15. Les excuses du Caporal

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Etendue dans l'herbe, je fermai les yeux, laissant la brise caresser mon visage avec délicatesse. Le bourdonnement de quelques abeilles me parvenait, et le chant des oiseaux s'ajoutait gaiement au bruissement de l'herbe. J'avais besoin de cette quiétude après deux semaines enfermée dans l'hôpital de Trost. Un petit patio dans l'enceinte du bâtiment permettait aux personnes en convalescence de se reposer à la lumière directe du soleil. Et je ne comptais pas revenir à ma chambre de sitôt. Je m'étirai et poussai un soupir d'aise. La grosse blessure sur mon côté gauche ne me faisait plus autant souffrir, mais je devais rester vigilante. La cicatrisation prenait plus de temps que prévu. La plaie ouverte avait laissé place à une grande cicatrice rosée aux contours violacés, et j'évitais soigneusement de la regarder tant je la trouvais laide. Mon corps portait le fardeau du bataillon d'exploration et représentait le sacrifice des soldats qui osaient s'aventurer à l'extérieur. Mais elle portait surtout les mensonges d'Erwin et Livai, que j'étais incapable de pardonner. Découvrir que j'étais née à l'extérieur des murs ne nous avait rien apporté. Bertolt et Reiner semblaient savoir qui j'étais, sûrement via mon père, mais je n'avais aucun souvenir de ma vie d'avant. Erwin avait pensé que j'en saurais plus et que j'avais caché des choses sur mes origines, et pourtant il n'en était rien. Et je me retrouvais balafrée pour rien. Je n'avais été qu'un pion dans le gigantesque échiquier qu'était la stratégie du major pour découvrir la vérité sur les titans.

- Tu vas finir rouge si tu restes au soleil comme ça, fit une voix derrière moi.

Un bruissement à mes côté me signifia que la personne venait de s'assoir à côté de moi.

- Je ne suis pas à ça près, rétorquai-je en ouvrant doucement les yeux pour voir mon interlocuteur.

Eren était assis, appuyé sur ses deux bras et profitait du petit vent avec un sourire. Son air détaché et son beau visage orienté vers le ciel lui donnait un air de demi-dieu et je ne pus m'empêcher de lui effleurer la joue en tendant mon bras. Il me lança un regard interrogateur et je lui répondis :

- Rien, je suis heureuse que tu sois toujours en vie.

- Ouais, mais toi t'as plus intérêt à nous faire des coups pareils ! Quand je pense que tu m'as demandé de te laisser au milieu des titans...

- Si t'avais pas eu ce pouvoir pour commander les titans, on serait morts tu sais. Pour moi à ce moment c'était foupoudav.

- C'est jamais foupoudav avec moi ! s'exclama-t-il avec un air fier.

Je fus secouée d'un petit rire mais grimaçai en sentant ma cicatrice se tendre, et posai ma main sur la peau encore sensible.

- Tu devrais pas faire l'idiote comme ça si tu veux guérir, me lança une voix reconnaissable entre mille.

Je me redressai sur un bras avec lassitude. Je n'avais vraiment pas envie de le voir, ni de lui parler. Pourquoi fallait-il toujours qu'il vienne gâcher mes moments de quiétude ?

- Eren, laisse-nous, tu veux ? dit Livai sur un ton autoritaire.

- Mais je suis venu ici juste pour la voir !

- Tu la verras plus tard, je dois lui parler alors déguerpis, le mioche.

Eren n'insista pas et se leva. Il ébouriffa mes cheveux en passant et quitta le patio. Le silence revint. Je ne pouvais pas voir le Caporal puisque je lui tournais le dos, et je ne comptais pas me lever pour le saluer. Il se décida enfin à venir se placer face à moi. Je lui lançai un regard glacial et serrai les dents.

- Que me vaut l'honneur de votre visite mon Caporal ? demandai-je sur un ton cynique.

- Je voulais qu'on discute un peu toi et moi, après ce qu'il s'est passé.

La rose et le sabre (Livaï X Oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant