Chapitre 12: Mieux vaut être mal accompagné que seul

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Combien de temps somme nous resté là, à pleurer ? Je m'en fout. J'ai l'impression pour la première fois depuis bien trop longtemps de ne pas être seul. J'ai arrêté de pleurer. Pas elle. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Je ne sais pas si je veux le savoir. Mais je ne retiendrais pas mon aide une deuxième fois. Si la vie me donne une seconde chance, que je la mérite ou non, je me dois de la prendre. Je me rapproche d'elle et cherche comment la consoler. Que pourrais je lui dire ? Les mots qui me viennent à l'esprit me semble vide et fade. Je me tiens face à elle. Ses yeux sont rouges à force de pleurer, ses bras laissent apparaître des hématomes, mais également des marques montrant qu'elle avait été attrapée. Par qui ? Comment le savoir. Je ne pense pas qu'elle ait envie d'en parler. Je lui tend la main. Elle lève la tête et me regarde de ses yeux humides. Pendant quelques instants, nous restons comme ça. À la fin d'une dernière et éternelle seconde, elle prend ma main et alors que je prévoyais de la relever, elle me tire à elle et me serre dans ses bras. Je reste ahuris quelques secondes avant d'à mon tour l'étreindre

Le temps n'existe plus. Ce n'est pas une figure de style, ni une quelconque formulation cliché. C'est ce que je ressens. Je pourrais rester là pour l'éternité. Je me sens bien. Dans les bras de cette fille que je connais à peine. La peine. C'est elle qui nous réunit. Elle est toujours souriante. Je suis toujours renfermé. Elle est forte. Je suis faible. Elle est belle. Je suis banale. La douleur, agence de rencontre depuis le début des temps.

Elle a arrêté de pleurer, mais elle m'étreint toujours. Nous finissons par nous relâcher. « Merci ». Ce mot sort de sa bouche, mais j'ai l'impression que c'est moi qui aurais dû le prononcer. Un silence embarrassant s'installe. Je regarde autour de moi. Après quelques instants, je demande « Heu...Tu pourrais me remettre dans mon fauteuil ?
Ah oui désolé ! » Elle rougis. Nous nous mettons en route vers chez moi. Je n'ose pas lui demander pourquoi elle pleurait. Elle si. « Pourquoi est ce que tu pleurais ?
- Je ne sais pas si je veux en parler.
- Je sais tenir les secrets. Et ce n'est pas comme si j'avais quelqu'un à qui le dire.
-.... Ma petite sœur est morte. Dans un accident de bus. Pendant que je l'emmenais à la maternelle. » Je sens des larmes monter. « Elle est morte à l'hôpital. J'étais dans le coma. À mon réveil, mes jambes ne marchait plus, et elle était morte. Je n'ai pas pu aller à l'enterrement, car j'étais encore dans le coma. » Ça y est je pleure. C'est la première fois que je raconte cette histoire. « C'était la première fois que je l'amenais. Elle était tout excité à l'idée de prendre le bus. Tout est allé si vite. Avant de comprendre ce qui ce passe j'étais projeté en l'air et m'écrasait sur le sol. Il y avait du sang partout. Les médecins m'ont dit qu'elle avait tout oublié de l'accident suite à un traumatisme. Pas moi. Je me souviens si clairement de ce moment qu'il pourrait avoir eu lieu hier. » Je lui raconte tout. Mes parents qui m'ont presque abandonné, mes anciens amis qui m'ont massacré. Je lui déballe tout mon cœur, alors que des larmes glisse sur mon visage, et que ma voix se brise de plus en plus. Je termine mon histoire et la regarde. Elle me sourit. « D'accord, mais pourquoi tu pleurais ? Tu devrais avoir passé ça depuis le temps ? Ça fait des années alors pourquoi pleurer maintenant ? Tu ne peux rien y faire de toute façon. » J'ai voulu m'énerver mais je me suis dit que je ne savais toujours pas pourquoi elle pleurait. Donc je lui ai demandé.

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