Chapitre 5 Un ange venu des enfers

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Et merde. Ambre se tient devant moi, me regardant d'un air dubitatif. « Heu... Ça va ? » À ton avis ? Tu pense que ça m'amuse de faire la serpillière ? Pourquoi as t-il fallu que la seule personne qui soit assez stupide pour se perdre dans le lycée soit elle. Je regarde le sol avec insistance, sans lui répondre. Soudain elle semble avoir un éclair de génie. « Ha mais tu es tombé de ton fauteuil ! Attend je vais t'aider...
- Non. Laisse moi.
- Tu n'es pas sérieux ? Je ne vais pas te laisser comme ça, il faut que tu rentres chez toi et...
- Je t'ai dit de me laisser conasse ! » Elle recula d'un pas. J'ai vraiment dis ça ? Elle me lança un regard effaré. Je me suis rappelé que je ne pouvais pas me permettre de prendre plus de coup, sinon je deviendrais vraiment une serpillière. Elle vit les larmes qui coulaient sur mon visage. Puis elle se rapprocha de moi et me dit « Je vais t'aider, que ça te plaise ou non. » Elle me souleva avec délicatesse et me posa sur mon fauteuil. Elle prit les manettes et me demanda: « Ha oui au fait... tu peux me dire où est la sortie ? »

Après lui avoir montré comment sortir, nous parvenons en silence en dehors du bâtiment. La nuit n'était pas encore tombé, et le soleil couchant illuminait le ciel d'une lumière orangé. Elle rompit le silence « Tu habites où ?
- Ça ne te regarde pas.
- Et comment je te ramène chez toi sans ça ?
- Je peux rentrer seul.
- Ne sois pas ridicule, tu as vu ton état ? » Elle n'a pas tort. J'ai à peine la force de rester conscient. Je grogne. Elle le prend pour un acquiescement. Je me demande pourquoi elle fait ça. Sans doute qu'elle veut se donner bonne conscience, et faire croire aux autres une soi disante bonté pour les lâcher ensuite, lorsque ils ne servent plus à rien. La question, c'est qu'attend t'elle de moi. Elle ne parle pas. Tant mieux. N'as t'elle personne qui l'attend chez elle ? Si, sûrement. Elle doit faire partie de ces gens détestables qui méprisent leur parents. Elle s'en fiche que des gens s'inquiète pour elle. Je sens la colère qui monte en moi, au fur et à mesure que je réfléchis.

Ce n'est pas la première fois que je rentre tard. Je laisse mes souvenirs remonter à la première fois que je suis rentré plus tard à la maison. Je préfère revivre ça plutôt que de rester avec ce démon au visage angélique. C'était un soir de novembre. Je m'étais fait rouer de coup, mais cette fois, il m'avait laissé sur mon fauteuil. Le système de déplacement du fauteuil était endommagé, et je devais faire tourner les roues avec mes bras. Enfin ce qu'il en restait. L'effort que j'ai fait à ce moment là me semblait surhumain, la faim et la honte me martelait le ventre, mes bras couverts de bleus me suppliaient de m'arrêter, et mon esprit n'avait qu'une seule pensée: fuir. Pourquoi est-ce que les trottoirs n'arrêtaient pas de s'allonger à chaque mètre parcouru ? Les étoiles me regardaient de là-haut. On m'avait dit que ma petite sœur était devenue une étoile, et qu'elle serait avec moi pour toujours. Je n'y ai jamais cru. Si Ambre était devenu une étoile, sa lumière aurait éclipsé toute les autres, et elle était trop gentille pour faire du mal aux autres astres du ciel. Quand je suis arrivé à la maison, j'ai vu mes parents. Ils n'étaient pas inquiets. Ils m'avaient laissé un peu de repas. Et quand il a vu que j'étais rentré, j'ai lu de la déception dans les yeux de mon père.

« C'est ici chez toi ? » La voix de cette fille me tire de mes souvenirs. « Oui.
Bon ba voila. À demain ! » J'espère que non. Elle part ensuite en marchant rapidement et en souriant. Elle disparait à l'angle de la rue. . Et dans un soupire, je laisse échapper :
« Merci ».

AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant