• M O R T A L I T É •

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À chaque fois que mes missions se terminaient et que je rentrai chez moi, à Mahr, il y avait toujours ce décalage qui frappait, entre ceux que nous avions quitté et ceux que nous allions retrouver.

Les premières années, ce décalage avait été extrêmement rude au moral et sur nos blessures bien trop fraîches quand nous laissions des gens qui avaient encore besoin de nous. Puis après, à force de partir et de revenir, une routine s'était installée entre moi et mes équipes. Et la routine, c'était ce qu'il y avait de plus dangereux : une fois qu'on s'y complaisait, on ne voyait plus le temps passer.

Ni les années défiler.

Nous étions dans une normalité, une boucle que nous avions construite, ne voyant plus les défauts et ce qu'il y avait à améliorer. Et dès fois, on s'y perdait aussi.

Au fur et à mesure, je mettais habituée à mes départs et retours. À mes missions et mes rencontres, loin du continent, loin de ma famille, pour aider des gens que je ne connaissais point. Et à force, j'avais fini par m'y plaire. Cela m'avait permis de nombreuses fois de rester concentrée sur le moment présent plutôt que de ressasser le passé, revivre les cauchemars, culpabiliser pour la femme que j'avais été quand le deuil et la folie m'avaient atteinte.

Dès fois dans mes déplacements, j'y avais souvent perdu la notion de temps.

Les seuls indicateurs qui m'annonçaient que la vie avait suivi son cours, avaient été les enfants réfugiés qui grandissaient, ma Kuchel qui grandissait, mon Sirius qui était à présent un adulte responsable (presque), et les arbres qu'on avait planté.

Mais le temps ne s'arrêtait pas.

L'homme n'était pas immortel.

Et tout ce qu'on fuyait, finissait par nous rattraper.

— Ah ma belle amie ! Enfin de retour ! Si vous saviez l'épave que j'ai été pendant votre abs...

J'arrêtai Alexis en plaçant ma main sur son torse, alors qu'il était venu m'accueillir les bras ouverts.

— Mais bien sûr, répondis-je légèrement, amusée. Comme toutes les autres fois. Mon pauvre, que feriez-vous sans moi dans votre vie ?

Le sourire d'Alexis s'agrandit, coquin.

— Je pleurerai toutes les larmes de mon corps, tous les jours, avec votre photo sous mon oreiller.

Je lui jetai un regard moqueur, en secouant la tête désapprobatrice.

— Mais bien sûr.

Il me fit un clin d'œil espiègle et je le lâchai.

— Blague à part, ne souhaitez-vous pas rester pour le souper ?

— Non merci, m'excusai-je. Je suis juste venue pour informer votre sœur de nos inventaires.

Et je devais avouer, j'avais très hâte de rentrer à la maison.

J'étais revenue il y a quelques heures avec mes volontaires, et maintenant que mon rapport semestriel était fait, je voulais juste aller me doucher, me relaxer et profiter d'un moment seule avant que Kuchel ne rentre de l'école, dès fois accompagnée de Hanji ou Rivaille, voire Sirus quand il était en ville.

— Très bien, répondit mon ami de longue date, déçu. Je vous verrai à la Célébration des Volontaires donc ?

Pour récompenser l'implication de nos troupes qui se déplaçaient aux quatre coins du monde, ignorant les dangers de la distance, de l'inconnu et du climat, Ida avant inauguré depuis deux ans, une grande soirée où mes volontaires étaient invités ainsi que l'escouade Rivaille qui se démenait durement, Rivaille et Hanji bien sûr, mais aussi tout le gratin politique et international.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant