Ambre

Chapitre 35: Acharnement

C'est ma faute. Tout est de ma faute. J'ai eu tant d'occasion d'être quelqu'un de meilleure. Je les ai toutes ratées. Je n'ai toujours pensé qu'a moi, et maintenant...Maintenant qu'est-ce que je peux faire ? Je n'ai plus de support auquel me raccrocher. Mon téléphone vibre encore. Je n'ai pas eu le courage de le mettre en silencieux ni de l'ouvrir. A chaque nouvelle vibration je peux imaginer que c'est papa qui m'envoie un message pour me dire qu'il est vivant. Ou que Mathieu me laisse une nouvelle chance. Mais je sais bien que ce n'est rien de tout ça, alors je laisse l'écran contre mon bureau, et j'espère. Maman a accepté que je n'aille pas au lycée quelque jours. De toute façon, elle ne s'en serait même pas aperçu si je ne le lui avait pas dis. Je regarde mon téléphone. Dans ma tête, une petite voix me souffle de regarder mes notifications. Ce serait si dommage de rater un message réconfortant non ? Et pourquoi rester dans le déni ? Ignorer les choses ne les empêchent pas d'exister. Je reste un peu de temps à me demander quel est la meilleure chose à faire. Et je décide de céder. J'allume mon téléphone, et, le doigt tremblant, j'ouvre l'application remplie de message. Après avoir lu quelque post, mon souffle devient court, saccadé. Mes yeux s'écarquillent, et se remplissent de larmes. Non...C'est impossible. Impossible.Impossible. Non ! Vous dîtes n'importe quoi ! Menteurs ! Vous mentez ! C'est faux ! Pourquoi vous dîtes ça ?! Arrêtez ! Arrêtez !...Arrêtez...Chaque nouveau message que je lis me fais plus mal que le précédent. Je devrais m'arrêter. Je dois fermer l'application. Mais je n'y arrive pas. J'enchaine les posts les un après les autres, mes convictions s'effondrant lentement. Papa...tu...tu...tu n'as pas pu faire ça ? Tout ça, ce ne sont que des mensonges, hein ? Répond-moi putain ! Dis moi que tu n'as rien fais ! Dis moi que tu es le héros que j'ai toujours adoré...Dis moi que j'avais raison de te faire tant confiance...Quand je lis les posts les plus récents, je me rend compte que toute leur colère se dirige  maintenant vers...moi. Attend...Attend attend attend...Mais c'est dégueulasse !! Comment ils peuvent sous- entendre que Papa et moi...beurk ! ...Je jette violemment mon téléphone à l'autre bout de ma chambre. Je m'écroule dans mon lit et je ferme les yeux. Pourquoi est-ce que tout deviens de pire en pire ? Lorsque je rouvre les yeux , je ne ressens plus que de la colère. De la colère contre tout. Contre les gens crédules, contre la police incompétente, contre ma mère inutile, contre Ambre, par ce qu'elle existe, contre Mathieu par ce qu'il l'écoute elle et pas moi. Contre mon père, parce que. Contre mon téléphone qui s'est cassé quand je l'ai lancé. Contre Viktor parce que c'est un connard. Contre tous et toutes, contre cette planète peuplé de monstre et d'abrutis. Contre moi...Parce que je suis conne, et parce que tout est de ma faute. Contre cette saloperie de mouche qui tourne au dessus de mon lit sans la moindre putain de raison. Contre Dieu qui nous regarde comme un enculé en se délectant de notre stupidité. J'ai envie de frapper dans des trucs. Alors je ressors mon vieux sac de frappe. Je le raccroche. Et je le frappe. De toute mes forces. Encore et encore. Et encore. Et encore; encore; encore, encore, encore, encore encore encore ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE !!!!!! Je ne cherche même plus à faire des mouvements particulier. Je veux juste le frapper. Le frapper jusqu'à ce qu'il crève ! QU'IL CRÈVE  BORDEL !!

Deux heures passent avant que je ne réussissent à reprendre le contrôle. Ma chambre est ravagée. Je suis trempée, autant par les pleurs que par la sueur. J'halète bruyamment. Il me faut une douche. Je laisse ma chambre dans son état de ruine de guerre et me dirige vers la salle de bain. Alors que l'eau commence à ruisseler sur mon corps, je respire profondément. Je suis encore en colère, mais j'arrive à rester calme et lucide. Il faut que je retourne au lycée. Je refuse catégoriquement de me laisser abattre plus longtemps. Toute cette colère m'a finalement redonnée de la force. La seule bonne manière d'affronter toute cette merde s'est de relever la tête, et d'être digne. Quoi qu'il puisse m'arriver, je peux rester forte. Et je le resterai. Parce que je suis toujours la digne fille de mon père. Et une chose qu'il m'a apprise, c'est qu'avec suffisamment de volonté, il n'y a rien qui ne soit hors de porté. Alors je ne serais plus faible. J'en ai marre de toujours fuir. Alors j'irais là où je veux aller. Et si quoi que se soit veut m'en empêcher, qu'il essaye, je l'attend.  Je sors de la douche, et forte de mes résolutions je retourne dans ma chambre, lance le dernier album de Powerwolf sur mon ordinateur, et prépare mes affaires. Préparez vous. Alice est de retour, bande de fils de putes.