Chapitre 26: Le prix à payer

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La justice. Par définition même, la justice n'existe pas. Les hommes ne naissent pas égaux. Certains sont forts, d'autres sont faible. Certains sont malades, certains sont stupides. Les hommes, fiers de cette injustice, ont créé plus de divisions: l'argent, les nations, la beauté, le bien et le mal... Puis, ils ont inventé Dieu. La justice divine, qui permet de tout juger, sans rien avoir à faire. Si un homme est aveugle, c'est qu'il est un pécheur, et que Dieu le punit. Ils ont créé l'enfer et le paradis, la carotte et le bâton. Lassé de cette suprême justice invisible, les humains ont ensuite inventé une nouvelle justice, qui se repose sur la notion de bien et de mal. Ils ont défini ce qu'il fallait faire ou ne pas faire, pour leur sécurité. La sécurité au prix de la liberté. Les règles nous enferment et nous protègent. Pour dissuader les criminels, la justice impose des sanctions. Reprenant le système humain de commerce, les criminels doivent payer un coût selon leur crime. Les prix vont de l'argent à la vie, en passant par le temps. Mais cette parodie de justice ne peut pas juger chaque individu, elle se contente de ceux qui transgressent ses règles prédéfinies. Alors parfois, chacun se fait sa propre justice. Une justice dont on est soi-même le policier, le juge, et le bourreau. Mais que juger ? Est-ce que l'autre est, ou ce qu'il fait qui le rend coupable ? La personne ou le personnage ? Une justice factuelle ou spirituelle ? Le plus simple est souvent de juger le personnage que la personne, pourtant, seul la personne souffre. Et bien souvent, la justice personnelle ne s'embarrasse pas de ces questions. Il n'y a dans ce cas qu'une seule vérité. Les faits sont l'être, la personne est le personnage.
Est-ce le cas maintenant ? Quelle vérité n'ai-je pas vu ? Était ce plus simple de ne voir que le personnage ? C'est bien plus facile de détester sans se poser de questions que de chercher à comprendre. J'ai donc un choix qui s'offre à moi: le pardonner ou non. Je regarde dans ses yeux et y voit une réel culpabilité. "Pourquoi ? Pourquoi avoir fait tout ça durant tout ce temps ?" Il sourit faiblement, « c'était drôle au début. Voir les rôles s'inverser. Voir tout ces enfoirés me craindre. Se sentir invincible. Être fort, et les dominer. Ensuite je l'ai rencontrée...la paranoïa. Ils étaient tous des monstres, qui me détestaient. Quand quelqu'un me regardait, je sentais son jugement sur mes épaules. Ils me voulaient tous du mal. Ils attendaient que je ne les regardes plus pour me frapper dans le dos. Manger ou être manger. Les antilopes considèrent les lions comme des montres, mais ceux ci en sont-ils pour autant ? Tu sais comment je me suis rendu compte que j'avais merdé ? J'ai retrouvé le vieux poème que j'avais écrit en quatrième. Le dernier que j'ai écrit. J'ai compris que je n'étais plus ce que j'avais été. Ce n'était plus drôle. Ce n'était plus une question de manger ou être manger. C'était juste trop tard. Je ne savais plus rien faire d'autre que vivre comme ça. J'avais peur de perdre ce qu'il me restait.
- Premièrement, qu'est-ce que tu crois que j'en ai à foutre de ta vie ? Tu penses que je vais m'apitoyer sur toi ? Tu penses que tu es la victime de l'histoire ? Tu me dégoûte. Avant de prétendre être désolé, paie le prix de tes actes. Et deuxièmement, pourquoi tu parles au passé depuis tout à l'heure ?
- Le prix de mes actes ? Il m'attend. C'est fini maintenant. » Il regarde sa montre. Une montre électronique rouge. «Oui...C'est fini. » Il se relève et se dirige vers les policiers qui semblaient l'attendre. « Est-ce que tu me pardonnes ?
-...Va crever. » Il baisse les yeux et se retourne. « On se reverra Mathieu. Je te le promets. » Les policiers l'escortent jusqu'à une voiture de police. La voix de l'inspecteur résonne dans les hauts parleurs « Merci à tous de votre participation. Vous pouvez maintenant rentrez chez vous. » Mais Ambre n'est toujours pas revenu. Je vais devoir aller la chercher. À ce moment, mon téléphone se met à vibrer.

AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant