3. Pensées nocturnes

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L'ancien quartier général du Bataillon d'exploration était en fait un immense château laissé à l'abandon. Il trônait fièrement au milieu d'une belle prairie verdoyante, non loin d'une forêt dense. L'endroit parfait pour entrainer un garçon-titan à l'abri des regards.

Lorsque le Caporal ouvrit les deux grandes portes boisées, je secouai la tête avec une moue dégoûtée. Une odeur de renfermé et d'humidité vint me chatouiller les narines, et je réprimai une grande envie d'éternuer. Livai ne sembla pas apprécier non plus, mais ne le montra pas. Il se tourna vers le reste de l'escouade et lança :

- Bon, il faut nettoyer ce trou puant, alors au boulot !

A peine arrivés, nous avions déjà des balais et des serpillères entre les mains. Je fus assignée à l'aile Est avec Gunther. Je l'avais déjà aperçu à plusieurs reprises mais nous n'avions jamais réellement eu l'occasion de discuter. L'homme n'était pas très causant, mais plutôt sympathique, et je pus même échanger avec lui au sujet des meilleurs vins de la capitale. Ce n'était pas le genre de discussion que l'on pouvait avoir avec n'importe qui, le vin n'étant que très peu accessible au sein des murs. En tant que membre des Brigades spéciales, j'avais eu plusieurs fois l'occasion d'en boire, et Gunther, lui, avait simplement participé au marché noir. C'était quelque chose d'habituel pour ceux qui n'habitaient pas à la capitale, les ressources étaient parfois bien trop faibles. Certains s'adonnaient donc à des échangent douteux. Et je n'osais même pas imaginer ce qu'il se passait dans la ville sous-terraine.

Lorsque nous eûmes fini l'aile Est, Livai vint inspecter le résultat de notre après-midi entière de labeur. Il inspecta chaque rainure, chaque coin, émettant des petits grognements insatisfaits. Comme me l'avait prédit Gunther, les moindres détails furent passés au peigne fin par le Caporal, et nous dûmes recommencer le ménage à certains endroits.

Lorsque je pus enfin aller me coucher, je m'effondrai sur mon lit et m'endormis aussitôt, sans enlever mes vêtements. La demi-journée de cheval et l'autre demi-journée de ménage m'avaient achevée.

Le lendemain, la matinée fut également consacrée au nettoyage. Je pestais en mouillant mon balais à serpillère, mes grommèlements résonnant dans les grandes salles aux plafonds hauts. Je ne m'étais pas engagée dans le Bataillon d'exploration pour retaper un château. Je commençais enfin à comprendre ce que m'avait dit Hanji à propos du Caporal et la propreté. Il n'était pas maniaque, mais complètement dérangé. Nous perdions du temps sur l'entrainement d'Eren, et j'avais cru comprendre qu'une première mission nous attendait très bientôt.

- Tu t'en sors, Kiara ? demanda Petra qui m'entendait me plaindre depuis 7h du matin.

- Non, bougonnai-je.

- Tu sais... On s'y habitue au bout d'un moment.

- Ah ouais ? C'est marrant, j'en suis pas si sûre.

- Au-delà de ça, le Caporal est vraiment quelqu'un de bien, tu finiras par le voir !

Je levai un sourcil railleur et levai les yeux au ciel. Petra rit doucement et replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. J'avais très vite compris l'admiration que la jeune femme vouait au Caporal. Elle l'écoutait toujours parler avec une attention hors du commun, et semblait avoir un grand respect pour lui. J'avais même parfois l'impression qu'il y avait quelque chose d'autre, mais elle ne semblait pas être prête à l'admettre.

Quand l'entrainement d'Eren pu enfin commencer, j'eus l'occasion de me reposer un peu. Mon dos me faisait souffrir à force d'être pliée en deux pour effectuer des tâches ménagères, et mes mains étaient presque devenues caleuses au contact des produits d'entretien.

La rose et le sabre (Livaï X Oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant