Chapitre 32: Chienne de vie

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 Après ce qui s'est passé la semaine dernière, Ambre ne m'a plus lâché d'une semelle. J'aurais sans aucun doute trouvé ça insupportable il y a quelque temps, mais maintenant, je n'arrive presque plus à imaginer mon quotidien sans elle. C'est un peu ridicule, mais je me sens juste...bien avec elle. Je ne me contente plus de l'écouter, je prend du plaisir à discuter de tout et surtout de rien avec elle, et en apprendre d'avantage sur sa vie au fur et à mesure que nous commençons à réellement nous faire confiance. Contrairement à ce qu'on pourrait croire à la première impression, en la voyant parler avec aisance et rayonner de bonne humeur de la première heure au coucher du soleil, elle ne parle pas de sa vie. Elle détourne avec plus ou moins d'habileté le sujet vers autre chose. Mais aujourd'hui, elle arbore un air à la fois déterminé et angoissée.  Pendant la pause de midi, alors que je lui demande ce qui lui vaut cette mine, elle me regarde d'un air grave qui tranche avec son habituel légèreté. " Dis Mathieu, tu te souviens de ce que tu m'as dit la semaine dernière ?" Je m'en souviens, même si j'aurais préféré ne pas trop aborder le sujet. "Oui. Mais ne t'inquiète pas ! J'étais juste complètement perdu après tout ce qui s'était passé. Mais ça va mieux maintenant je t'assure !" En réalité, je suis toujours complètement perdu. Je n'ai pas encore décidé si je devais pardonner à Alice, ou à Victor. Je n'arrive pas encore à mettre de l'ordre dans mes pensées, mais j'essaye de ne pas y penser. Je ne sais pas si c'est grâce à Ambre , mais je suis lassé de me morfondre. J'ai pris une décision que je ne pensais plus pouvoir prendre: je vais m'en sortir. Je ne sais pas si je le mérite ou si j'en ai le droit. Je ne sais pas si je pourrais réussir à oublier ce qui s'est passé au collège, ni même si je veux vraiment l'oublier. Ce que je sais par contre, c'est qu'il vaut parfois mieux ne pas savoir. Se laisser porter par une once de naïveté, d'innocence. Et oui, je l'ai compris. Je l'ai compris en étant aux cotés d'Ambre. En observant d'abord avec dédain, puis avec incompréhension, et enfin avec admiration sa joie de vivre. Son bonheur simple mais pur. Voilà pourquoi j'ai changé. Grâce à elle.  Mais aujourd'hui, elle semble préoccupé. Elle reprend "Ce que je vais te dire, tu pourrais ne le dire à personne, s'il te plaît ?". Comprenant rapidement le sérieux de la situation, je lui fais un signe d'approbation de la tête et me prépare à écouter avec attention. Elle commence alors son récit. Emporté par sa voix, je remonte avec elle le fil de ses souvenirs, sans l'interrompre.

Je suis Charles Edward Richard de Beauchâteau. Mais vous pouvez m'appeler Alex. Si vous doutez de la qualité de mon nom, ce n'est pas moi qui l'ai choisit. Non, c'est ma maitresse. Elle s'appelle Ambre et elle à 7 ans. Moi je n'ai que six mois. Mais j'aime beaucoup courir avec elle dans le petit parc. Je suis son chien, un welsh corgi pour être très exact. Ambre, c'est ma maitresse, mais il y aussi Maman et Papa. Maman m'aime beaucoup, mais Papa est plutôt méchant avec moi. Mais il travaille toute la journée, donc je ne le vois pas beaucoup. Maman et Papa se dispute souvent, mais ils attendent qu'Ambre soit au lit. Alors ça va. Malgré tout, on vit heureux dans notre petit appartement. Tant que je veille sur ma maîtresse, je suis un petit chien heureux.

Ambre à 10 ans maintenant. Elle grandi vite, plus vite que moi. Elle a beaucoup d'amis qui viennent parfois à la maison pour jouer. J'adore jouer ! Ambre et moi on joue tout le temps, ou presque ! A la balle, au bâton, à courir dans le parc, ou à faire des galipettes ! Maman préfèrerait que ma maîtresse passe plus de temps à travailler plutôt qu'à jouer, donc parfois on se fait gronder. Mais c'est pas très grave. Papa est beaucoup plus souvent à la maison maintenant. Je crois qu'il cherche un nouveau travail. J'espère qu'il va rapidement trouver, parce qu'il me fait un petit peu peur. Quand j'aboie un peu trop fort, il se met à aboyer très fort. Ambre aussi ça lui fait peur, et elle se cache sous son lit quand Papa se met à aboyer contre moi ou contre Maman.

Aujourd'hui est un grand jour ! Ambre va au collège pour la première fois ! Pour l'encourager, je lui ai fait la fête et j'ai sautillé autour d'elle. Elle a beaucoup ri, mais pas Papa qui m'a enfermé dans la cuisine dès qu'elle est parti. Il n'a pas retrouvé un nouveau travail, et il se dispute vraiment beaucoup avec Maman quand Ambre est en train de dormir. mais quand elle est réveillée il reste calme. Il boit beaucoup de bouteille du jus rouge que je n'ai pas le droit de toucher et qui rend tout bizarre. Maman à l'air très fatiguée. Elle a trouvé un travail, mais du coup elle n'est plus beaucoup à la maison en journée. Elle rentre tard le soir. Quand elle n'est pas là, Papa m'enferme dans la cuisine. C'est pas très gentil.

Je crois que j'ai failli mourir aujourd'hui. Papa m'a enfermé dans la cuisine pendant très longtemps. Ambre était allez dormir chez des amies, et Maman est rentrée encore plus tard que d'habitude. Et Papa m'a oublié et n'a pas rempli ma gamelle. Heureusement, Maman a fini par rentrer, et m'a donné une double ration de croquette. Je n'ai pas envie de retourner dans la cuisine. Ambre joue toujours beaucoup avec moi. Elle est toujours de bonne humeur quand elle joue. Tant qu'elle est là, tout va bien.

Ambre a 12 ans, et à la maison, c'est de pire en pire. Papa boit encore plus de jus. Maman ne parle plus. Au début, je ne comprenais pas trop pourquoi. Mais un jour j'ai vu Papa la frapper, très fort. Quand j'ai vu ça, je suis parti en courant. Papa est devenu encore plus grossier et colérique. Il cri même quand Ambre est là maintenant. Quand ça arrive, on se cache avec Ambre sous son lit, et on se roule en boule dans la couette. On se dit qu'un jour, tout redeviendra comme avant. C'est dur quand on entend les hurlements de Maman qui montent de la cuisine."

Lorsque nous sommes venus dans la cuisine pour prendre un petit déjeuner, pendant que Papa dormait encore, on a vit maman suspendu à une corde par le cou, qui ne bougeait plus. Ma maitresse à hurlé, pleuré, et appelé la police. Ils sont rapidement arrivé.  Je n'ai pas compris tout ce qui s'est passé, mais nous n'avons plus revu Papa et Maman. Nous sommes allé vivre chez le frère de Maman.

Le frère de Maman avait l'air gentil au début. Mais un jour je l'ai vu crier et frapper ma maitresse. Alors ça non ! Personne ne peut frapper ma maitresse ! Alors je lui ai aboyé dessus de toute mes forces. Mais il n'a pas arrêté, il m'a juste lancé une chaussure dessus ! J'ai vu qu'elle le suppliait d'arrêter, et qu'elle pleurait. Non ! je ne veux pas qu'Ambre finissent aussi suspendu a une corde comme Maman !... Alors je lui ai mordu les chevilles très fort. Il m'a donné un grand coup de pied, et je suis tombé inconscient. Et maintenant, je viens de me réveiller, je suis couché sur une table et un monsieur en blanc s'approche avec une aiguille. Est-ce que ma maitr



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