8. Mise en garde

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Erwin posa une tasse de thé fumant devant moi et se rassit. J'observai la légère fumée s'élever dans les airs et onduler doucement avant de se disperser. La tension était palpable dans la pièce, et j'avais croisé mes bras dans une position d'attente. Le major m'avait convoquée dans son bureau pour me parler, et je ne savais pas exactement ce que j'espérais de cette entrevue. J'avais à la fois envie qu'il me demande de rester dans le Bataillon d'exploration, et à la fois envie qu'il me demande de le quitter.

Livai s'assit un peu en retrait et posa son regard froid sur moi. J'eus le reflexe de baisser les yeux. Cet homme me mettait mal à l'aise, comme si ses yeux voyaient à travers mes vêtements. Je bus une gorgée de ma tasse de thé pour me donner une consistance en regardant un point fixe sur le bureau du major.

- Bon, maintenant que nous sommes tous là, on peut enfin commencer, dit Erwin sur un ton grave.

- Vous me faites peur, major, répondis-je avec un demi-sourire.

- Il n'y a pas de quoi, je te rassure.

Erwin se racla la gorge pour s'éclaircir la voix.

- Comme tu as pu le constater, l'escouade tactique n'est plus.

- En effet.

- Nous avons perdu quelques-uns de nos meilleurs soldats.

L'image de mes compagnons d'armes ensanglantés revint à ma mémoire et je déglutis en détournant le regard brièvement.

- J'ai demandé à Livai de réfléchir à une nouvelle équipe. Ce n'est pas pour tout de suite, le temps de faire une sélection, mais j'aimerais que tu en fasses partie.

Je fronçai les sourcils et dévisageai le major sans comprendre. Il avait planté ses yeux clairs dans les miens et affichait un air convaincu.

- Monsieur, je... Je vous avoue que je ne comprends pas vraiment votre demande. Je ne suis pas sûre que le Caporal Livai ait vraiment envie de repartir en excursion avec moi.

- Ça tu peux le dire, intervint l'intéressé sans sourciller.

Erwin soupira et reprit en fixant Livai :

- Livai est sous mon commandement, et il a pleinement conscience de mon autorité et ne contestera pas mes ordres.

- Vraiment ? fis-je en toisant le Caporal avec arrogance.

- Oui, Vraiment. Alors, qu'est-ce que tu en dis ?

Je pris quelques secondes pour réfléchir. Je préférais évidemment rester auprès du Bataillon et de mes amis, mais cette proposition sonnait étrangement faux. J'étais, certes, douée, mais d'autres soldats pouvaient tout aussi bien faire l'affaire. Le major semblait cacher quelque-chose mais je n'arrivais pas vraiment à mettre le doigt dessus.

- J'ai été rappelée auprès de mon commandant pour une nouvelle mission, l'informai-je.

- Et penses-tu pouvoir nous rejoindre après cette mission ? demanda Erwin.

- Peut-être.

- Tch, fit Livai en se levant. La question n'est pourtant pas compliquée. Alors arrête de jouer au plus con et réponds.

Je me levai à mon tour dans un mouvement brusque et fis face au Caporal, prête à en découdre.

- Et vous, arrêtez de vous donner un air ténébreux, vous êtes ridicule, répliquai-je sèchement.

Livai ouvrit de grands yeux, puis serra les dents, surpris par la pique que je venais de lui lancer. La tension était montée d'un cran et l'ambiance était devenue électrique. J'entendis Erwin se lever à son tour, mais ne bougeai pas.

La rose et le sabre (Livaï X Oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant