Épisode 219 : Le Dernier Soir

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Après les soins de Rivaille, j'avais fini par nettoyer grossièrement mon corps avec une petite bassine d'eau, me rallonger et me rendormir sur le coup, exténuée... Et surtout, désirant taire mes émotions d'une autre manière, puisqu'il ne me laisserait pas facilement prendre des calmants.

Mais à mon réveil, mon mari avait disparu du lit.

Il avait allumé les lumières car la nuit avait fini par tomber à travers le hublot, et il avait mis une couverture sur moi avant de s'éclipser.

Je fus immédiatement alarmée par son absence, car je savais qu'il était encore mal en point.

Ce matin, il avait chancelé en marchant pour me rattraper, alors qu'essayait-il de prouver comme ça ?

Mal réveillée, me sentant plus épuisée qu'autre chose, je m'empressais de quitter le lit. Je ne savais où il était allé, mais je redoutais le pire s'il commençait à déambuler quand il le voulait.

Sans m'attarder plus longtemps je quittais la cabine, non sans prendre avant quelques comprimés d'anti-douleur (moins fort que des injections, Rivaille avait réussi à me faire culpabiliser). Et en voyant les couloirs des compartiments vides, je m'empressais de remonter à la surface, sur le pont.

Je me retrouvais vite envahie par la fraîcheur de la nuit et son obscurité. Je croisais mes bras pour lutter contre le froid et m'avançais sur le pont, pour réaliser que nous étions bientôt arrivés.

Je pouvais percevoir la côte au loin, vaguement éclairée par les lumières du port.

Il avait fallu une journée entière pour traverser la mer et devancer la horde de titans colossaux.

En une journée, combien de gens étaient morts ?

Ma main vint finalement se poser sur mon ventre, et je fixais l'horizon, lugubre.

Combien de bébés sont morts comme elle ? D'enfants ? De mères et de pères qui ont vu leur enfant mourir sous leurs yeux avant de périr aussi ?

Je fermais les yeux, proie à un vertige face à toutes ces questions qui ne trouveraient pas de réponses. Je me torturais l'esprit inutilement, je le savais bien, car je ne pouvais plus rien faire pour les morts.

Ces pensées ravageaient mon esprit, comme un poison dans mes veines. Car je savais bien qu'une fois qu'on aura rattrapé Eren, d'autres de nos compagnons allaient mourir. Peut-être que j'étais la prochaine... Ou Rivaille, qui était loin d'être au meilleur de sa forme.

Mes lèvres tremblèrent en pensant à lui, et inévitablement, à nos enfants.

Ça n'allait jamais l'un sans l'autre.

C'était pourquoi quand il me regardait, il me regardait avec affliction. Et je faisais pareil. À la simple vue de l'autre on se rappelait mutuellement ce qu'on traversait, notre souffrance... Et on allait mourir misérablement aussi (ce que je refusais de tout mon cœur !), en espérant que notre Kuchel survive à ces temps troublés. À la prochaine ère qui allait suivre celle-ci, si on réussissait d'une manière ou d'une autre à arrêter Eren.

Et qu'elle vive un avenir plus radieux que ses parents, avec un peu de chance.

Je fus coupée court dans mes pensées par plusieurs voix masculines qui se firent entendre, plus loin sur le pont.

Je repris mon chemin vers eux, sans m'arrêter cette fois, espérant retrouver Rivaille.

Je serrais des dents et recroisais mes bras sur ma poitrine, parce que diantre, j'avais sous-estimé le froid de la nuit en mer. Et mon manteau, je l'avais utilisé pour essayer d'arrêter l'hémorragie de Jakob...

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant