Ambre

Chapitre 21: Là pour toi

Je me cache dans un coin de la cour. Pourquoi est-ce que je m'entête ? Je suis un poids à traîner, un fardeau à porter. Sur tous ceux qui comptaient sur moi, combien veulent encore de moi ? Finalement ce n'est pas tant eux qui m'ont abandonné que moi qui n'est jamais été à la hauteur. Je ne suis pas digne de leur confiance, mais de quoi suis je digne ? Si seulement tout pouvait être comme avant...

Tu me manques tellement ma petite princesse...Je suis tellement désolé, mais ça ne change rien n'est-ce pas ? J'ai si souvent eu envie de te rejoindre là où tu es... Mais est-ce que ce serait ce que tu veux ? Pourquoi est-ce que tu voudrais me voir ? C'est à cause de moi. Tout ça est de ma faute. Tu es morte. J'arrive à peine à l'admettre. Chaque matin je m'attend à ce que tu débarque dans ma chambre pour me réveiller. J'ai l'impression que ton rire résonne encore entre les murs de ton ancienne chambre. Tu es morte. Tu es morte et enterrée. Tu ne m'as même pas attendu pour partir. Ils t'ont mis en terre alors que j'étais dans le coma. Des gens qui connaissaient à peine ton existence t'on payés leurs hommages, offrant des condoléances froides et plates à nos parents, alors que moi, ton frère, je n'étais même pas là. Je dormais. Je t'ai envoyé à la mort, et lorsque que tu nous à définitivement quitté, je dormais. Comment est-ce je pouvais dormir ?! Si j'avais été là pour toi, peut-être que...peut-être que... 

« Pourquoi tu pleure ? » J'ouvre les yeux et vois ma petite sœur, Ambre devant moi. « Ça y est je suis fou. « Dis moi grand frère, pourquoi tu es triste ? C'est à cause de moi ?
- Non princesse, ce n'est pas de ta faute. C'est de la mienne.
- Tu t'es pas disputé avec Alice ?
- Non, arrête de t'inquiéter.
- Heureusement ! Parce que je l'aime bien moi, Alice. Elle est gentille.
- Tu trouve qu'elle est gentille ?
- Oui elle est super gentille avec moi ! En plus elle est trop jolie, on dirait une princesse Visney !  »

Sa phrase est suivie d'un instant de silence. Je contemple quelques secondes le pur fruit de mon imagination qui se trouve devant moi. Au bout de cet instant, la question qui me brûle les lèvres parvient à sortir de ma bouche. "Où est-tu maintenant ?" son expression innocente et angélique change tout d'un coup. Son sourire devient terrifiant. «Moi ? Je suis morte, tu l'as oublié ? Tu m'as tuée. Tu m'as tuée et tu m'a abandonnée. Je te faisais confiance. » Son visage se défigure, sa chair se décompose, ses orbites se vident « Regarde ce que tu as fais de moi. Tu pense que je suis bien là où je suis !? Six pieds sous terre ! » Je n'arrive pas à décrocher mes yeux des restes de ma sœur. Ce n'est pas réel, j'hallucine, je suis fou...  « Tu penses que tu es fou ? À ton avis grand frère, lequel de nous deux à le plus souffert ? Tu crois que perdre tes jambes à quelque chose à voir avec la souffrance que j'ai enduré à l'hôpital ? Est-ce que tu as senti l'entièreté de ton petit corps d'enfant mourir à petit feu ? As tu ressenti l'effet d'avoir tous ses os réduit en bouillie ? » Elle s'avance vers moi, son corps en pleine putréfaction. « Tu penses que ta douleur t'a rendu fou ? Alors imagine ce que moi je suis devenu ! » Je veux crier, mais je n'y arrive même plus. Je suis tétanisée. « Tu l'as dit, ce n'est pas de ma faute. C'est de la tienne. »

Elle me regarde de son absence oculaire pendant encore un instant, pénétrant jusqu'au plus profond de mon âme. Puis elle me tourne le dos, et disparaît dans la foule. Je recommence à pleurer. Des images remontent par centaines dans ma tête. Son sourire, son rire, ses pleurs et ses caprices. Son enthousiasme, sa bonne humeur, sa tête de mule et son refus d'avoir tort. Sa chambre, ses jouets, son lit d'hôpital et sa tombe. Les souvenirs tourbillonnent dans ma tête détruisant tout sur leur passage. Avant qu'ils ne puissent m'achever, des bras m'enlace. Ils semblent réel pourtant. Alice m'étreint, ses longs cheveux roses descendants sur son dos. « Ne pleure pas. Je suis là pour toi. »