Épisode 198 : Cauchemar

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Le titan bestial se tenant sur le mur de Shiganshina, tantôt lançant des jets de pierre sur les avions des Mahrs, tantôt donnant un coup aux aéronefs les plus proches, les envoyant valser en fumée dans un coin de la ville, avait retenu toute mon attention. Et pas dans le bon sens.

Mon corps s'était figé, ne pouvant aller plus loin. Mon cœur, lui, avait tressailli avant d'aller délibérément se noyer dans cet abysse, ce gouffre de douleur sans fin, qui m'aspirait une nouvelle fois de l'intérieur, me laissant suffoquer. Quant à ma conscience et mon cerveau... La première ne voulait pas croire en la situation, et désirait ardemment que cette vue soit un cauchemar, tandis que l'autre s'était mis à l'évidence et me murmurait comme un démon :

« Si Sieg a réussi à s'échapper, c'est que ton mari et ton fils sont morts ».

Mais Sieg était revenu et s'était parallèlement débarrassé de ma famille, réduisant mes espoirs de revoir mon mari et mon fils à quasi zéro. L'ennemi était double, Mahr qui voulait nous détruire une bonne fois pour toute, et Sieg qui voulait Eren pour appliquer son plan d'euthanasie...

Sauf que tout ça n'avait plus aucune importance dans mon esprit.

Mes genoux avaient fini par flancher et étaient tombés par terre. Et ma bouche avait lâché un hurlement d'horreur et de folie. Un hurlement d'une femme qui était à bout de force. Et un hurlement de haine pure, dirigée vers les Pro-Jäger, les Mercenaires, Sieg... Mais aussi vers moi-même.

J'aurais dû aller à Rose.

J'étais en train de devenir aveugle par les larmes brûlantes qui inondaient mon visage, et mon front rencontra le sol, mettant mon corps dans une position courbée, n'ayant aucune force pour ne serait-ce, me redresser.

Je voulais mourir.

J'aurais dû mourir.

Et j'aurais préféré mourir avec elle au lieu de ressusciter.

Le bruit des explosions, des balles, des projectiles faisant effondrer les maisons autour de nous, des cris de douleur, le bruit de la guerre qui se déroulaient juste devant moi, me paraissaient de plus en plus loin. Comment pouvais-je entendre ce boucan quand je n'entendais même plus mes propres pleurs et ma voix qui continuait de hurler, mettant ma gorge en feu ?

Tout ce dont j'arrivais à penser était les moments que j'avais passé avec Sirus et Rivaille. Tous les moments complices avec Sirus qui ne m'avait jamais une seule fois abandonnée après que Erwin avait mit fin à notre relation, ces moments où il avait été le seul à me réconforter, où il avait été mon ami, mon confident, mon enfant, tous ces moments où je ne m'étais pas retrouvée seule car il avait été ma seule et unique famille, et que outre mon désir de devenir médecin, j'avais tenu bon et j'avais combattu ma solitude grâce à lui.

Des années. Et des années. Des années parcourant le chemin rocailleux de la vie, ensemble.

Quel genre de vie, de cauchemar, de réalité, de pays, de monde, était-ce où un enfant mourrait avant sa mère ? Quel genre de salaud avait fait des expérimentations humaines, me permettant de revivre et de revivre dans ce monde insensé, fou et cruel ? Ce monde où la justice s'était perdue et le bon avait été détruit, laissant sa place à des hommes mégalomanes, atteints de folie des grandeurs, faire son travail ?

Ce monde où il n'y avait qu'injustice et souffrance, ou même le désir de vivre était inutile et nargué. Ce monde où même la vengeance, forme personnelle de justice, n'était même pas acceptée ?

On avait même pris mon mari.

Mon corps trembla frénétiquement sous mes sanglots lourds. J'étais en train de suffoquer, assise au sol, j'étouffais, et j'attrapais ma gorge, comme si ça allait tout à coup m'aider à respirer.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant