Chapitre 31: Plaisirs coupables

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"La condition des hommes est de s'emprisonner de leur propre volonté. Ils sont faibles et ne supportent pas d'être libre. La loi, la religion, les sentiments...Ils s'enferment dans tant de chaînes qu'ils en oublient leur nature profonde. Emmitouflés dans leur morale étouffante et insipide, les vrais plaisirs de la vie leurs échappent complètement. C'est en cela que l'on peut les appeler inférieurs. Inférieurs à ceux qui parviennent à s'élever au-dessus de la morale, à s'en affranchir. Alors que les êtres inférieurs sont programmés par leur moral, prévisibles et manipulables, ceux que j'appelle les éveillés sont meilleurs. Libérés de toute morale, ils n'ont pas de limite, car aucune méthode n'est trop vil ou trop infâme pour arriver à des résultats. Le bonheur ne peut être le fruit d'une simple réussite sociale ou sentimentale.Il ne peut être que le résultat d'une victoire sur la vie elle même. Je veux bien sûr dire que pour se sentir véritablement en vie, la seule méthode est de réduire en cendre la vie d'un autre, d'un inférieur. Pour cela, la force n'est qu'une solution tant temporaire que fragile, et jamais elle ne suffit. Parfois elle soumet, jamais elle ne parvient à briser. Ou alors elle le fait sans finesse, sans art, sans intérêt. L'esprit est une arme bien plus redoutable, quitte à laisser faire le travail manuel par quelqu'un de plus compétent dans ce domaine. L'objectif n'est ni la gloire, ni un quelconque bien matériel. C'est quelque chose de bien plus grand. L'incommensurable plaisir d'observer chaque rouage se mettre en place dans un but qu'il ignore, mais qui est inéluctable. L'euphorie sadique de voir tout s'écrouler autour de sa proie. Tu comprend ce que je veux dire n'est-ce pas ? Combien de fois t'es tu surprises à avoir des pensées contraire à ta morale ? Combien de personnes seraient mortes de ta main si absolument rien ne t'en empêchait ? Voilà ce que tu dois comprendre: la liberté ultime ne peut être atteinte que par le dépassement de tout les principes, de toutes les règles. Tu peux comprendre ça ?"  Un râle apeurée se fait entendre pour toute réponse. "Ah bien sûr, il faut que j'enlève ton bâillon." Je m'approche de ma camarade ligotée à un poteau au centre de la pièce et m'accroupis tout proche d'elle. "Oh ! Et n'ai pas l'idée stupide de te mettre à hurler, ce qui m'obligerai à laisser mon très cher acolyte te découper violemment en morceau. Ce serait vraiment dommage, tu ne trouve pas ?" Je retire avec délicatesse le chiffon placé dans sa bouche. Je  plonge mon regard dans ses grands yeux apeurés, savourant la délicate odeur de terreur qui emplit la pièce,  me faisant même esquisser un sourire satisfait. "Voilà, c'est exactement ça ! Continue comme ça, tu es parfaite. Alors, tu as bien tout compris ? Pour toi, ta vie doit être relativement précieuse, non ?" Elle me regarde, toujours terrifiée, mais cherchant un moyen d'opposition, aussi stupide soit-il. Elle ouvre la bouche et sûrement par une volonté de courage et d'héroïsme, elle répond "Vas-y, tue moi Julien ! Je refuse de devenir complice d'un monstre, quoi qu'il m'en coûte !

-Oh ! Me voilà vaincu ! Comment vais-je faire face à un tel héroïsme ! Bon...Tant pis.  H ? Prend bien ton temps, on a quelque heures à tuer." Alors que mon associé, un grand sourire sur les lèvres, s'approchent lentement de sa nouvelle proie, muni de son couteau favori, une arme sertie d'un magnifique rubis sur le manche, et dont la lame est régulièrement affutée pour en faire un outil tant mortel que morbidement esthétique, je m'assied dans l'unique chaise disposée sur le béton froid. En voyant se rapprocher la lame et avec elle les milles souffrances et tortures délicieuses qui s'annonçait, le visage de la jeune fille blêmit. Les gouttes de sueur qui fuyaient déjà sur son visage innocent se firent légion quand elle vit les premières perles de sangs s'échapper de son avant-bras, presque avant même que la douleur ne parvienne à son esprit horrifié, tandis que la première entaille s'ouvrait avec grâce, comme une peinture se dévoile lentement sous le pinceau habile de l'artiste. Sa raison ne pouvant plus se raccrocher à un infime espoir que tout ceci ne soit qu'une plaisanterie de mauvais goût, et son cerveau ne lui donnant plus qu'une information: "Survit ! Survit ! Survit !" elle abandonna tout son héroïsme épique, et commença enfin à supplier pour sa vie.  Il était temps ! Je calme les ardeurs de mon sous-fifre et  adresse à nouveau la parole à l'héroïne terrorisée: "Je savais qu'on pourrait s'entendre. Tu as parlé de complice tout à l'heure. Je préfère dire que nous sommes amis désormais. Et que font les amis, si ce n'est se rendre quelques menus services quand l'autre est dans le besoin ?"


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