Épisode 210 : Feu De Camp

1.5K 144 239
                                    

Pour éviter d'être poursuivi, nous avions immédiatement repris la route lorsque nous fûmes rejoins par les autres soldats et guerriers. Nous nous étions répartis sur deux immenses chariots tirés par deux chevaux de chaque, qui nous transportaient ainsi que le matériel. Et pour davantage de discrétion, on avait délibérément pris le chemin de la forêt qui nous couvrait.

Notre destination ? Le port. Il fallait rattraper la file des titans colossaux et un silence lourd de sens régnait entre nous tous. Personne ne parlait, on entendait seulement les bruits de galop de nos chevaux, le craquement des brindilles, le vent qui se soulevait légèrement en fin d'après-midi et les bruits métalliques des caisses où du matériel militaire et médical était rangé.

J'étais dans le premier chariot avec Onyankopon, Armin Jean, Conny et Rivaille qui était allongé à mes côtés et dormait. Hanji était à la place du cocher et Mikasa et Sirus étaient sur leurs chevaux, nous ouvrant la voie comme éclaireurs.

Quant aux guerriers, aux deux aspirants et Yelena, ils nous suivaient dans la seconde voiture que dirigeait Magath.

Wilfred était le seul qui manquait à l'appel : après avoir mûrement réfléchi, je l'avais renvoyé à Sina. Tout comme moi, notre capacité à tenir dans un équipement tridimensionnel était complètement rouillé (dans mon cas j'étais pire que lui, j'avais perdu la main et mon ventre arrondi ne me le permettait pas), et ce qu'il savait médicalement faire, je pouvais le faire. Je n'avais pas voulu aussi me résigner à l'envoyer à la mort avec nous. Nous allions tous à l'aveuglette arrêter ce massacre, sans savoir ce qui nous attendait. Je ne voulais pas perdre un autre de mes protégés, j'en avais déjà assez perdu.

Je lui avais alors confié les lettres de Nile et Pixis. Ces lettres étaient importantes, les perdre au front était impensable et je voulais qu'elles soient en mains sûres auprès de lui et de Faustina. Car en l'absence d'Historia qui s'était retirée de la scène politique, ces notes de legs avaient une telle valeur juridique qu'elles décidaient de qui aller gouverner le pays. Ainsi, même si nous échouions à arrêter Eren, j'avais en possession des cartes pour reprendre le contrôle sur Frock et les Pro-Jäger grâce à mes deux amis morts au combat... En titans. Mais en héros aussi.

Les Pro-Jäger-du-panier-de-la-merde avaient voulu libérer le peuple d'Eldia en l'emprisonnant dans une dictature.

Les gens n'allaient voir que du feu au début, trop heureux de goûter à leur nouvelle liberté.

Mais quand les bavures allaient s'enchaîner (et je repensais à Frock qui avait assassiné ce mercenaire parce qu'il avait refusé de se ranger de son côté), les gens se réveilleront et chercheront un nouveau dirigeant. C'était dans la nature humaine. Rien n'était immuable, et le crime commis se faisait toujours payer.

Ainsi, si je ne revenais pas indemne, Faustina prendrait ma place, épaulée par Wilfred qui serait son égal. Cette femme était peut-être une grognasse sur les bords mais elle avait assez de jugeote et de caractère pour faire ce qui lui paraissait bien pour son pays. En ce sens, elle ressemblait à Zackley. Mais lorsqu'elle héritera de ma place, elle héritera aussi des brigades spéciales et de la garnison. Il fallait que cela se sache et c'était pour quoi j'avais renvoyé Wiflred... Même si dans ce nouvel empire, les corps de l'armée étaient devenus obsolètes et avaient été remplacés par les Pro-Jäger qui désiraient avoir un contrôle total.

Je me tournais vers Rivaille dont sa tête se reposait à côté de mes genoux. Je levais ma main et vins caresser doucement sa frange noire pour la mettre sur le côté. J'avais besoin de le toucher. De sentir sa chaleur corporelle, même si ce n'était qu'au contact du bout de mes doigts. Ça me confirmait qu'il était bien en vie, et après avoir été pendant des semaines séparée de lui, le toucher était ma seule consolation.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant