Épisode 212 : Absence

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Je ne savais même pas comment j'avais trouvé la soudaine force de me relever d'un coup, alors que mon corps entier m'était endolori et que mon ventre de grossesse ainsi que mon utérus me faisaient des misères. Mais mon esprit avait tout à coup fait abstraction de la douleur et de la lourdeur de mon corps pour me relever et m'élancer vers Yelena.

En quelques mots, elle avait brisé mon mental et elle avait rompu le fil qui m'avait retenu de l'étriper depuis hier. Car ses mots si indifférents et si cruels n'auraient pas pu être plus tranchant qu'un couteau aiguisé.

J'avais tout fait pour l'oublier. J'avais trompé mon esprit, je l'avais induit en erreur pour me forcer à me concentrer sur la situation actuelle. Et elle venait de me cracher au visage le rappel de son existence ainsi que ma perte, et sur un ton si indifférent, si nonchalant que ma tête m'en tourna.

Cinq mois.

Cinq mois avec elle.

Cinq mois intenses ensemble, formant une même et seule personne, cinq mois où j'avais appris à connaître ce petit être grandissant dans mon ventre à travers ses micro-mouvements qui m'avaient provoqué des chatouilles, cinq mois où je m'étais bernée de rêve et d'illusion en m'imaginant un jour avec mes trois enfants et Rivaille, après la guerre.

Cinq mois réduits à néant, devenus poussière, n'existant plus, après ma mort brusque et mon retour parmi les vivants encore plus brutal.

Ces cinq mois, ça avait été ma vie et Yelena prenait ça comme une simple blague, alors qu'elle avait été l'une des responsables du coup d'état.

C'était impardonnable.

Je m'étais alors levée aussi rapidement que mon corps me le permettait, pour m'avancer à grand pas vers elle.

J'entendais des voix m'appeler mais plus rien n'avait de l'importance que cette femme à quelques mètres de moi. Je ne faisais même plus attention à ceux qui s'étaient levés aussi pour essayer de me calmer. Mes yeux ne voyaient qu'elle. Mes oreilles n'entendaient qu'elle aussi.

Et au moment où elle réalisa qu'elle devrait peut-être finalement fuir (fuir où d'ailleurs ? Elle était encerclée !) et qu'elle tenta de se relever, je ne lui laissais aucune échappatoire.

Je lui lançais un autre javelot d'éclairs violacés, inspirée de la détentrice du titan marteau qui faisait apparaître ses armes au creux de sa main et j'avais visé exprès devant elle pour la dissuader de bouger d'un seul putain de pouce.

L'herbe brûla et noircit, et Yelena me fixa avec... Un sourire mi-provocateur-mi-craintif en même temps.

Mais alors que j'étais en train d'arriver devant elle, à deux doigts de lui foutre le poing de sa vie, Onyankopon s'interposa tout à coup devant moi et me prit les avant-bras.

Je lui jetais un regard furieux et voilé par mes larmes.

- Nausha ! Elle cherche juste à semer la pagaille ! Ne l'écoutez pas ! Ne vous fatiguez pas avec elle ! Assez avec la violence ! M'intima-t-il, les yeux affligés.

Je fus prise d'un vertige et je le dévisageais sans comprendre.

- Assez ? Répétais-je d'une voix blanche.

Il hocha rapidement la tête et ses mains se resserrèrent sur mes bras.

- Pourquoi ? Murmurais-je, confuse. Il faut qu'elle paye ce qu'elle a fait... ! C'est... Logique non ? Pour ma mort ! Pour mon bébé ! Pourquoi... Pourquoi je dois subir cette violence et moi j'ai pas le droit de la faire subir aux autres... ? Elle le mérite... ! Elle le mérite, alors pourquoi... ? Tu crois que... Ils se sont dit assez quand ils ont... Ils nous ont...

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant