[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX II

Épisode 230 : Dissonance

Je reculai d'un pas, puis de deux, mon regard passant de son cadavre, à sa tête ensanglantée qui gisait à quelques mètres de moi. Je déglutis ensuite, nauséeuse, en croisant ses pupilles sans vie, où la mort venue par surprise lui avait figé une expression de stupeur.

Sieg est mort.

Et c'était impossible de détourner des yeux.

J'en étais paralysée, debout au milieu de cette plaine où les eldiens s'étreignaient, heureux d'être redevenus des hommes.

Sieg était mort et mes plans le concernant ne verrait jamais le jour. Sieg était mort... Et bien qu'il eût été un criminel, une part de moi ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'avait pas mérité cette fin-là.

Et c'était ce qui me faisait fixer sa tête inerte, avec horreur.

Il a dit qu'il m'apporterait son aide et lui aussi, il...

Sa vie avait été prise si soudainement, alors qu'il était en train de me parler. Ce monde, contrairement à son frère, il avait essayé de le sauver à sa manière - bien que sa vision eût été étriquée. Et le responsable de ce meurtre cru, de cette violence inégale, de cette boucherie sans nom, n'était autre que...

- Nau... Sha... ?

Lui.

- Tu es en...

Sa voix se perdit dans un souffle, et chose rare, il n'acheva pas sa phrase.

Il avait compris.

Je relevai lentement mes yeux vers lui, atterrée.

Lorsque nos regards se croisèrent, la petite lueur qui était apparue, sans doute en me voyant revenue à moi, s'évapora. À la place, ses sourcils se froncèrent légèrement, et son œil gauche me fixa sans un mot.

Ses lèvres s'affaissèrent ensuite sous la lourdeur de ses sentiments, car il avait compris que ce qu'il avait fait, je ne l'accepterai pas. Je ne pouvais pas. Pas après avoir essayé de le convaincre tant de fois d'éviter ça.

Ainsi, le devoir d'une épouse aurait été d'aller le voir et de l'aider, car il manquait vraisemblablement de force pour se relever avec toutes ses blessures. Et de l'étreindre comme tous les autres qui se serraient entre eux, puisque la guerre semblait avoir pris fin.

Mais je restais immobile.

Je me sentais juste tellement amère.

En dissonance avec ce monde.

Et en discordance avec tous ces gens autour de moi.

Entre Rivaille qui avait assouvi sa vengeance malgré toutes mes supplications, et Eren qui avait massacré au moins soixante-dix pour cent de l'humanité en nous utilisant comme excuse, plus rien n'avait de sens. Pire : le jugement et la condamnation auraient dû s'abattre sur ce dernier, mais même ça à il avait réussi à s'échapper.

Rien n'était juste et il n'y avait plus rien de juste. La violence, la brutalité, la déshumanisation, l'injustice, le massacre... Chacun avait agi comme il le souhaitait, provoquant des pertes au passage qui n'allaient jamais revenir. Les survivants allaient juste devoir vivre avec.

Alors pourquoi, juste pourquoi devais-je jouer les intéressés ?

Et c'était précisément pour ça que je reculai d'un pas, quand il lâcha sa lame et qu'il mit une main sur le rocher, pour se relever.

Il perçut immédiatement mon réflexe et ce fut à son tour de se figer net. Puis, sans qu'il ne me lâche du regard, je reculai d'un autre pas, et d'encore un autre. Et lorsque je le vis serrer sa mâchoire, je finis par tourner les talons.