Chapitre 3 Son nom est Ambre

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Un jour un imbécile à dit : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ».
Voilà bien l'exemple de quelqu'un qui n'a jamais connu la vrai douleur, celle qui écrase les plus profondes de tes convictions, détruis ta volonté, et te laisse seul. Avec le jugement de l'univers pesant sur tes épaules brisées. Je vis avec cette douleur, elle me tient compagnie, elle est ce qui se rapproche le plus pour moi d'un ami. Elle est venue vivre avec moi quand j'ai appris que ma sœur ne se réveillerait plus jamais. Depuis, elle n'est jamais partie. On dit que le temps guérit toute les blessures, mais c'est faux. Chaque jour, la plaie béante laissée dans mon cœur ne fait que s'élargir, encore et encore.

Et voilà où j'en suis. Assis pour l'éternité, aucune rédemptions n'est possible, ma vie se résume désormais à observer les gens, cette masse grouillante, bruyante, indifférente. Ce monstre aux mille yeux, que j'ai appris à détester. Posé au fond de la cour, je m'emploie activement à détester le monde. J'ai de la colère en réserve, plus que d'habitude. Le destin est donc si cruel que me prendre tout n'est pas suffisant pour assouvir sa soif de souffrance ? Si il y a un Dieu là-haut, il a un sens de l'humour sacrément tordue. Une larme de souffrance coule sur ma joue, une goutte de plus dans l'océan de tristesse sur lequel je navigue. Pourquoi ?! Pourquoi as t-il fallu que cette fille lui ressemble autant !? Pourquoi le destin se joue t-il de moi à ce point !? Pourquoi est-ce qu'elle porte son nom ?! Je risquais d'oublier c'est ça !? D'oublier que ma sœur est morte à cause de moi !? Comment cette fille ose t-elle porter son nom ! Je hurle intérieurement contre la vie, contre la foule indifférente, contre cette fille que je ne connais même pas,mais que je déteste déjà.

Les cours passent lentement, j'essaye de faire comme si elle n'existait pas, même si c'est dur. Comme pour me torturer, cette fille n'a eu de cesse de poser des questions, et de participer aux cours. À chaque fois qu'elle parlait, je sentais des aiguilles se planter dans ma gorge, et j'entendais le bruit du crissement des pneus. Je n'arrive pas à me concentrer. Les professeurs défilent, heures après heures, parlant de leur matière, enfin, je crois. J'étais occupé à oublier, et à souffrir. Le dernier professeur, celui de français, était un jeune homme d'une trentaine d'années, cheveux noir coupés courts, yeux vairons, musclés, bien habillés, un anneau d'or ornant son annulaire gauche. Il faisait des blagues, et expliquait clairement. Il avait l'air gentil, et souriait constamment.

Enfin l'heure de la fin des cours retentit, je rangeai lentement mes affaires et me préparait à partir, quand le professeur me fit signe de rester. Je ne voulais pas rester. Je ne pouvais pas partir. Quand tout le monde fut parti, il s'approcha de moi et commença à me parler « Je sais ce qu'il t-es arrivé Mathieu... » Qu'est-ce que tu crois savoir ? Tu ne sais rien de moi. Tu as des jambes. «...si tu as besoin de parler, je serai dans mon bureau, n'hésite surtout pas à venir.
-Ne vous inquiétez pas monsieur » M'aider ? Je ne veux pas de ton aide. Tu te crois supérieur hein ? Tu as des gens qui t'aime, tu es parfait, et tu crois savoir ? Et tu veux m'aider ? Je ne pus retenir un rire, ce qui fit arquer un sourcil à Monsieur Parfait. Ensuite je me mis à rouler vers la sortie, et il ne fit rien pour m'en empêcher. Dans les couloirs, j'entendis une voix venant de derrière moi « Alors, on fait son soumis avec le professeur ? » je me retournai, et je vis un lycéen de grande taille, avec un sourire cruel sur les lèvres et une oreille à moitié déchirée...
« Alors tocard, tu as perdu ta langue, en plus de tes jambes ? »

AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant