Chapitre flashback 7 partie 2: La dictature cool

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Je suis Martin Pitroufileur. Et je suis le professeur principal de la troisième deux. Et en ce moment au collège, c'est très compliqué. La situation a toujours été tendue, mais là, on arrive au stade au dessus. Il y a un mois et demi, une nouvelle est arrivée, la petite Alice. Grâce à son apparence et son comportement au premier abord adorable, elle s'est rapidement fait accepter par tous le cercle des élèves "populaire". Au début, il y avait quand même un certain nombre de personnes qui se méfiaient d'elle, et qui ne l'aimaient pas trop. Mais elle est très douée pour se faire apprécier et ils ont rapidement changé de discours. Elle voulait sortir avec Grégoire, le garçon le plus populaire de la classe. Le problème, c'est que Grégoire avait déjà une petite copine avant son arrivée: Brigitte. Grégoire l'a trompée avec la nouvelle, et Brigitte a rompue. Surprenamment, tout le monde a pris le parti de la nouvelle et a rejeté Brigitte. C'est assez incroyable, tout le monde semble l'admirer. Lorsque elle veux se débarrasser d'un élève, elle a trouvé une astuce diabolique. Tous les mois, elle organise un concours de popularité dans la classe. Chacun vote pour deux personnes. La personne qui obtiens le moins de voix devient automatiquement le nouveaux souffre-douleur de la classe, et tout le monde commence à le harceler. Je ne sais pas si c'est elle qui a inventé ce dispositif, mais il est diaboliquement efficace. Ceux qui ne sont pas d'accord avec ce système se taisent pour ne pas être les prochains. Il suffit qu'elle dise qu'elle n'aime pas trop une personne pour qu'on soit sûr que cette personne n'obtienne aucun vote. Elle contrôle complètement la classe. C'est juste incroyable. Je ne pensais pas avoir ce genre de situation à gérer un jour. En tant que professeur, j'ai essayé plusieurs fois de régler le problème, mais comme tous voient ça comme un simple jeu tant qu'ils ne sont pas ciblés, je n'arrive pas à convaincre un élève de porter plainte. Même lorsque leurs agresseurs sont pris en flagrant délit de harcèlement, les victimes préfèrent se ranger de leur coté pour ne pas être considéré comme un rapporteur. Une balance comme ils disent. Je déteste cette impression d'impuissance. Il faut qu'on fasse quelque chose, mais quoi ? Alice est la cause de tout ça, mais elle n'a rien fait directement qui nous permettrait de faire quoi que ce soit. En plus elle est fille de prof, et a un air totalement innocent. Mes collègues ne me croiraient même pas. J'ai réussi a découvrir tout ça en surprenant des conversations à droite et à gauche, et j'ai ensuite pu le vérifier en observant la classe avec attention. Je ne peux rien faire contre une ado de 14 ans...C'est déprimant.

C'est génial. Tout se déroule parfaitement. Je crois que dans ce collège les gens sont encore plus cons que dans le précédent. Il a suffit de se montrer toute gentille, de gérer un peu sur les réseaux sociaux, et de pécho un connard, et hop ! Dans la poche ! Tout en s'occupant discrètement des élèves un peu trop lucides, au début par moi-même, puis par la classe, qui à la bonté de s'auto-soumettre. Ce système de vote est vraiment génial. Les gens sont tellement plus sympathique quand ils sont sous une menace constante ! Enfin, les choses se passent bien pour le moment. Le seul problème, c'est M. Pitroufileur qui commence à poser beaucoup de question. Mais bon, il n'y a rien qu'il puisse faire. Il ne me reste plus qu'une chose à faire: régler une bonne fois pour toute le problème avec Mathieu. Normalement, je dois aller le voir demain. Il suffira de lui dire rapidement que tout est fini entre nous, et que je suis bien plus heureuse maintenant. Et ensuite je retourne calmement à mes occupations satisfaisantes. Comme si je ne l'avais jamais rencontré. C'est simple.

C'est impossible. Tout se passait bien jusque maintenant, pourtant...Je suis monté dans la voiture de Papa, déterminée à en finir. Je suis arrivée à l'hôpital, on nous a laissé entrer, j'ai pris l'ascenseur jusque au bon étage, j'ai ouvert la porte de sa chambre, et je me suis approché de son lit avec la même volonté. Bon, il n'est pas réveillée. Du coup je l'attend, je vais pas revenir plus tard, je suis là ! Donc je le regarde. Et je repense à ce que je dois lui dire. Et plus j'y pense, plus je me remémore des choses. Et plus j'ai peur. Peur qu'il ne se réveille. Peur de devoir lui dire tout ça. Je ne devrais pas avoir peur ! Je suis Alice Leroy ! Je ne peux pas me laisser attendrir comme ça par un garçon,  aussi mignon soit-il. Alors que je le regarde encore, je me souviens qu'il ne pourra plus jamais marcher. Je me souviens aussi que sa petite sœur est morte. Et je me trouve horrible. Mais pire encore que tout ça, je me souviens des moments que l'on a passé ensemble. Et je les trouves beaux. Je me souviens de toute ces fois où on mangeait  la bouffe de la cantine, qui était dégueulasse, mais qu'on s'en foutait parce qu'on était ensemble. Je me souviens des moments ou on jouait tous les deux avec Ambre. Je me souviens des moments où on s'est embrassés. De tout les moments où on s'est embrassés. Et je me souviens que si je lui dit ce que j'ai à lui dire, ce que je dois lui dire, aucun de ces moments ne pourra plus jamais se reproduire. Ce sera fini. Complètement fini. Terminé. Bouclé. Achevé. Réglé. C'est ce que je voulais, non ? En finir avec toute cette histoire... Non. Je ne veux pas que ça se termine. Mais je ne veux pas que ça continue. Cette situation est impossible. Alors il faut fuir. Avant que Mathieu ne se réveille, je sors en courant de la pièce, dévale les escaliers pour ne pas avoir à attendre l'ascenseur, sors de l'hôpital, remonte dans la voiture de Papa, et rentre à la maison, sans dire un mot.

Cela fait maintenant deux jours que je suis allée à l'hôpital. Et tout va mal. Bien sûr, je reste la petite chef de la classe de troisième deux. Je reste "adorable"et "gentille". Mais je n'arrête pas de faire tourner Mathieu dans ma tête. Je crois qu'il...il...il me manque. Mais je peux gérer. Je suis forte. Ça finira par passer. J'arrive donc dans la cour du collège, pendant que les autres vont en direction de la cantine, et je vais rejoindre sans grandes convictions, mais avec le sourire, Grégoire et les autres abrutis. Ils sourient bêtement et ricanent même un peu. Lorsque je m'approche, ils me disent à voix basse: "Hé Alice, Tom a réussi a ramener de la bière ! Tu viens avec nous, on va dans notre coin habituel." Le coin habituel, c'est une zone derrière les toilettes, qui a la particularité très pratique de ne pas être sous le regard des surveillants. Alors je les suis. Je n'ai jamais bu d'alcool, ou peut-être juste une demi gorgé de vin à un repas. Mais il parait que ça permet d'oublier ses problèmes. Donc j'en ai besoin. Grégoire me tend une bouteille. Allez. Cul-sec.

La journée a bien commencée. Tom a pu chourer des binouzes à son daron, on s'est posé avec les potes et ma meuf Alice dans notre coin, avec le perdant du dernier vote qui faisait le guet. Alice a bu cul-sec la première bouteille. Du coup bah je lui en tend une deuxième. Elle commence à la boire, mais elle s'interrompt. On voit qu'elle est bien bourrée. Elle baisse les yeux et elle me dit "Chuis désolée...J'aurais pas dû faire ça à mon ptit copain...J'regrette..." Je trouve ça chelou, mais mignon. Alors je lui répond. "Mais de quoi tu parles ?"  Alors elle me regarde et elle me dit: "Toi ta gueule." Donc là forcément j'éclate de rire, et je m'approche pour l'embrasser. J'approche mes lèvres des siennes, mais à ce moment là elle crie "NON !" Donc je me recule rapidement, et regarde bien autour qu'aucun surveillant ne viens. "Mais enfin qu'est ce que tu fais ?!" Elle s'approche de moi, en titubant. "Tu peux pus m'embasser... Pace que t'as pris un bus." Elle délire complètement. Tom la regarde et rigole. Alors elle se tourne vers lui, et lui décoche un uppercut dans le menton, un coup de pied dans le ventre et une droite dans le nez. Tom s'écroule, et Alice s'écrit "Pourquoi tu igole toi! Tu t'fous d'ma gueule ?" Les autres essaient de l'arrêter, mais elle les arrêtes tous avec la même efficacité. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus que moi. En me jetant un regard embué d'alcool, elle dit "Toi...T'es pas lui. T'veux m'embasser ? T'as pas l'droit..." Elle s'avance vers moi, et j'avoue que je panique. Elle vient d'éclater tout le monde ! Ce n'est pas normale ! En plus elle est bourrée, elle avait l'air de se battre d'instinct ! Je crie "Au secours !" Puis je me prend un coup de pied dans la mâchoire,  je ressens comme une profonde douleur, j'heurte le béton de la cour et plus rien.


"Monsieur Leroy ce n'est pas négociable ! Votre fille a consommée de l'alcool et tabassée plusieurs de ses camarades dans l'enceinte du collège ! Elle sera renvoyé de cet établissement, et il vaut mieux pour elle qu'elle soit envoyé à St Fabrice !

- Je refuse que ma fille aille dans cet internat ! Elle a surement été entraînée dans tout cela ! Elle est aussi une victime ! Dis leur Alice !

-...Non. J'accepte d'aller à St Fabrice pour un an." Je ne voulais plus qu'une seule chose. Aller quelque part où personne ne me connaît pour réfléchir. "Et je promet de réfléchir à mon comportement et de revenir meilleure."



AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant