des harceleurs ou des brutes, il n'y a plus personne.

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant