[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX II

Épisode 201 : Le Porte-Parole

Près de deux heures s'étaient écoulées depuis que Keith Shadis m'avait demandé de me mettre en sécurité dans la tour du fort.

En deux heures, la cité qui avait été submergée par la vapeur des titans avait finalement pris feu. En deux heures, le fort avait été envahi par les titans et certains avaient même réussi à entrer. L'escouade de Rivaille nous avait alors prêté main forte, et en combinant leurs forces avec les cadets de Keith Shadis, ils avaient attiré tous les titans vers le fort pour les tuer en même temps avec des lances foudroyantes.

Après avoir rejoint la pièce de la tour qui, avec sa baie vitrée donnait une vue sur Shiganshina, et où Yelena, Onyankopon et d'autres Mercenaires s'étaient réfugiés, Jean était venu solliciter mon aide. Il m'avait demandé si je pouvais gagner du temps en créant une barrière pour se protéger des titans qui grimpaient le premier étage, le temps que tout le monde puisse s'équiper des lances. Dans un ultime effort, j'avais bien sûr accepté.

Et en me mettant au bord de la baie vitrée qui avait fini par se briser en mille morceaux par la pression des titans, j'avais vu Pixis.

Le voir en titan avait été bien plus violent que je ne l'aurais cru et ma gorge s'était tellement serrée de douleur que j'avais commencé à vomir sur le rebord de la fenêtre qui n'était plus. Car Pixis en titan, avait été la dernière chose que j'aurais souhaité voir et me souvenir de lui. Cet homme que j'avais apprécié, qui m'avait aidé... Était devenu un dévoreur d'homme contre son gré.

Pixis... Reposez en paix, que votre prochaine vie soit plus paisible...

Après ça, je m'étais ressaisis et j'avais tenu ma promesse à Jean. Au bord de la fenêtre, j'avais utilisé mes filaments pour détourner leur attention et essayer de les ralentir. Puis, bien vite, nous fûmes envahis par la fumée âcre des lances foudroyantes des soldats qui les annihilèrent tous sans exception, avec l'aide des Pro-Jäger et de Shadis qui exterminèrent ceux qui avaient échappé aux lances.

Les titans finirent par s'évaporer, se réduisant au néant, et j'eus un gros pincement au cœur en réalisant que nous n'aurions même pas les corps de Nile et Pixis pour les funérailles si elles étaient organisées. Leurs tombes seraient vides, et mes pensées se tournèrent vers Marie, ses trois filles et Odil qui allaient devoir traverser ça.

Ils sont putain de morts en titan... La "titanisation" est vraiment le mal du siècle. Non, de l'Histoire. Aussi bien pour les non-eldiens que pour nous.

Le problème des titans réglé, il fallut ensuite faire quelque chose pour les incendies que les avions des Mahrs, Eren et les colossaux avaient provoqué, et j'avais été vite occupée à donner des instructions de premiers secours pour sauver les survivants dans les rues. Sous mes recommandations, les soldats dégagèrent les décombres et refirent un hôpital de fortune en déplaçant des lits, et en allant même en récupérer dans les maisons abandonnées.

Tout ça dura près, voire plus de deux heures. J'avais finalement récupéré mon sac et estimant pouvoir souffler un peu, j'étais retournée dans la salle de la tour où Yelena et ses hommes y étaient toujours, et je m'étais assise à côté de Jean, sur le rebord de la fenêtre, nos jambes dans le vide. Onyankopon était debout à mes côtés. Il avait commencé à me demander comment je me sentais, mais en me regardant, sa phrase s'était finie en suspens.

À vrai dire, je ne ressentais plus rien. J'étais vide émotionnellement. Je regardais l'après-midi se finir dans les ténèbres, la fumée qui avait complètement envahi la ville et l'armée des titans colossaux, qui quittaient lentement Shiganshina.

J'étais en vie.

Et pourtant, j'avais l'impression d'être morte.

Même la présence de Yelena dans la même pièce ne me faisait plus rien, alors que c'était la connasse, l'auteure de mes malheurs. J'étais épuisée, lasse, ma gorge était asséchée, ma tête me tournait, mes joues étaient rouges, mon corps transpirait, mes mèches de cheveux me collaient au visage, et mon regard s'était fixé au loin vers la ville, sans but précis. Mon esprit avait cessé de fonctionner.