Chapitre 37: Au coin de tes lèvres

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Le reste de la pause est passée incroyablement vite. Nous ne nous sommes pas vraiment parlé, mais nous étions là. Et cela nous suffisait.  On s'est embrassés une première fois. Puis une deuxième. Et ensuite j'ai perdu le compte. On s'est parlé de ce qui ne pouvait s'exprimer avec des mots. Les mots pour ne serait-ce qu'y penser, je ne les ai pas moi-même. Si quelqu'un dispose des mots pour décrire ce qui nous arrive, qu'il les garde. Je me sens bien. Ambre me souris, et je comprend facilement qu'elle aussi,  elle se sent bien. En fait, c'est plus que bien. C'est euphorique, c'est magnifique, c'est fantastique, c'est utopique. Je pourrais continuer avec encore beaucoup d'autre mots en "ique", mais je n'en ressens ni le besoin ni l'envie. Pourquoi chercher une réponse dans un tas de lettres alors qu'elle se trouve simplement au coin de tes lèvres ?

L'heure de reprendre les cours à retentit, nous coupant de notre rêverie. Nous sommes remontée en cours, sans vaine réflexion. Ambre prend la place à coté de la mienne. Lorsque Djibril arrive, il constate que sa place a été réquisitionnée, et sans faire de zèle ni se poser de question, il fuit vers la place qu'occupait Ambre jusqu'alors.  Nos professeurs ne sont pas vraiment strict sur le plan de classe. Mais même si ils l'étaient, aucun n'oserait contester qu'une élève comme Ambre, qui ne perturbe généralement pas les cours, s'assoit au coté du premier de la classe, surtout quand celui-ci est en fauteuil. Après avoir finis sans le moindre semblant d'effort les exercices proposés par notre professeure de mathématique, je tourne vers la tête vers Ambre, et constate qu'elle n'a pas encore terminé le premier exercice. Cependant, elle semble excessivement concentrée sur ce dernier. Elle calcul, écrit, rature, recommence. Elle pianote sur sa calculatrice en se mordant les lèvres. Dans le brouhaha d'une classe incontrôlable et incontrôlée, elle reste calme, comme animée par une détermination infaillible. Je trouve ça mignon. Plusieurs questions apparaissent dans mon esprit alors que je la regarde avec ce que j'imagine être de la tendresse. C'est ça être amoureux ? Mais depuis quand est ce que je suis amoureux ? Est-ce qu'on peut dire qu'on est "en couple" ? Est-ce que tout ça ne va pas trop vite ? Comment savoir si ça va durer ? On ne s'est même pas dis "je t'aime". Mais est-ce qu'elle m'aime, ou est-ce que c'est juste la passion d'un instant ? Et moi, est-ce que je l'aime ? Mon cerveau a dit "Voilà qui porte à une réflexion longue et détaillée, qui mènera à une série d'arguments et de contre-argument permettant à terme d'établir un diagnostique clair de la situa...

-Ta gueule et kiffe." A répondu mon cœur. Alors j'ai arrêter d'y réfléchir. Après tout, j'aurais tout le temps de réfléchir plus tard. Tout ceci ne fait que commencer. Autant apprécier chaque seconde de cette félicité nouvelle. "Tu as besoin d'aide pour tes exercices ?" Elle tourne la tête vers moi, avec un air plein d'enthousiasme "T'inquiète, je peux y arriver !" J'esquisse un sourire alors qu'elle se replonge dans son manuel. Après quelques seconde d'intense réflexion, et après avoir constatée l'impasse dans laquelle elle était, elle se retourne en ma direction en arborant toujours son magnifique sourire"Finalement je veux bien un léger coup de main.

- Avec plaisir. Alors qu'est-ce qui te pose problème ?

- Je ne comprend pas les formules avec le cosinus le sinus et...l'autre là.

- La tangente ? OK. Ce sont des valeurs qui servent à calculer des longueurs et des angles dans un triangle. Ici par exemple..." Je lui explique avec toute la pédagogie dont je suis capable les règles basique de la trigonométrie. Petit à petit, l'exercice semble se résoudre de lui-même. Les suivants s'enchaînent, alors qu'Ambre se surprend à réussir seule les derniers problèmes.  C'est ainsi que se poursuivent les cours. Avec patience et plaisir, j'aide Ambre avec plus ou moins de succès à progresser. Le temps passent surprenamment vite, et à seize heure la sonnerie finale finit par retentir. Alors que nous traversons les couloirs pour quitter le lycée, je remarque que des textes sont affichés sur les murs. Je demande à Ambre de s'arrêter pour que je puisse les lire. Ho. Voilà qui est surprenant. J'arque un sourcil. Oui, c'est vraiment fou. Enfin bref, partons d'ici. Allons au parc tiens, on pourra être un peu seul tous les deux. "Ambre ?". Pas de réponse. "Ambre ?". J'entends que sa respiration se fait plus forte et saccadée. J'ai peur de comprendre. Je me remémore le jour où je l'ai vu pleurer devant le portail du lycée. Et je me souviens qu'elle n'a pas voulu me dire pourquoi elle était dans cet état. "Ambre, tu..." Je n'ai absolument aucune idée de comment finir cette phrase. Alors je la laisse en suspens. Ce qui la rend encore pire. Elle me pousse loin des affiches. "Allons au parc. Il y a une dernière chose que je dois te dire."

AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant