Épisode 208 : Contrepartie

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Mes oreilles bourdonnèrent tellement que je crus que j'allais finir par perdre connaissance sur lui.

Mon cœur venait de me lâcher.

Des simples mots me faisaient mourir.

Que personne n'avait daigné me dire que Rivaille était dans un état qui ne lui permettait absolument pas de reprendre le combat était une chose. Mais qu'en plus, il fasse partie intégrante de cette alliance car il était le pivot qui arrêterait Sieg ? C'était bien trop.

Plus qu'un arrière-goût amer dans la gorge... J'en étais malade. Même si je savais que Hanji avait sans doute voulu me ménager hier soir, ce que venait de m'avouer Rivaille sonnait comme une annonce de mort.

Je l'avais enfin retrouvé et j'allais le reperdre ?

C'était inenvisageable.

C'était même impensable !

Une telle situation s'était déjà produite de l'exacte même manière avec Erwin. Je l'avais revu dix ans après qu'il m'avait laissé, et l'année où nous nous étions finalement retrouvés et que j'avais commencé à tendre la main vers lui, il s'était volatilisé définitivement. La cause ? Bien que manchot, il avait insisté pour prendre part au combat.

Il était absolument hors de question que ce cauchemar recommence avec mon mari.

Je voulais pleurer dans son torse et ne pas le lâcher. Je voulais me cramponner à lui jusqu'à ce qu'il change d'avis. Je voulais secouer son corps blessé. Mais rien de tout ça n'allait lui refaire revenir sur sa décision. Aveuglé par l'amertume, la haine et la vengeance, ses yeux ne voyaient plus le principal.

Alors la boule au ventre, la gorge nouée, le visage mouillé et enflammé par toutes ces intenses émotions, je lâchais finalement les pans de sa cape.

J'étais consciente avec une immense douleur que même si je le suppliais de ne pas aller arrêter Sieg, il resterait camper sur ses positions. Et si Hanji m'avait peut-être dit qu'il se remettait bien plus vite de ses blessures probablement grâce à ses gènes d'Ackerman, en tant que médecin et épouse, je ne pouvais laisser une telle horreur se produire.

Rivaille a perdu deux doigts déjà... ! Et son visage... Son visage... Est recouvert de bandage... !

Je me redressais sous son regard, en reniflant, avant de le confronter avec la voix éraillée.

- Qui... Q-qui a d-d-décidé de ça...? M-m-m-magath...? C'est lui q-q-q-qui t'as... Qui... Qui t'as... D-d-d-demandé ça h-hein...?

Son œil acier croisa mon regard.

- Nausha...

- Il n'y a p-p-pas de N-n-nausha qui tienne...! J'ai p-p-perdu... Je l'ai p-perdu hier... Et q-quand Frock m'a dit q-q-que tu étais mort... J'ai... J'ai... J'ai voulu mourir...! Tremblais-je en hoquetant toujours comme une enfant. Maintenant que je t'ai r-r-retrouvé... Je dois... Je dois accepter de te... De... De te... Laisser p-p-partir au front comme ça...? Je... Je... Je... Je r-refuse...!

Respire, respire, respire !

Si ses mots m'avaient donné envie de m'enterrer six pieds sous terre il y a quelques minutes, les miens étaient aussi loin de le laisser de marbre. Je le voyais dans la manière dont il avait à me dévisager.

Avec tourment et remords.

Et c'était bien la preuve qu'il m'aimait et qu'il ne voulait pas me faire souffrir par son choix. Sauf que ça aussi c'était inévitable : lui et moi, nous étions une famille, et son choix allait définitivement m'affecter. Mais lui non plus n'allait pas me faire entendre raison.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant