CHAPITRE 20

259 30 6
                                    


Charly a insisté pour me déposer à la maison. Je lui ai pourtant dit que prendre les transports me convenait très bien, mais il en a décidé autrement. Je n'ai pas eu mon mot à dire.

Tantôt ferme, tantôt vacillant, je n'arrive pas à le cerner. Nous nous sommes pourtant rapprochés cette dernière année, et les évènements d'hier l'ont sûrement fait davantage. Mais j'ai beau le tutoyer, connaître grossièrement sa vie sexuelle, et avoir passé la nuit dans son appartement, j'ai l'impression d'être à des années lumières de lui.

Il ne répond quasiment jamais directement à mes questions, et c'est le roi pour fuir tout sujet auquel il n'a pas envie de prendre part. Comme s'il cherchait absolument à garder une part de mystère. C'est sûrement pour ça que j'ai du mal à lâcher l'affaire. Qui sur cette planète n'est pas attiré par les mystères ? Bon, Diamond school est hors contexte. C'est pas un mystère, c'est la maison des horreurs, et jamais je n'y mettrais les pieds. Mais qui ne rêverait pas de pénétrer dans la sphère occulte de Charly ?

Charly conduit et je regarde lascivement le paysage qui défile à travers la vitre. Il habite en banlieue éloignée et s'il n'y avait pas une aussi grande zone commerciale à proximité, j'aurais même dit qu'il vit à la campagne. Les champs de bétails et de maïs s'étendent à perte de vue.

Vu la nuit que nous avons passée, le silence est roi dans l'habitacle. Pourtant, la curiosité prend le dessus sur la fatigue, et je lui demande:

— Ta petite amie n'a rien dit pour hier ?

Il resserre les mains autour du volant.

— Ce n'est pas ma petite-amie.

Sa réponse a le don de me rassurer. C'est bien ce qu'il me semblait. Je préfère qu'il enchaîne les plans culs, plutôt qu'il vive une grande histoire d'amour avec une fille mille fois mieux que moi. Moi, égoïste ? Pas du tout.

— Mais ça a bien dû l'embêter que tu disparaisses pour t'occuper de moi ? j'insiste.

— Je ne fréquente pas des fillettes, Arianne. Elle a été très compréhensive.

Ouch. « Fillette ». Pourquoi j'ai l'impression que ce terme me désigne sous toutes les coutures ? C'est vrai qu'au fond, je ne suis qu'une gamine qui vit encore chez ses parents. Et qui joue à des cap ou pas cap avec ses meilleurs amis...Ridicule.

— Tant mieux...dans ce cas, je réponds vexée en regardant de nouveau le paysage qui devient progressivement de plus en plus urbain.

La voiture de Charly est de toute beauté. Une Mercedes, d'après le logo. Et elle brille de mille feux. Je ne parle même pas de l'intérieur tout en cuir noir et le petit joujou technologique qui lui sert de tableau de bord.

J'ai presque honte d'y poser mon fessier avec des vêtements de sport. Je ne critique pas les vêtements de Charly, loin de là. En revanche, j'estime qu'une telle voiture mérite au moins une bonne paire de talons aiguilles. Là, j'ai juste l'impression d'être une laveuse de vitre qui a été prise en pitié par un homme riche et séduisant.

Mon responsable est aussi habillé de manière sportive, mais contrairement à moi, il pue la classe. Même nu il ferait honneur à cette voiture.

— On va bientôt prendre le périphérique. Donne-moi ton adresse.

— 32 quai de la liberté, Santon.

Il lève un sourcil et me regarde avec surprise.

— Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Rien, ça me rappelle des souvenirs.

— Je suppose que tu vas me proposer un troisième croissant si je te demande lesquels ?

DIAMOND SCHOOL TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant