Chapitre 34: Futur passé

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Ambre a terminée son récit. Après avoir appris toutes ces horreurs, je ne savais plus quoi lui dire. J'avais du mal à assimiler toutes ces informations, alors je restais bêtement là, sans un mot. Elle me regardait, me laissant un peu de temps pour me remettre de cette histoire. Une foule de sentiment contraire s'éveillait en moi. De la compassion, de la culpabilité de n'avoir pas remarqué sa propre souffrance, trop effondré sur la mienne. Un peu de colère peut-être, de n'apprendre tout ça que maintenant. De l'impuissance d'être dans l'incapacité de l'aider. Et engloutit profondément au fond de mon subconscient, un sentiment oublié achevait de remonter à la surface. Je n'arrivais pas à le définir. Il me faisait me sentir étrange...Une impression d'un vide qui avait enfin trouvé le moyen de se combler.

Mathieu me regarde, mais semble presque ne plus me voir. Je comprend un peu sa surprise.  Je n'avais jamais parlé de tout ça a personne.J'ai eu très peur de sa réaction, mais je me sens comme libérée après avoir enfin pu en parler. J'ai le sentiment d'avoir enfin avec moi quelqu'un capable de me comprendre, sans me juger. Maintenant, je me sens bien. Oui, bien. Mathieu trouverait sûrement des mots plus compliqués, plus juste peut-être. Mais mes petits mots me suffisent. Enfin, ils me suffisaient. Maintenant, j'ai comme l'impression qu'il me manque quelque chose. J'ai la sensation d'être comme...incomplète. Pourtant, ça m'a toujours allée, la simplicité. Ne pas trop réfléchir aux choses permet de ne pas se rendre compte d'à quel point elles nous font du mal.

C'est à ce moment là, que cherchant désespéramment un échappatoire, mes yeux se  sont concentrés sur la seule chose qui daignait encore leur accorder un regard: Ambre.  Je l'ai vu comme jamais je ne l'avais véritablement vu auparavant. Il me semblait presque découvrir son visage pour la première fois. Je ne trouvais alors plus les mots dans ma tête pour le décrire. Mais juste le fait de la regarder, de m'immerger dans ses yeux clairs, me faisait me sentir bien. C'est à ce moment que dans la foule incohérentes d'émotions qui s'affolaient dans mon crâne, trois mot se sont détachés, se sont imposés: vis pour moi. J'ai compris que je ne la voyait plus à travers le prisme de ma sœur qui mettait un voile sur mes yeux, mais que j'étais parvenu la voir nettement. Comment ? Oh vous trouverez bien la réponse à cette question par vous-même. Moi j'étais trop occupé à explorer chaque recoin de son visage, en essayant de démêler le fil de mes pensées, nœud après nœud.

Voilà maintenant deux minutes que nous nous regardons tous les deux. Jusque là, nous avons gardé le silence. Mais ce n'est pas un de ses silences pesants ou gênants. Non, je dirais plutôt qu'il est...délicieux ? C'est assez étrange...D'un coté je me sens étrangement bien, et de l'autre, j'ai la désagréable impression qu'il me manque quelque chose. Que je suis toute proche d'atteindre... un je-ne-sais-quoi qui m'est vital. Je repense à tout ce qui m'est arrivée depuis tout ce temps. Certains penserait que cette vie est horrible, mais après tout, je peux déjà être heureuse simplement de vivre non ? Je n'aurais que cette vie, alors autant en faire la plus belle que je puisse imaginer...Qu'est-ce que je peux faire pour être heureuse ? Quels sont les ingrédients qui m'ont manqué le plus ? Si je devais tout refaire. Que me faut il pour que ma vie soit belle. Peut-être de la compassion...

J'ai réfléchi à tout ce qui s'est passé. Mais ça, cela faisait bien longtemps que je passait mon temps à y réfléchir. Alors j'ai plutôt décidé de penser à mon avenir. Je n'y avais jusqu'ici pensé que furtivement. J'étais trop aveugle, ou peut-être trop stupide pour me tourner vers lui auparavant, mais là... Je me demandais ce qu'il me faudrait pour être heureux à nouveau. Peut-être me fallait-il de la joie de vivre...

... et une dose d'affection...

... qu'accompagnerait une part de considération...

...avec un soupçon de tendresse...                                                                                                                     

...avec un soupçon de tendresse...

...peut-être une légère touche de chaleur...       

...peut-être une légère touche de chaleur...

...et un peu...

...et un peu...      

...d'amour.

Nous nous sommes regardés dans les yeux une ultime seconde, lisant dans le regard de l'autre tout ce que nous y cherchions. Nous nous sommes rapprochés doucement l'un de l'autre, et fermant chacun nos yeux...

Nous nous sommes embrassées.                                              

AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant