Épisode 188 : Obscurité (POINT DE VUE : RIVAILLE)

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Rivaille détestait la Forêt des Géants.

C'était le lieu qui hantait le plus son esprit, et pour cause, il avait perdu son escouade tactique entre ces immenses arbres il y a quatre ans. Il était passé au-dessus des cadavres de chacun d'entre eux, et il n'avait pas eu d'autre choix que d'avancer pour aller secourir Eren du titan féminin.

Il n'avait pas eu d'autre choix que d'avancer tout court dans sa vie finalement. Énormément de chose s'était passé depuis, il avait expérimenté l'horreur à de nombreuses reprises, à Shiganshina, à Mahr, et à chaque fois qu'il pensait que la prochaine atrocité dont il ferait part ne pourrait être pire que ce qu'il avait déjà vécu, il se trompait. Mais peu importait à quel point la situation était difficile, il continuait, sans abandonner, sans lâcher prise. Laissant son âme se noircir dans les profondeurs monstrueuses, brutales, cruelles, abominables de la guerre.

Trop de gens avaient besoin de lui.

Trop de gens étaient morts pour qu'il s'en sorte, lui, son escouade, et Eren.

Abandonner était devenu une option inacceptable depuis bien longtemps maintenant.

En revenant dans la Forêt des Géants, il ne pensait toutefois pas que ce lieu le hanterait à nouveau. Marcher dans ces grandes herbes, voir ces troncs géants qui l'encerclaient, et les feuillages épais qui cachaient le ciel, le replongeaient dans ce moment terrible où il avait découvert Petra, Ed, Günther, Auruo, morts dans d'atroces souffrances.

Ce moment n'avait été aussi qu'une prémices de la suite : dans cette même forêt, il s'était blessé à la cheville, il n'avait pas pu participé à la capture d'Annie Leondhart et il avait dû laisser Erwin aller seul au front quand Reiner Braun et Berthold Hoover avaient enlevé Eren, ce qui avait valu le bras de son ancien ami. Et la perte de son bras avait précipité Erwin dans la descente aux enfers.

L'ironie du sort avait voulu que dans cette même Forêt, il serait blessé une seconde fois mais il ne le savait pas encore.

Et qu'est-ce qui pouvait bien être pire que tout ce qu'il avait vécu ? La présence de Sieg Jäger qu'il abhorrait par-dessus tout. Si cette maudite forêt lui rappelait la perte de son escouade tactique, composé de jeunes prometteurs qu'il avait personnellement choisi comme compagnon d'arme, le frère d'Eren était un rappel constant de la promesse qu'il n'avait pas encore tenu à Erwin.

Ces deux faits réunis, Rivaille avait passé cinq épouvantables semaines à la belle étoile, d'humeur massacrante. Et c'était sans parler des ronflements de l'autre macaque à côté de lui qui était aussi sonore qu'un porc qui grouine.

Mais une seule chose le retenait de défigurer son sale visage barbu.

Son devoir.

Même s'il n'était pas d'accord avec cette décision, il obéirait aux ordres de Hanji. En toute honnêteté, le soldat qu'il était aurait voulu profiter de ce mois d'après riposte pour continuer à se battre. Ne fallait-il pas battre le fer quand il était encore chaud après tout ? Envahir Mahr aussi précipitamment avait été une horrible idée de la part d'Eren, mais maintenant que les Bataillons avaient ouvert les hostilités, il fallait continuer et finir ce qu'ils avaient commencé.

Sieg et lui étaient au moins d'accord sur un point : ce n'était pas le moment de pique-niquer et de dormir à la belle étoile.

Mais si c'était son devoir qui le retenait de défoncer son captif, il y avait aussi une personne qui l'aidait à tenir le coup dans ce lieu regorgé de mauvais souvenir.

Il n'était pas un surhomme comme beaucoup pensait de lui. Il avait ses forces et ses faiblesses. S'il savait cacher ses faiblesses et toujours aller de l'avant, lui aussi avait besoin de savoir qu'il n'était pas seul dans cette guerre qu'il menait et qu'il mènerait contre le monde entier.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant