Épisode 234 : Le Refuge

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coquillages

Les nuits ne procuraient aucun repos à Rivaille.

Juste de la douleur.

Depuis qu'on avait opéré ses jambes pour retirer des échardes de son équipement dans ses plaies, il peinait à se reposer.

Et contrairement à sa femme (ou ex-femme ? elle avait été très clair qu'elle ne voulait plus avoir affaire à lui), il n'avait pas le luxe d'avoir des antalgiques pour lui épargner les séquelles de l'opération. Non, il sentait chaque partie de son corps le tourmenter, et il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était aussi à cause de ses gènes d'Ackerman devenus inactifs.

La douleur physique avait toujours été plus au moins supportable, que ce soit dans les bidonvilles ou les bataillons. Mais là, il sentait qu'il ne pourrait plus bouger comme avant. Son corps même vivrait avec les séquelles de la guerre.

Ou peut-être qu'il commençait simplement à vieillir, c'était quelque chose qu'il ne pouvait nier non plus.

Mais ses nuits lui rappelaient aussi à quel point la solitude s'était installée dans son cœur.

Allongé dans son lit, il regardait le plafond dans l'obscurité et revivait l'entrevue avec Nausha, deux jours avant. Il avait merdé, encore, et il semblait qu'il merdait toujours quand ça la concernait.

Il ne pouvait pas supporter l'idée qu'elle soit un jouet, un pantin dans les mains de ces riches qui comptaient la manipuler à sa guise alors que c'était la dernière chose qu'elle méritait. Il savait à quel point elle avait souffert et combien en ce moment même elle souffrait – puisque c'était pareil pour lui, et le pire qui pouvait arriver était qu'elle se laisse utiliser de son plein gré.

Mais en y allant pour la retrouver, il l'avait juste perdue.

Et il savait qu'il méritait sa colère. Il aurait dû faire plus attention, il aurait dû attendre un peu plus, il aurait dû être patient. Mais à chaque fois que ça concernait sa sécurité, son impulsivité prenait le dessus, prompt à agir... Parce qu'il avait justement échoué à sa promesse.

Il avait échoué à rester auprès d'elle, il avait échoué à la protéger.

Avait-il été trop avide ?

Fonder une famille et faire son devoir, il avait eu conscience dès le départ que ces deux désirs n'étaient pas compatibles. Et au final, il avait sacrifié l'un pour réaliser l'autre.

Il n'aurait jamais pu tout avoir.

Maintenant... La guerre était finie.

Il était à Mahr, dans un petit appartement presque insalubre, vivant dans le plus grand des secrets.

Il avait respecté ses promesses à tous ses camarades, ses soldats, ses amis morts. Et... C'était tout.

Il n'y avait rien d'autre.

Rien.

La femme qu'il chérissait le haïssait.

Il avait perdu Cecilia.

Et il aurait absolument tout donner pour pouvoir serrer Kuchel dans ses bras, désormais orpheline sur l'Île...

Müller et lui en avaient discuté. Il n'y avait pour l'heure aucun navire embarquable et tous les ports avaient été détruits. Et en ce qui concernait la voie des airs, les bases aériennes avaient été ravagées par le grand terrassement, au nord de Mahr.

Il fallait donc attendre la reconstruction de ces sites, mais ce n'était clairement pas la priorité actuelle. Ainsi, il allait rester indéfiniment à Mahr, sans pouvoir avoir le cœur net que sa gamine allait bien.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant