Épisode 203 : Fantôme

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Je tombais sur les fesses.

Littéralement.

À la vue de cette silhouette que je ne connaissais que trop bien et qui avait vite disparu dans l'ombre de la nuit, j'étais tombée par terre sur les débris, sous le choc.

Je ne me posais pas la question si ce que j'avais vu était réel, et pourtant, j'aurais peut-être dû. La morphine, bien que cela soit extrêmement rare, pouvait donner lieu à des hallucinations, et j'avais subi toutes les épreuves du monde aujourd'hui que je n'avais moi-même plus toute ma tête. Peut-être aussi que ce n'était qu'un rêve et que je dormais, ou alors j'étais morte et que le monde des esprits existait. La réalité n'était pas forcément ce qu'on croyait être réel et elle pouvait être subjective.

Mais à la seconde où j'avais cru apercevoir Hanji, une émotion terrible, redoutable, dangereuse, qui pouvait être un cadeau empoisonné, avait immédiatement repris le dessus. Une émotion qui ne s'était pas fait attendre, s'accrochant désespérément à ce que j'avais vu.

L'espoir.

Mais l'espoir pouvait être à double-tranchant. On pouvait espérer quelque chose et ne jamais l'avoir, on pouvait espérer et tomber dans la désillusion. C'était propre à l'homme de s'accrocher à l'espérance et c'était exactement ce que j'étais en train de faire.

En une journée, je venais de tout perdre. En une journée, on avait arraché mes proches et mon futur, on avait détruit mon rêve et mon désir de retrouver ma famille intacte, on avait volé mes aspirations et on m'avait dit de refaire ma vie et de ne pas me faire remarquer comme une vulgaire souillon, si je ne voulais pas être tuée. Tout avait perdu de son sens, aussi bien mes idéaux de justice et d'égalité que mon désir de vivre.

M'accrocher à cet espoir que la silhouette que j'avais vu soit bien Hanji et pas celle de quelqu'un d'autre, était tout ce qu'il me restait.

Je n'avais plus rien d'autre. 

Et il fallait désormais que je sois sûre, mais je devais échapper aux trois soldats.

Je levais d'ailleurs la tête vers Boris qui s'était agenouillé devant moi et passais sa main devant mes yeux pour voir si je réagissais.

- Vous êtes devenue bien pâle, on croirait que vous avez vu un fantôme...

Je me crispais.

- Les maisons sont abandonnées, trouvez-en une et reposez-vous, me conseilla le brun du nom de Jakob qui remit son manteau. On peut pas faire plus pour vous dans l'actuel état des choses.

- Tu rigoles ? Bougonna Alois. On en a assez fait, dégageons d'ici avant qu'on nous voit. Et vous aussi, disparaissez ! On vous a aidé, mais la prochaine fois que nous routes se recroiseront, y aura pas de traitement de faveur !

Disparaître hein...?

Un pincement douloureux vint me serrer le coeur. C'était tout ce que je pouvais faire dans ce nouveau monde où on avait été clair qu'on n'avait pas besoin de moi.

Alors que je me relevais, on me rendit mon sac et on me tendit une couverture ainsi qu'un panier dont je supposais qu'ils avaient mis de la nourriture. On me remercia ensuite pour le travail que j'avais fait jusqu'à présent, dont soigner leurs familles, mais je ne les écoutais pas.

Ma tête regardait ailleurs.

Mes yeux cherchaient mon espoir.

Ils finirent par me quitter et je mis la sangle du sac à bandoulière autour de mon cou. Je couvris aussi maladroitement ma tête avec la couverture pour me protéger de la fraîcheur de la nuit, et je l'utilisais comme cape ; je ne voulais pas être abordée par les soldats, s'il en restait, qui reconnaîtraient la capitaine du corps. 

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant