[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX II

Épisode 193 : Confrontation

En venant à Shiganshina, je m'étais préparée à être confrontée à Yelena ou Frock.

Et la probabilité que je puisse tomber sur Eren, dans un couloir vide, seule avec lui, dans la première dizaine de minutes qui avait suivi notre infiltration dans le fort, avait été de un pour cent.

Car quand on était à la tête d'un mouvement de rébellion d'une ampleur qui avait soulevé tout un pays, on était sans doute planqué dans la tour la plus haute, gardée par des soldats, pour être protégé jusqu'au bout afin d'achever son but final.

Pas assis à une fenêtre du premier étage, regardant à l'extérieur, comme si c'était la chose la plus naturelle à faire après avoir assassiné le Généralissime du pays et une capitaine (qui était revenue d'entre les morts), et emprisonné un commandant, un major, ses anciens amis et un second capitaine.

Je sentis ma poitrine devenir lourde en l'observant et ça serait mentir si je disais que je ne ressentais ni dégoût, ni haine à son égard.

Ils m'ont tué... Ils me l'ont prise... Ils m'ont utilisé comme leurre... Pour le libérer, lui.

Il n'y avait pas plus horrible de se dire que je venais de perdre une partie de moi-même, littéralement une partie de moi-même, pour quelque chose d'aussi... futile.

On avait bandé les yeux de la justice au nom de la guerre et j'en avais subi la lourde conséquence qui faisait trembler tout mon être.

Des bouffées de chaleur vinrent m'envahir à cette pensée et je sentis ma gorge se nouer douloureusement... Avant de faire un pas en arrière. Je voulais tellement que justice soit faite... Je voulais tellement l'insulter de tous les noms aussi, lui et tous les responsables, mais je savais que si je tentais la moindre action contre lui, il me maîtriserait.

En toute honnêteté, à l'instant même où j'avais réalisé qui j'avais devant moi, j'avais pensé à fuir. Pas qu'il me semblait menaçant pourtant, la dernière fois que je l'avais vu c'était il y a plus d'un mois, quand on l'avait rapatrié sur l'Île ; il avait eu cette dégaine négligée avec des cheveux mi-long lâchés, des mèches lui tombant sur les yeux, des poils naissant au menton et au-dessus des lèvres. Mais plus maintenant, il avait attaché ces cheveux en un chignon et s'était rasé la barbe et la moustache, ce qui le rendait bien plus présentable. Et après ce que m'avait raconté Sirus à propos du restaurant, je ne m'attendais pas à voir un Eren calme. Or, ses yeux n'exprimaient ni colère, ni haine, ni ressentiment. Seulement une certaine... Lassitude.

Mais ce qui m'avait donné envie de fuir, c'était l'aura de dureté qu'il dégageait et qui me disait presque « tu ne fais pas le poids contre moi ». Donc peu importe ce qui allait en dégager de notre conversation ou confrontation, il me détruirait.

Parce qu'il en avait les moyens.

Comme pour elle.

Et ça me rendait tellement malade que j'en avais la nausée.

- Les Rosenbaum, commença-t-il, en tournant la tête vers moi et mon attention fut piquée immédiatement au vif. Vous êtes le résultat d'une expérience sur des humains, qui ne vous a pas rendu plus fort. Pas surprenant que toi aussi tu ne pouvais rien faire. Tu restes faible alors qu'on vous a prêté les pouvoirs des titans.

Au moment où il ouvrit la bouche, c'était comme si un sortilège s'était rompu, et je repris mon courage à deux mains en marchant vers lui. Je ne me sentais plus intimidée par ce rapport de force... Parce que je n'avais plus rien à perdre.

Et surtout, je n'avais juste pas le droit d'être intimidée par celui qui me l'avait prise.

Tomber sur lui sans que je ne puisse libérer l'escouade de mon mari avant, était véritablement une catastrophe. Mais je ne pouvais faire marche arrière, je devais continuer d'avancer. Je ne comprenais pas où il voulait en venir en me parlant tout à coup de ma famille (ce qui me rappelait Sieg et comment il avait tenté de me faire tourner en bourrique pour s'approprier mes pouvoirs), mais je n'allais pas me taire non plus et rester à l'écouter comme une imbécile de première après tout le mal qu'il m'avait fait.