33. Prise de risque

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Je fus réveillée aux aurores par Reiner, qui me secoua doucement.

- Il faut y aller, Kiara, dit-il.

Je me redressai difficilement et clignai des yeux pour m'habituer à la lumière du jour. Mon corps tout entier était ankylosé et chaque mouvement était une épreuve. Je n'avais pas l'impression d'avoir des os cassés mais j'étais couverte d'hématomes et la nuit passée couchée dans l'herbe n'avait pas arrangé les choses.

Je refusai la main tendue de Reiner et me relevai en tanguant. Mes vêtements étaient légèrement humides à cause de la rosée du matin et je frissonnai en grimaçant.

- Ne t'en fais pas, tu seras mieux lotie une fois arrivée à Mahr, m'indiqua Sieg.

- Je n'ai toujours pas accepté de vous suivre.

- Mais personne ne te demande ton avis, rétorqua-t-il. Et puis, pense à ce qui va t'arriver. Avec nous, tu reviendras en héroïne. Alors qu'ici tu es une paria. Personne ne te reconnais à ta juste valeur, pourtant tu es quelqu'un d'important.

- Mais je ne veux pas être quelqu'un d'important.

Sieg pouffa et me lança un regard suffisant.

- Tout le monde veut être important. Ne te mens pas à toi-même. Chez nous, tu seras choyée, alors que tout ce qui t'attend ici c'est une vie morose et une mort prématurée.

Je repensai à mon jugement qui approchait. Si je retournai à Mithras, Zackley m'attendait de pied ferme, et ma sanction risquait d'être salée. Mais en même temps, je ne voulais pas suivre Sieg, ni retrouver mon père. Aller à Mahr signifiait passer du côté de nos persécuteurs, ceux qui nous avaient envoyés des hordes de titans et avaient détruit des vies. Cependant, une sorte de curiosité malsaine m'animait et les récits de Sieg m'intriguaient grandement. Je voulais voir à quoi ressemblait cette civilisation moderne, et à quoi ressemblait ce pays. Durant des années, j'avais cru que le peuple des murs était tout ce qu'il restait de l'humanité. Et voilà que l'on m'apprenait que mon existence reposait sur un mensonge.

Pieck me lia les mains dans le dos et je me laissai faire en serrant les dents. J'étais face à trois titans primordiaux. Mes chances de survie en cas de fuite étaient donc très réduites. Me débattre était donc complètement inutile. Il fallait que je trouve un autre stratagème pour leur fausser compagnie.

Mes pensées allèrent vers mes amis.

Que font-ils en ce moment ? Ont-ils enterré Armin ? Et qu'est-il advenu d'Hanji et Erwin ? Et comment va Livai ? Pense-t-il à moi ?

Être dans l'ignorance la plus totale me rendait folle. Mais pour le moment, je ne pouvais rien faire.

- Nous serons au port en fin de journée, déclara Sieg. Pieck va nous transporter.

Comme pour répondre à ces mots, cette dernière s'entailla la main et se transforma aussitôt en titan dans une détonation assourdissante. Je frissonnai de dégoût en voyant sa mâchoire difforme et sa carrure inquiétante. Tout me mettait mal à l'aise chez elle.

Reiner me saisit par les hanches et me hissa sur le dos de Pieck. Puis il monta à ma suite avec Sieg et le titan s'ébranla.

Nous voyageâmes pendant environ trois heures dans le silence le plus total. J'avais beau chercher, aucun échappatoire ne me venait en tête. Attachée comme je l'étais, je ne pouvais vraiment rien tenter. Je ne pus m'empêcher de penser à Eren, et au fait qu'il n'aurait jamais laissé personne m'enlever.

Alors pourquoi n'est-il toujours pas là pour me sauver ? Peut-être que tout le monde me croit morte.

Je serrai les dents, et lâchai un juron. Je n'avais plus vraiment le choix. Le lendemain, je serai à Mahr, et je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait.

La rose et le sabre (Livaï X Oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant