20. Tête-à-tête

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Lorsque je rejoignis Armin, j'avais encore les yeux rouges. J'étais incapable de réfléchir normalement ou de trouver une solution.

Mes amis vont mourir... Mes amis vont mourir... Et je ne peux rien faire pour empêcher ça.

J'étais saisie de tremblement incontrôlables, complètement écœurée par la situation. Quoi que je fasse, j'avais perdu. Kenny et les Brigades Spéciales avaient le dessus sur nous.

« Nous » ?

Mais qui je servais exactement ? Comment avais-je pu atteindre ce point de non-retour ?

- Kiara, tu vas bien ? demanda timidement Armin.

- Oui, je... J'avais besoin d'être un peu seule.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu veux en parler ?

Je secouai la tête et me mordis la lèvre pour empêcher un nouveau sanglot de surgir. Je ne m'étais jamais sentie aussi faible qu'à cet instant-même.

- Je crois que c'est la première fois que je te vois pleurer, murmura Armin.

- N'en rajoute pas, répondis-je sèchement.

- Oh, ne t'énerves pas Kiara, je ne voulais pas...

- Lâche-moi !

Je m'étais levée et lui faisais face les poings serrés. Mon ami me dévisagea sans comprendre. Je perdais déjà la tête, je m'en prenais aux mauvaises personnes.

- Excuse-moi... Je ne veux pas en parler, c'est tout, alors laisse-moi.

Armin hocha frénétiquement la tête et reporta son regard embué sur la cime d'un arbre. Je m'en voulais de lui avoir parlé de la sorte, mais sa gentillesse me tuait.

Une longue heure de silence suivit, ponctuée par le bruissement de la forêt. Kenny avait dit qu'il nous laisserait une nuit de répit, et je savais qu'il disait la vérité. Il n'y avait donc pas vraiment de raison de s'inquiéter.

- Allez-vous reposer, on change ! lança la voix de Livai derrière nous.

Armin se leva sans un mot, mais je ne bougeai pas.

- T'es sourde, Fring ? Bouge de là !

- Je ne suis pas fatiguée.

- Ouais, ouais, je la connais celle-là.

Le bruit de ses pas se rapprocha de moi et il s'immobilisa à mon niveau.

- Ne m'oblige pas à te trainer là-bas de force.

Je levai un visage dénué d'émotions vers lui et répétai :

- Je ne suis pas fatiguée.

Livai leva un sourcil, et s'assit à mes côtés en me transperçant du regard. Je fixai un point dans l'obscurité et me remis à tailler un morceau de bois à l'aide de ma dague. Le vent s'immisça dans mes cheveux et fit bruisser nos capes dans ce silence pesant. Puis enfin, le Caporal demanda :

- Bon, tu comptes me dire ce qui t'arrive ou pas ?

- De quoi vous parlez ?

- Me prends pas pour un con, Kiara, ça fait un moment que je te côtoie. Tu tires souvent la gueule, mais là y'a quelque chose en plus que je saurais pas expliquer.

- Quel observateur, raillai-je en tournant la tête pour éviter son regard.

Il saisit alors mon menton et le tourna vers lui. Je ressentis une décharge me parcourir lorsque ses yeux inquisiteurs se plantèrent dans les miens.

La rose et le sabre (Livaï X Oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant