La douleur trouve toujours un moyen de rentrer dans ta vie. Elle s'insinue doucement ou enfonce la porte de ton inconscient mais elle finit toujours par arriver. La douleur, c'est cette petite voix dans ta tête, qui te fait perdre toute confiance en toi, en les autres.
Finalement c'était simple de te faire fermer ta gueule. Je sais que tu finiras par revenir. Tu reviens toujours. En attendant, tu es bien plus sympathique comme ça. Le petit chien imaginaire à côté de moi grogne d'un air mécontent. C'est un petit Yorkshire, j'ai toujours voulu en avoir un. Je reste encore un peu près de cette eau claire. Je me sens étrangement bien. Je ne laisse pas mes pensées défiler. Je les enfermes dans un coin sombre de ma tête. Elles ont été libres bien trop longtemps. Combien de temps pourrais-je contenir les souvenir assassins ? Pas longtemps. Peu importe. Je savoure ces quelques instant de liberté. Le petit chien à mes côtés pousse un petit cri adorable. Tu as raison Belzy, on devrait rentrer. La nuit va tomber. Pour aller sur le pont, j'ai du partir dans la direction opposé à la maison ce qui signifie que je vais repasser devant le lycée. J'avance tranquillement. Personne ne m'attend. Plus je m'approche du lycée, plus mon petit chien imaginaire devient nerveux. Alors que je passe devant le portail, j'entends des pleurs. Je regarde autour de moi et j'aperçois cette fille, recroquevillée sur elle même, pleurant toutes les larmes de son cœur. À sa vue, mes pensées noires commence à se libérer et revienne courir dans ma tête. Je dois partir d'ici, ne pas la regarder...Si. Je ne fuirai plus. Le petit Yorkshire se transforme en un immense bouledogue alors que la prison des mes souvenirs s'écroule sur elle même. Je me rapproche d'elle.
Je me suis écroulée en sortant du lycée. Mon corps entier me fait souffrir, le poids de la honte m'écrase, me faisant me replier sur moi-même. Les larmes coulent à flot, mon cœur est si serré que j'ai l'impression que je vais en mourir, ma tête me fait mal. Je veux que tout s'arrête. Je ne veux plus vivre. Je veux que ça cesse. Je me rend compte que Mathieu est à côté de moi, ces yeux marrons incrédule sont emplis de tristesse. Je ne veux pas le voir. Je ne veux surtout pas qu'il me vois. Depuis combien de temps est-il là ?
Cela faisait bien une dizaine de minutes que j'étais à côté d'elle. Je ne savais pas quoi dire. Que lui était-il arrivé ? Elle est bien trop forte pour s'être fait tabassée. Comment son sourire avait-il laissé la place aux larmes de désespoir ? J'avais envie de pleurer avec elle, j'avais envie de m'effondrer à ces côtés et de ressentir avec elle tout ce désespoir. Alors j'ai senti des gouttelettes de douleur tremper mes yeux, puis descendre le long de mes joues.
Il pleure aussi. Pourquoi est-ce qu'il pleure ? Je ne veux pas le savoir. Je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais plus rien. La seule chose que j'arrive à voir clairement est son regard impitoyable, ses mains, ses horribles mains accrochant ma poitrine, l'horreur du contact de sa peau contre la mienne, la douleur intense...
Je revois la petite main d'Ambre dans la mienne. Sans Ambre au bout. Le contact avec le goudron, du sang, du sang partout. Des cris, de partout montaient les cris apeurés des passants...
...son souffle chaud sur mon cou, son odeur omniprésente, ma fierté s'arrachant au rythme de ses allers retours, mon cœur se déchirant, mes larmes perlants au coin de mes yeux et alors que mon corps entier me brûlait je n'avais qu'une pensée...
...la douleur insupportable, mon corps incapable, ma tête roulant sur le côté pour me permettre d'apercevoir Ambre dégoulinante de sang, et de voir sa bouche me murmurer avant le trou noir...
...Aide moi.
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Ambre
Teen FictionLes histoires des lycéens sont souvent joyeuses et naïves. Mais pas celle de Mathieu. Après avoir traverser une expérience traumatisante, la vie lui semble hypocrite et cruel. Alors qu'il a arrêté d'essayer d'être heureux, il va rencontrer Ambre, un...